La presse saoudienne n'agit jamais contre Israël mais il lui arrive quelque fois et dans une certaine circonstance à chercher à bien leurrer l'ami sioniste surtout sous les dehors de cet anti-iranisme et anti-Résistantisme patent qui la caractérise. Il en va ainsi de cette curieuse information largement couverte par Al-Arabiya, et reprise par les journaux israéliens, comme quoi le commandant en chef pour la Syrie de la Force Qods le général Ghafari "aurait été remercié" par la Syrie. La raison?
Iranian General Javad Ghafari, overall commander of IRGC-backed forces in Syria, photographed today in Nubul-Zahraa (N. Aleppo), craddle of Syrian Hezbollah, after he ended his mission. pic.twitter.com/HmfGYFaxGs
— QalaatM (@QalaatM) November 6, 2021
L'histoire du marché noir serait encore davantage risible quand on se souvient de toutes les fois où la marine iranienne a risqué la vie de ses effectifs et de ses pétroliers pour envoyer de l'essence en Syrie et éviter justement que ne soit créés des marchés noirs. De là sans doute cette référence particulièrement calibrée dans ce soi-disant scoop d'Al-Arabiya à al-Tanf, cette base illégale que les Américains détiennent à Homs et qui a fait l'objet le 20 octobre, d'une frappe d'ampleur, l'une de celles dont seule la Résistance a le mystère et qui savent chambouler les rapports de force de façon à ce que l'ennemi ne saigne pas mais qui vit dans une angoisse éternelle, prêt à lâcher du leste.
La réponse c'est le site israélien qui nous la donne en commentant cette autre information, celle-ci bien réelle d'une rencontre entre le renseignement saoudien et syrien :
« Un groupe de directeurs du renseignement arabe s'est réuni pour un rendez-vous secret au Caire la semaine dernière, révèlent les sources de DEBKAfile. Le projet a été initié par la CIA américaine et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Et l'invité spécial? Le major-général syrien Hussam Luka, qui est actuellement le personnage de renseignement préféré du président Bashar Assad. La réunion a donné le coup d'envoi à la fondation d'un club de chefs du renseignement arabes qui sera suivi dans les mois à venir. De quoi à l'air Israël? De dindon de la farce! Bien que les Américains aient été impliqués, Israël n'a pas été informé du projet. Au fait son principal objectif à cette réunion a été de faire rencontrer le chef du renseignement général saoudien Khaled Al-Humaiden et son homologue syrien, après une décennie de déconnexion. Cela a marqué un pas vers la résolution du fossé entre la maison royale de Riyad dirigée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, et le régime de Bachar Assad et ce sans tenir compte des atrocités commises par ce dernier dans la sanglante guerre civile en Syrie. »
Et mort dans l'âme, DEBKAfile ajoute : « Décidement, le dictateur syrien sort clairement du rôle de paria qu'il occupait dans le monde arabe et son retour au bercail arabe n'est qu'une question de semaines. Samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdallah ben Zayed, s'est rendu à Damas. Il a été enfermé pendant quelques heures avec Assad, puis s'est envolé pour Amman pour rencontrer le roi Abdallah de Jordanie. Il est question dans les capitales arabes d'inviter le président syrien au prochain sommet arabe qui se tiendra à Alger en mars 2022. Qu'est-ce qui se passe au juste? Une initiative arabo-américaine est clairement en cours pour restaurer le dirigeant syrien dans le rôle qu'il occupait avant le déclenchement de la guerre civile de 2011 et ce, sur le dos d'Israël. Et les Iraniens qui s'en frottent les mains de joie devant le retour de leur allié aux bons livres arabes, sans qu'il soit contraint d'abandonner leur alliance! Le revirement de la part des Saoudiens et des Émiratis est perçu comme le signal d'un abandon des accords d'Abraham qui normalisaient leurs liens avec Israël et les alignaient contre Téhéran. Tout est bousillé et le bateau prend l'eau de toute part! »
Et de poursuivre : « Il convient donc de noter qu'Israël a été isolé du processus interarabe en cours, dont la première information a été révélée le 11 octobre par les sources de DEBKAfile à Washington. Les États-Unis s'orientent vers l'acceptation du régime d'Assad et Israël pris au dépourvu. Ses répercussions potentielles ne sont toujours pas appréciées, c'est moins qu'on puisse le dire à Jérusalem. Une source du département d'État l'a exprimé ainsi : “Alors que l'administration Biden n'est pas prête à ouvrir les bras [pour restaurer Assad dans le giron arabe], elle n'est certainement pas opposée à laisser la porte ouverte aux autres, alors faites-le.” Le gouvernement Bennett-Lapid semble toujours être sourd à l'important changement de terrain en cours autour d'Israël. Aucune nouvelle initiative n'est en vue autre que le dénigrement de routine de l'infrastructure militaire iranienne en Syrie. »
Et DEBKA ne croit pas si bien dire : l'attaque pilotée par le général Ghafari contre Al-Tanf aura été ce coup de grâce donné, Israël littéralement abandonné en Syrie même par MBS... La « mission est merveilleusement accomplie » pour le général Ghafari.