A la veille des pourparlers à Vienne où l'Iran a affirmé que seule une levée totale des sanctions nucléaires pourrait le satisfaire, l'Amérique en est-elle à sacrifier ses plus proches alliés au Moyen-Orient ? L’Américain Malley se pose en porte-parole de sa coalition, suppliant au nom des Golfiens l'Iran pour un accord et il va, chose inouïe, jusqu'à se dissocier d'Israël, du moins en apparence.
« Il existe deux voies à suivre. L’une est de revenir à l'accord nucléaire et dans ce cas, nous et les pays du golfe Persique sommes prêts à étendre nos relations diplomatiques et économiques avec l'Iran. Et c'est ce qu'ils (les États golfiens) disent vouloir faire et ils veulent unifier la région économiquement et diplomatiquement. Mais si l’Iran ne revient pas à l'accord et si les Iraniens continuent à intensifier et à renforcer leur avancée nucléaire, cette porte se fermera. Ainsi, l'Iran provoquera une fois de plus la crise de non-prolifération », a dit Robert Malley.
Concernant l’approche des pays du golfe Persique vis-à-vis de la relance du PGAC, Malley a déclaré :
« Je ne veux pas dire qu'ils aiment cet accord, mais ils ont fini par comprendre que l'alternative à l'accord - le non-accord ou la non-participation des États-Unis à l'accord - signifie que l'Iran a abandonné ses obligations, ce qui signifie un renforcement du programme nucléaire iranien et le comportement plus agressif de l'Iran dans la région. Et je pense que tous les États du golfe Persique ont des évaluations différentes des avantages de cet accord, mais ils conviennent tous qu'un retour à cet accord est très important en ce moment, et ils proposent ces deux options à l'Iran. »
Mais qu'est-ce qui se passe au fond ? Abraham est liquidé. Israel Hayom y vient : « La coalition d'Israël et des pays arabes du golfe Persique contre l'Iran s'est désintégrée parce que l’administration Biden a fait preuve de manque de respect envers l’Arabie saoudite, ce qui a poussé Riyad et Abou Dhabi à se lancer dans un dialogue positif avec l’Iran. »
Israel Hayom commence son article comme suit : « Ces derniers mois, et pratiquement depuis le changement de gouvernement aux États-Unis, simultanément à l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, une nouvelle stratégie a été adoptée à Riyad et à Abou Dhabi concernant leurs relations avec l'Iran et ils ont opté pour la reprise des relations diplomatiques avec ce pays. »
« Au début, les Saoudiens ont eu plusieurs réunions secrètes avec des responsables iraniens à Bagdad, auxquelles l'ambassadeur saoudien à Bagdad a participé. Ensuite, les Émirats arabes unis ont entamé des pourparlers avec les Iraniens, et Anwar Gargash, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate de haut rang émirati, a été nommé pour faire avancer les pourparlers avec Téhéran », poursuit l’article.
Aux Émirats, on ne se contente pas de la reprise des relations avec Téhéran ; car après la conversation téléphonique entre le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed et le président syrien Bachar al-Assad, les Émirats arabes unis ont envoyé leur ministre des Affaires étrangères, Abdullah ben Zayed Al-Nahyan, à Damas pour rencontrer le président syrien, et les médias l'ont couvert en direct, a écrit le journal israélien.
Tout cela s'est déroulé alors que Washington a protesté contre cette mesure et annoncé que des sanctions sévères - conformément à la loi « César » - pourraient être imposées aux Émirats arabes unis ; la même loi qui punit les organisations et institutions ayant des liens économiques avec la Syrie.
« Aux Émirats arabes unis, on prétend que le but du rapprochement d'Abou Dhabi à la Syrie est de tenir Damas à l'écart de Téhéran. A Abou Dhabi, on dit que les Émiratis sont intéressés à établir de bonnes relations avec les pays de la région, de sorte que, conformément à la politique de tension zéro qu'Abou Dhabi poursuit actuellement, Mohammad Ben Zayed s'est rendu à Ankara après dix ans et a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan avec qui il a signé plusieurs accords commerciaux, économiques et diplomatiques », poursuit le journal.
Plusieurs sources à Abou Dhabi et Riyad, que le journal Israel Hayom a qualifiées de haut rang, ont expliqué que la principale raison du changement de position de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis vis-à-vis de Téhéran est l'adoption de la stratégie de tension zéro.
« Il est vrai que le but des récents exercices militaires conjoints était d'envoyer un message à l'Iran, mais la coalition formée sous l’auspice de l’administration Trump, entre les États arabes du golfe Persique et Tel-Aviv pour affronter l'Iran, s'est évaporée », a dit un haut responsable émirati au journal israélien.
Selon certaines sources à Abou Dhabi et à Riyad, ce qui a changé les relations diplomatiques entre ces pays et l'Iran, ce sont les plans du président américain pour le Moyen-Orient et ce qu'on a appelé la « menace iranienne pour les pays de la région ».
« Nous examinons toujours la nature des relations avec le nouveau cabinet israélien et les personnes qui le président. Mais malgré le changement de pouvoir, Israël a tenu tous ses engagements », a dit une source de haut rang à Israel Hayom.
« Par exemple, Biden a suspendu la vente d'avions de combat F-35 aux Émirats arabes unis, et a mis son veto à la vente de l'équipement militaire dont nous avons besoin. Nous ne sommes pas surpris par les efforts de l'Arabie saoudite pour promouvoir un dialogue positif avec Téhéran, en particulier dans la conjoncture où Biden et son gouvernement ne se comportent pas avec respect envers la famille royale saoudienne et le gouvernement de Riyad », a-t-elle précisé.