L'Iran a une fois de plus exclu toute perspective de conclure un accord intérimaire avec les États-Unis à Vienne, soulignant qu'un tel accord reviendrait à ne pas garantir ses intérêts. Biden cherche-t-il à piéger l'Iran?
Les spéculations sur un accord intérimaire ont refait surface aux négociations de Vienne. Samedi, NBC News a rapporté que la Russie avait proposé à l'Iran un accord intérimaire à la connaissance des États-Unis qui verrait l'Iran réduire certaines de ses activités nucléaires en échange d'un allégement limité des sanctions.
Selon NBC News, l'accord proposé stipule que l'Iran cesse d'enrichir l'uranium jusqu'à 60 % et impose des restrictions sur l'enrichissement à 20 % et ses centrifugeuses avancées. En échange, l'Iran recevrait quelque 10 milliards de dollars d'allègement des sanctions sur les avoirs non gelés en Corée du Sud, au Japon et en Irak. L'accord avait une durée de six mois, avec la possibilité de le prolonger après son expiration, a affirmé NBC News. L'Iran a catégoriquement rejeté la proposition. « L'Iran cherche un accord fiable mais aussi durable qui soit conforme aux promesses faites dans le Plan global d’action commun (PGAC), et tout accord qui ne répond pas à ces deux critères n'est pas à l'ordre du jour de Téhéran », a annoncé NBC News citant le communiqué du vendredi 21 janvier de la mission iranienne aux Nations unies.
« Pour l'instant, la question d'un accord intérimaire dans les pourparlers de Vienne n'a pas été soulevée et la délégation iranienne se concentre sur la réalisation d'un accord stable et définitif », a déclaré samedi une source proche des pourparlers de Vienne.
Au cours des dernières semaines, les responsables iraniens ont à plusieurs reprises écarté la possibilité d'accepter un accord intérimaire lors des pourparlers de Vienne.
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Au lieu de prendre des mesures concrètes pour débloquer les pourparlers, c’est la première fois que les pays occidentaux utilisent le mot-clé "accord intérimaire" à côté d'autres tels que "délai", "temps d’évasion", "urgence dans les négociations" et "retour simultanée au PGAC" pour déclencher une campagne d’intoxication dans cette conjoncture où des pourparlers se déroulent à Vienne.
Par exemple, Reuters a rapporté vendredi que la Chine avait déchargé près de quatre millions de barils de pétrole brut iranien dans des réservoirs de réserve d'État dans la ville portuaire méridionale de Zhanjiang au cours des dernières semaines.
Le samedi 8 janvier, le vice-président iranien aux affaires parlementaires, Mohammad Hosseini, a déclaré que les exportations du pétrole étaient ont augmenté et que les ressources en devises de l'Iran s’étaient améliorées et que les affaires étaient en plein essor.
"À partir de la mi-février, le volume de la vente du pétrole iranien atteindra au niveau d'avant les sanctions", s’est-il réjoui. Les parties occidentales cherchent à éliminer les leviers de pression sur l’Iran ou les alléger pour pouvoir se soustraire à la responsabilité de lever entièrement des sanctions. Du point de vue occidental, "l'accord temporaire" est le mécanisme par lequel cet objectif peut être réalisé. En outre, les campagnes de désinformation des médias américains sur différents sujets, y compris "l'accord intérimaire", reflètent leur réticence à prendre des mesures concrètes pour lever efficacement les sanctions.
Les divergences internes qui lézardent entre les républicains et les démocrates à propos du PGAC, la nécessité de coordonner les points de vue avec le régime sioniste et certains pays occidentaux, et compliquer la levée des sanctions en les divisant en sections "incompatibles" et "compatibles avec le PGAC" font partie des obstacles les plus importants devant les Américains lors des pourparlers de Vienne.
À l'approche des élections de mi-mandat au Congrès, le président américain, Joe Biden a besoin d'une réalisation spectacle telle qu'un "accord temporaire" à partir duquel il peut atteindre ses objectifs électoraux sans faire face à la pression des républicains qui s’opposent à la levée des sanctions contre l’Iran. Concernant la deuxième question, il est clair que toute action qui rend le processus de levée des sanctions arbitraire plus difficile ou les ajourner n'est pas conforme aux objectifs de l'Iran à Vienne. Dans cette conjoncture où l'économie iranienne est en train de s’épanouir, l'idée d'un accord temporaire équivaut à remettre l’arme à l'ennemi.
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De plus, en acceptant "l'accord intérimaire", la République islamique enverra effectivement le message à l'autre partie que la pression des sanctions a laissé son impact si bien que l'Iran est prêt à revenir sur sa demande légitime de lever toutes les sanctions, à un moment où il a déjoué les pires effets des sanctions.