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Pourquoi le Sultan n'osera pas passer à l'acte?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'armée turque à Idlib(Archives)

La Turquie prépare de nouveau des opérations d’envergure en Syrie. La tension monte au nord de la Syrie. Plus de 200 camions de munitions ont été vus par les renseignements syriens. Des centaines de militaires turcs ont été projetés à la frontière syrienne. Voici les communiqués qui paraissent aujourd’hui dans la presse. Cela donne l’impression que la Turquie prépare vraiment quelque chose de sérieux. Mais en analysant les actions du camp adverse, on ne constate aucune inquiétude ni préparation hâtive des unités à la défense. Seulement une routine militaire où tout le monde remplit ses fonctions quand l’objectif principal consiste à entraver les actions de l’ennemi et à contrôler le territoire. La Syrie, la Russie, la Turquie et les États-Unis semblent aujourd’hui jouer une partie étrange de poker. La guerre s’est transformée depuis longtemps en confrontation militaro-diplomatique. Chaque pays fait ses coups en utilisant soit les diplomates, soit les militaires. Sachant que des éléments de poker sont présents dans ce jeu. Tous les acteurs bluffent et font monter les enchères.

Le président turc est un bon joueur. Quel coup joue la Turquie et pourquoi ? Essayons de comprendre.

Selon les renseignements syriens, les Turcs prévoient une vaste opération. Plus exactement deux opérations qui seront menées simultanément. Au nord-ouest d’Idlib, l’objectif de l’offensive consistera à soutenir les unités pro-turques, et au nord-est, les Turcs tenteront de repousser les unités des Forces démocratiques syriennes.

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Le parlement turc a prolongé l’autorisation d’utiliser l’armée en Syrie. Et à présent, le président Erdogan pourra utiliser l’armée turque en Syrie jusqu’en 2023 inclus. Sachant que non seulement Recep Erdogan, mais également d’autres politiques turcs parlent d’une arrogance sans précédent des unités kurdes qui attaquent constamment les militaires turcs. La crainte des unités armées kurdes est compréhensible. En trois ans, entre 2016 et 2019, les Turcs ont capturé plusieurs régions peuplées de Kurdes. Aujourd’hui, ils contrôlent la frontière de Bandar-Khan à Ras al-Aïn, ainsi que de Jarablous jusqu’à la côte méditerranéenne.

Divers analystes et experts militaires avancent plusieurs scénarios possibles. La version la plus plausible semble être celle des analystes de l’agence Bloomberg. L’objectif de l’opération sera la ville frontalière de Kobané à 415 km au nord-est de Damas. Plus exactement les régions au sud de Kobané. En capturant ces régions, les Turcs relieront deux zones qu’ils contrôlent déjà. Cela signifierait que les Turcs auront renforcé leurs positions au nord de la Syrie en obtenant le « poing » nécessaire pour combattre les Kurdes.

Tout cela paraît assez logique. Sans tenir compte de l’avis d’autres acteurs. Les États-Unis, la Russie et la Syrie gardent le silence. Et surtout l’Iran. Ce dernier ne participe pas encore à la partie, mais si l’un des acteurs actuels quittait la table de jeu, il prendrait sa place sans tarder.

Recep Erdogan mène un jeu très risqué. Partenaire circonstanciel de la Russie, membre de l’OTAN, « couteau » des États-Unis sous le ventre de la Russie, principal gardien de la mer Noire… Une multitude de rôles qui nécessitent vraiment une intelligence hors du commun. En même temps, un échec où que ce soit pourrait coûter au président turc son trône de sultan. Le chef de l’État turc joue à la fois pour et contre les États-Unis. Premièrement, les Turcs ont besoin de rétablir le statut d’ami nécessaire pour les Américains après un sérieux conflit dû à l’achat de systèmes antiaériens russes. Deuxièmement, la Turquie compte sur le statut du meilleur ami des États-Unis en Syrie.

Ce n’est pas un secret que les États-Unis se demandent si le gaz et le pétrole syriens valent de tels frais ? Si les hydrocarbures valent l’argent alloué chaque année ? L’une des solutions pour régler les problèmes financiers serait le retrait des militaires de Syrie en laissant des unités de protection des gisements. De confier la protection des sites de production d’hydrocarbures à un allié de l’OTAN, à savoir aux Turcs. On ignore si la Turquie osera lancer une vaste offensive sur Idlib. Des altercations auront certainement lieu avec les Kurdes. Voire des prises de certaines communes ou tronçons de route. Cependant, même en capturant Kobané et les environs, ni la Russie ni la Syrie ni les États-Unis n’admettront une prise de contrôle total de cette région par les Turcs. Le système déjà mis en place à Idlib sera conservé. Par conséquent, cette opération n’a aucun sens. Et même au contraire, en cas de perte, il est tout à fait probable que le président Erdogan ait beaucoup à perdre.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV