Il y a un vent très golfe persien qui souffle en ce début 2022 sur le détroit ultra stratégique de Bab el-Mandeb par où l'axe US/Israël transite non seulement le gros de ses armements contre le Yémen mais encore où il maintient le gros de son blocus contre le peuple yéménite. Depuis le lundi 3 janvier au soir où UKMTO ou centre de commerce maritime de Sa Majesté a lancé un signal de détresse affirmant qu'un "navire émirati" avait été pris pour cible à Raas Issa, ce terminal pétrolier par où Riyad et ses parrains anglo-saxons pompent quelques 200 000 de pétrole de Maarib par jour, signal de détresse accompagné d'un fort curieux avertissement comme quoi "les commandos marins de Sa Majesté qui se trouveraient sur place devraient faire trop attention et surtout ne pas trop s'aventurer tout autour", c'est comme si le monde était tombé sur la tête de Ben Salmane et de ses amis américains et britanniques qui croyaient il y a encore deux jours avoir pris l'initiative de la guerre à Maarib pour la première fois depuis un an et ce à la faveur d'une campagne de bombardement sauvage visant à raison de 50 frappes par quartier la capitale Sanaa ou encore la ville de Saada.
Cette campagne complètement folle, impliquant directement les pilotes israéliens et américains et ciblant invariablement maisons, hôpitaux, stades, infrastructures et ce, au nom de la lutte contre les "stocks de missiles et de drones iraniens" que "les Houthis y détiennent " et qu'ils "activent à l'aide du Hezbollah". Or depuis quelques heures, soit depuis qu'un navire de renseignement dernier cri bourré de blindés, de chars, de satellites et de système d'écoute de télécommunication et déguisés en cargos chargés de médicament (!!!) , navire qui faisait tranquillement sa route de Socotra, presqu’île transformée en base d'espionnage d'Israël, vers Jizan, avec sans doute des officiers saoudiens mais pourquoi pas des Américains et des Britanniques à bord, a été "saisi" par Ansarallah, ce triomphalisme des assassins d'enfants a cédé la place à une angoisse mortelle: D'abord il n'y a personne qui veuille revendiquer ce navire : les Saoudiens ont dit d'abord que c'est un cargo émirati mais face au silence des Émirats, l'identité du bâtiment a été reléguée au second plan.
Photo: le navire saisi par Ansarallah, 3 janvier 2022/Harbi Press
Car qui dit que la "marine asymétrique" d'Ansarallah, qui a su mener à bien une si complexe opération à l'un des terminaux pétroliers les plus fréquentés par les navires de guerre américains, britannique, et israéliens, en resterait désormais là, et qu'elle ne s'en prendrait pas par exemple au porte-avions Queen Elizabeth, aux navires militaires et aux marchands d’Israël aux USS... américains.
Entre Raas Issa d'où est pompé le pétrole volé de Maarib d'une part et le port de Hudaydah que contrôle Ansarallah de l'autre, il y a des dizaines de kilomètres de distance et il aurait fallu des "commandos marins bien aguerris" pour cette opération. Et ce mis à par le fait que ce navire que Riyad fait croire n’être qu'un hôpital flottant mais qui vu les photos prises et partagées depuis quelques heures depuis son quai a bien l'air d'une base navale flottante, pourrait contenir quelque part dans ses cabines bien plus que ce qu'on voit à première vue. Quoi par exemple?
Eh bien toutes ces données que les commandos de sa Majesté partis depuis juillet, date à laquelle un navire espion israélien "Mercer Street" a été pris pour cible d'Ansarallah en mer Rouge, auraient collectés en espionnant les câbles sous-marins yéménites. c'est donc une véritable "mess" comme disent les Yankee que ce coup inaugural d'Ansarallah, plus que parfait en termes opérationnels, militaires et en renseignement. Car que soit dit en passant une prise aussi majestueuse ne saurait avoir lieu sans qu'il y ait des jours et des semaines de surveillance de la quasi totalité du trafic trop dense via la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb ; ce n'est pas sans raison que le MAE saoudien qualifiait hier depuis Aman, capitale jordanienne, les iraniens de "frères" avec qui Riyad voudrait commencer un nouveau départ. Mais ce mystérieux navire pourrait ne pas être le dernier à avoir été chassé et capturé dans les eaux bien troubles de la mer Rouge.
Et c'est cela que devrait inquiéter Américains, Britanniques et Israéliens. Or parallèlement à cette opération navale d'envergure, Ansarallah a voulu aussi rappeler ses capacités aériennes à la bonne mémoire de Riyad. Lundi 3 janvier, à peine quelques heures après la saisie d'un bâtiment qui selon le général Saree agissait contre les intérêts du peuple yéménite, cinq drones kamikaze "houthis" se sont abattus à al-Taëf, l'une des trois provinces sur la côte ouest saoudienne que les militaires américains occupent depuis janvier 2021, date à laquelle le chef du CentCom a décidé de les évacuer du golfe Persique, "région trop trouble si une guerre venait à éclater avec l'Iran". Les médias saoudiens prétendent, comme toujours, que le quintuple de drones a été intercepté, les sources locales, elles, le démentent tout comme des images venues de l'intérieur de l'Arabie. Ansarallah s'est-il mis déjà à chasser les Américains à travers le territoire saoudien? Possible.
Déjà que les forces US positionnés à al Tan F en Syrie ont déjà vécu une attaque magistrale à cinq drones le 20 octobre, les voici face à une attaque similaire à Taëf. S'agit-ils de la première démonstration de force des lance-drone made in Iran, embarquable à bord de camions ou de bateaux qui vient de faire Ansarallah? fort possible. Surtout que d'aucuns écartent pas la participation active des drones d'Ansarallah dans la saisie du méga navire espion de Raas Issa ...