Ankara a rejeté les propos tenus par Alexander Lavrentiev, envoyé spécial du président russe en Syrie, lequel a insisté à l’issue de la 17e réunion du processus d’Astana, sur la nécessité du respect par la Turquie de l'intégrité territoriale de la Syrie. Et une fois n'est pas coutume, les observateurs y ont vu une mise en garde à l'adresse du Sultan dont les forces spéciales ou disons-le de manière ouverte les mercenaires sont prêts à remplir les rangs de l'armée ukrainienne qui elle ne veut se battre contre la Russie. L'avertissement russe est tombé alors que le 25 décembre, le chef de l'administration présidentielle de l'Ukraine, Andriy Yermak, a affirmé que l'Ukraine avait lancé sa propre production de véhicules aériens sans pilote (UAV) Bayraktar TB2. Auparavant, seuls les moteurs des drones Bayraktar TB2 étaient produits en Ukraine, et aujourd'hui, le pays produit l'intégralité des drones.
Même contre les aéronefs pilotés. Ils auront des moteurs ukrainiens et le reste de l'avionique turque : la coque, etc », a déclaré Arestovich. C'est une menace directe anti Russie de Kiev qui n'auraient peut être pas eu lieu si ce n'était pas la contribution turque à la guerre de l'Occident contre la Russie de Poutine. Les propos de Lavrentiev en portent d'ailleurs les marques, le diplomate ayant annoncé que le représentant turc à la réunion d'Astana avait dit que les troupes turques quitteraient la Syrie "dès que possible". Mais ce dès que possible finira -t-il par coûter à Erdogan son vrai faux partenariat avec la Russie dans une Syrie où les autorités voient en Turquie une force d'occupation ?
Toujours est-il qu'en Syrie la Turquie en est au stade d'alibi et de prétexte et ses représentants à Astana ne semblent pas vouloir d'un retour à l'accord d'Adana. "Au fait, la présence des troupes turques en Syrie, répète à tue-tête Ankara, vise avant tout à faire face aux groupes terroristes qui sont stationnés aux frontières et envahissent le territoire turc. Lors de chaque réunion sur la Syrie, la Turquie a explicitement indiqué ses conditions de retrait du territoire de ce pays. Néanmoins, certaines parties interprètent nos déclarations de manière différente. », a affirmé le représentant turc, ce mardi 21 décembre à Nur-Sultan, la capitale du Kazakhstan, pour la 17e réunion du processus de paix d'Astana tout en détaillant les conditions de la Turquie en vue d'une évacuation de Syrie :"1- Rédiger la Constitution en Syrie de manière à ce que toutes les parties soient d'accord; 2-Créer un système électoral auquel toutes les classes peuvent participer; 3- Former un gouvernement légitime après les élections; 4- Le gouvernement formé devra œuvrer à l'évacuation des terroristes des frontières avec la Turquie".
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Mais ce n'est pas de cette oreille que Lavrentiev entend le Sultan : « Nos partenaires turcs ont déclaré à plusieurs reprises qu'ils respectaient l'intégrité territoriale, l'unité et l'indépendance de la Syrie, qu'ils étaient là temporairement et qu'ils partiraient dès que le terrain soit propice », a déclaré l’émissaire russe et de conclure :« La Russie a proposé d'aider la Turquie à combattre les terroristes à Idlib, et Ankara est en train d’évaluer ce sujet. La Russie espère qu'Idlib sera nettoyée de la présence des terroristes l'année prochaine à l’aide des démarches conjointes à entreprendre par des pays garants (Russie, Turquie et Iran) ». Mais la Turquie est-elle prête à lâcher prise et à se retirer du nord de la Syrie? Difficile de répondre par affirmative. En effet, après la cure d’amaigrissement infligée à la livre turque qui a fait trembler les socles de l'AKP, le Sultan serait près à faire beaucoup plus que ce qu' a fait en dix ans d'occupation en Syrie contre l'Etat syien, son peuple et ses voisins.
Le chef de l’Etat turc a surpris l'opinion publique interne et externe en recevant un groupe de rabbins ce vendredi et on a vu à travers ce geste un appel de détresse lancé à Israêl et aux financiers sionistes pour sauver le Sultan du naufrage. Lors de cette réunion, il a évoqué l'importance des relations turco-israéliennes pour la sécurité et la stabilité de la région. Il s’est également félicité de ses entretiens au téléphone avec le président et le Premier ministre israéliens, respectivement Isaac Herzog et Naftali Bennett. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu mercredi des membres de la communauté juive de Turquie et de l'Alliance des rabbins au complexe présidentiel dans la capitale, Ankara. Les rabbins représentaient l'Égypte, la Tunisie, l'Albanie, le Kosovo, les Émirats arabes unis, l'Azerbaïdjan, la République turque de Chypre du Nord, le Kazakhstan et la Russie ainsi que la Turquie dont le grand rabbin a accueilli la conférence. Le grand rabbin de Turquie, Isaak Haleva, le grand rabbin de Russie, Berel Lazar, et d'autres autorités rabbiniques de premier plan étaient parmi les participants.
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« Les terres turques ont également été un havre de paix pour les Juifs qui ont été persécutés dans différentes parties du monde à travers l'histoire », a-t-il dit ajoutant que la Turquie avait accueilli les juifs qui avaient fui l'Inquisition en 1492. Et de poursuivre : « La Turquie considère l'antisémitisme comme un crime contre l'humanité. Tout comme nous considérons l'islamophobie comme un crime contre l'humanité, nous considérons également l'antisémitisme comme un crime contre l'humanité. »
Et d'ajouter : « L'attitude sincère et constructive d'Israël dans le contexte des efforts de paix contribuera sans aucun doute au processus de normalisation. Les relations Turquie-Israël sont vitales pour la stabilité et la sécurité de notre région ». Ce samedi la livre turque a remonté de 10% par rapport à sa valeur radicalement dépréciée ces dernières semaines et les observateurs y ont vu un coup de main israélien au Sultan. C'est dire que le Nord de la Syrie ne sera libéré qu'avec de belles paroles et que la Russie qui voit en Ukraine se reformer le front Turquie-Israel cette fois contre les forces russes devrait une bonne fois pour toutes faire apprendre au Sultan le sens d'intégrité territoriale syrienne. Quant à Israël, cela relève de la même argumentation : le un million colons d'origine russe ne valent que la sécurité de toute la fédération soit mise en danger. Car l'Ukraine c'est déjà la Russie.