« La mise en application du protocole d’entente pour une durée de 25 ans entre l’Iran et la Chine, la deuxième grande économie du monde, et cela, alors que les États-Unis, insistant sur leur politique d’unilatéralisme et de pressions maximales, cherchent à priver l’Iran des transactions économiques avec le reste du monde, est considérée comme une “victoire stratégique” pour Téhéran ». C'est en ces termes que le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale de la RII, Ali Chamkhani, aborde la question des coopérations sino-iraniennes sur sa page Twitter.
L’accord de 25 ans sino-iranien renforcera la valeur du Yuan dans le monde et agira en faveur de la politique dite de « dé-dollarisation » appliquée par certains pays, écrit un journal chinois.
« À la suite des rencontres qui ont récemment eu lieu entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, et des responsables chinois à Pékin, les deux parties ont insisté sur la mise en application de ce plan de coopération de 25 ans », a écrit Global Times dimanche 16 janvier.
« Bien que les détails de l’accord de coopération de 25 ans ne soient pas encore annoncés, les observateurs s’attendent à ce que le renforcement de coopération entre les deux pays renforce le statut de la monnaie nationale chinoise Yuan dans les transactions du commerce mondial ». Selon l’article, l’accord devrait également être bénéfique pour l’Iran dans divers domaines notamment les infrastructures et les communications.
Le Global Times ajoute que l’accord de coopération de 25 ans pourra largement aider Pékin dans la promotion et l’internationalisation du yuan, beaucoup d’observateurs affirmant qu’il reste encore un grand progrès à faire. Et le journal d’ajouter : « Téhéran cherche des moyens de contourner les sanctions économiques imposées par le gouvernement américain, et le yuan chinois est l’une de ces alternatives au dollar américain dans les règlements commerciaux. La Banque Centrale d'Iran aurait répertorié le yuan chinois comme l’une des principales devises étrangères du pays. »
Faisant allusion aux impacts des efforts iraniens pour contourner les sanctions américaines sur « l’hégémonie américaine de pétro-dollars », l’article du GT estime probable qu’avec une Amérique qui insiste de plus en plus sur son « hégémonie du dollar » en abusant des sanctions économiques, de plus en plus de pays dans le monde vont adopter une « politique de dé-dollarisation ».
« Le yuan est actuellement la 5ème devise la plus utilisée dans les transactions mondiales », écrit le Global Times qui ajoute : « À une époque où la dette américaine et les problèmes d’inflation ont entraîné une perte de confiance envers le dollar, le yuan chinois a vu son statut s’améliorer sur la scène mondiale avec une croissance économique intérieure stable enregistrée en Chine et la capacité du pays à contrôler la pandémie. Ce sera une tendance inévitable pour la Chine d’intensifier la coopération financière avec ses partenaires commerciaux qui refuseront d’accepter la politique de coercition économique des États-Unis. »
À ce sujet, une revue américaine a écrit que « le président américain Joe Biden ne peut plus ignorer les liens croissants entre l'Iran et la Chine ». En allusion à la visite du chef de la diplomatie iranienne à Pékin « pour approfondir le partenariat stratégique global que les deux pays ont signé l’an dernier », Foreign Policy écrit que « la coopération croissante sino-iranienne en matière de sécurité représente une menace sérieuse pour les principaux intérêts sécuritaires des États-Unis, d’Israël et des pays arabes du golfe Persique. Pour y remédier, l’administration Biden doit maintenant prendre plusieurs mesures urgentes ».
« La Chine est prête à travailler avec l’Iran pour approfondir davantage le partenariat stratégique global entre les deux pays. Le partenariat stratégique de 25 ans, pour lequel Pékin et Téhéran ont signé en mars 2021 un protocole d’entente, offre des avantages majeurs à deux adversaires des États-Unis dans leur opposition face au camp occidental et pour faire exercer l’État de droit. En établissant des relations avec l’Iran, la Chine affirme sa place au Moyen-Orient, sape les intérêts des États-Unis et sécurise davantage l’accès au pétrole et à d’autres produits de base importants iraniens. Pour sa part, l’Iran recevra des milliards de dollars d’investissements chinois dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures, ce qui réduira l’efficacité des sanctions américaines contre Téhéran. »
« Une grande partie de la coopération entre Pékin et Téhéran se concentre sur les relations économiques et diplomatiques. En effet, l’Organisation de coopération de Shanghai dirigée par la Chine et la Russie a décidé à l’unanimité en septembre dernier d’élever le statut de l’Iran au rang de membre à part entière », précise l’article, ajoutant que l’achat du pétrole iranien par la Chine et sa volonté d’investir en Iran auront au moins deux impacts négatifs pour l’Amérique : Premièrement, les investissements chinois fourniront une stimulation de l’économie en Iran et deuxièmement, Téhéran utilisera une partie importante de ces revenus supplémentaires pour construire son arsenal de missiles et de drones et faire avancer son programme nucléaire ».
« Plus généralement, des investissements chinois supplémentaires atténueront de plus en plus l’efficacité des sanctions américaines contre l'Iran », ajoute aussi l’article.
« En outre, alors que les termes définitifs de l’accord de partenariat stratégique restent secrets, une copie divulguée de l’accord, étiquetée “version finale”, appelle la Chine et l'Iran à mener des entraînements militaires combinés, des exercices, le développement d’armes et le partage de renseignements. Cela devrait inciter les États-Unis, Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à en prendre note ».
Foreign Policy ajoute qu’« une coopération militaire sino-iranienne accrue pourrait, au fil du temps, améliorer considérablement la capacité militaire iranienne. Si les forces iraniennes devaient acquérir des Chinois des capacités militaires améliorées dans le cadre de la stratégie A2/AD ou déni d’accès et interdiction de zone, Téhéran pourrait en venir à croire qu’il pourrait soit s'écarter, soit se défendre contre toute attaque visant à entraver ses progrès nucléaires. Cela pourrait rendre la soi-disant évasion nucléaire iranienne à la fois plus probable et plus difficile à arrêter ».
« Pour être clair, la coopération militaire sino-iranienne n’est pas une préoccupation théorique ou future - elle est déjà en cours. L’Iran, la Chine et la Russie ont mené des exercices militaires combinés dans l’océan Indien en décembre 2019 et en Russie en septembre 2020. Un autre exercice militaire combiné impliquant les forces iraniennes et chinoises devrait avoir lieu dans le golfe Persique ».
Bref, le « partenariat stratégique global » sino-iranien, l’adhésion de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai et la visite du ministre iranien des Affaires étrangères en Chine cette semaine démontrent trois réalités : un alignement croissant entre Pékin et Téhéran est en cours de préparation ; l’influence de Pékin au Moyen-Orient va s’accroître et la concurrence entre Washington et la Chine ne se limitera pas à l’Indo-Pacifique. Washington est peut-être fatigué du Moyen-Orient, mais Pékin, cela ne fait que commencer », conclut l’article de la revue américaine Foreign Policy.