"Les États-Unis ont puni le Premier ministre pakistanais pour n’avoir pas annulé sa visite à Moscou", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères.
« Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont fait pression sur Imran Khan pour qu’il annule sa visite en Russie au mois de février », a-t-on appris du ministère russe des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « Donald Lu, secrétaire d’État adjoint aux affaires de l’Asie du Sud et de l’Asie centrale, a convoqué l’ambassadeur du Pakistan à Washington pour réclamer l’annulation rapide de la visite du Premier ministre pakistanais en Russie. »
Selon le communiqué, le mauvais déroulement des choses après le déplacement du Premier ministre pakistanais en Russie montre que les États-Unis ont décidé de le punir en raison de sa désobéissance. D’où le vote d’une motion de censure à son encontre.
« Il s’agit d’une tentative honteuse de s’ingérer dans les affaires d’un pays indépendant de la part des États-Unis afin d’accéder à leurs objectifs arrogants », ajoute le communiqué de la diplomatie russe.
Trace de Washington dans les tumultes politiques du Pakistan
Les ingérences des États-Unis au Pakistan ont jusqu’ici défié plusieurs gouvernements à Islamabad. Le Pakistan, peuplé de 220 millions d’habitants, est un pays d’Asie du Sud entourée par l’Iran, l’Afghanistan, la Chine et l’Inde. C’est le deuxième pays musulman le plus peuplé du monde. En plus de posséder des armes nucléaires, le Pakistan bénéficie d’une géographie stratégiquement importante.
Le Pakistan est aux prises avec l’instabilité et les coups d’État militaires depuis sa création il y a 75 ans. À présent, l’arène politique pakistanaise est constituée d’un parlement dissous, d’un cabinet limogé et d’un Premier ministre par intérim.
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Les relations entre le Pakistan et les États-Unis sont marquées des troubles depuis des années, mais Washington a toujours su gérer ses relations avec le Pakistan en raison de son arsenal d’armes nucléaires. Les relations pakistano-américaines se sont dégradées après le meurtre d’Oussama ben Laden en 2011.
Cependant, le Pakistan s’est même éloigné davantage des États-Unis, sous le mandat d’Imran Khan, notamment après le retrait US d’Afghanistan. Islamabad a ensuite mis à son ordre du jour un partenariat stratégique avec la Chine et des liens plus étroits avec la Russie ; une initiative qui n’a pas plu aux États-Unis.
Bien que les responsables américains aient, jusqu’à présent, rejeté les propos d’Imran Khan sur l’existence d’un complot visant à l’évincer d’une manière ou d’une autre, le contexte historique des ingérences américaines dans la politique pakistanaise laisse toutefois constater de fortes traces de réalité dans ce que dit le Premier ministre pakistanais.
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Une série de désaccords entre Imran Khan et l’armée pakistanaise ont poussé cette dernière à retirer son soutien au Premier ministre. Il est à noter que tout au long de l’histoire du Pakistan, l’armée était en mesure de tracer les priorités du pays en matière de politique étrangère et de sécurité.
Le bras de fer entre l’armée et Imran Khan s’est manifesté plus que jamais à travers les tentatives du Premier ministre pakistanais de prendre ses distances avec les États-Unis. Bien que l’armée se dise « neutre » dans la crise politique actuelle, il n’est pas très difficile à remarquer que les États-Unis manipulent la politique pakistanaise par l’armée interposée, car les crises et les défis avec lesquels ils sont aux prises les empêchent d’intervenir directement au Pakistan.
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Il paraît que les tendances antiaméricaines d’Imran Khan, qui s’étaient manifestées par certaines de ses décisions telles que le « non » au transfert de la base américaine au Pakistan après le retrait des USA d’Afghanistan et l’absence de toute réaction aux opérations russes en Ukraine, ont poussé Washington à prendre un pas concret vers sa destitution.