Une stratégie de pression triangulaire, fondée sur les menaces temporelles, les menaces militaires et les menaces économiques, est suivie par l’Occident vis-à-vis de l’Iran, simultanément aux négociations de Vienne. Le nouveau tour des négociations pour la levée des sanctions commence à Vienne alors que des progrès concrets ont été faits durant la dernière édition et que es revendications de la partie iranienne ont été prises en compte dans la rédaction du texte de l’accord. Cependant, les déclarations des responsables occidentaux contredisent ce qui se passe réellement à la table du dialogue. Avant même le début des négociations, les représentants du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne ont commencé à suggérer qu’ils n'attendaient rien et que l’Occident était prêt à recourir à des alternatives en cas de l’échec des discussions.
En réalité, les menaces proférées par la partie occidentale pivotent autour de trois axes : temporel, militaire et économique. Dans le cadre des menaces temporelles, la partie occidentale fixe, à chaque fois, une échéance pour mettre l’Iran sous pression. Par exemple, au premier tour des négociations, la partie occidentale a annoncé que l’Iran n’aurait qu’entre deux ou trois jours pour faire preuve de sa volonté sérieuse. À ce tour, l’échéance a été étendue jusqu’à « quelques semaines ».
En ce qui concerne les menaces militaires, la mission a été apparemment confiée au régime israélien et aux États-Unis. La preuve ? Juste le jour où a débuté le nouveau tour de négociations de Vienne, le ministre israélien des Affaires militaires, Benny Gantz, s’est rendu à Washington pour réitérer le maintien des pressions sur l’Iran. Dans le même temps, les médias américains ont lancé une campagne pour suggérer que Washington et Tel-Aviv prépareraient un exercice de simulation d’une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Le troisième côté de ce triangle repose sur les menaces économiques : à peine quelques jours après le début du premier tour des négociations, le Wall Street Journal a fait paraître un article selon lequel une équipe d’experts américains serait envoyée aux Émirats arabes unis pour examiner le durcissement des sanctions anti-iraniennes.
Les menaces sont-elles réelles ?
Bien que la stratégie de pression triangulaire de l’Occident puisse faire beaucoup de bruits, un examen approfondi des menaces qu’elle contient montre qu’elle fait plutôt preuve d’un désarroi stratégique. Par exemple, les échéances que l’Occident a fixées jusqu’ici et les ultimatums qu’il a lancés ont été à plusieurs reprises reportés. Cela prouve que ces ultimatums sont destinés à créer un certain sentiment d’urgence chez la partie iranienne plutôt qu’ils aient une réelle productivité. Il est à noter que les sanctions sont un concept dont l’efficacité varie d’une période à l’autre ; il se peut que les sanctions pèsent, de toute leur force, sur le pays cible, à court terme, mais elles perdent petit à petit leur efficacité lorsque l’économie cible apprend à vivre avec. Prenons pour exemple l’économie iranienne qui a déjà vécu le choc des « pressions maximales » et qui vit maintenant une époque de déclin des sanctions, grâce aux évolutions positives du marché pétrolier.
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Sur le plan militaire, nombreux sont les anciens responsables et les experts israéliens qui qualifient d’« irréalisable » le plan d’une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes.
À quoi sert cette stratégie de pression triangle ?
Si aucun côté de ce triangle n'est efficace ni réel, pourquoi Washington et Tel-Aviv y ont recours simultanément dans les négociations de Vienne ? En réalité, les États-Unis ont déjà brûlé toutes leurs cartes et n’ont plus aucun levier pour faire pression sur l’Iran car celui-ci n’a, non seulement, cédé aux « pressions maximales » mais est allé plus loin en prenant l’initiative d’action. C’est dans une telle conjoncture que la partie occidentale a choisi de recourir à une campagne médiatique et psychologique en faisant un levier de pression des options qui n’existent même pas.