Pourquoi Ben Salmane est-il prêt à perdre son trône mais pas Maarib? Car l'un ne peut aller sans l'autre. La province de Maarib jouit d'une importance géopolitique, militaire et économique dans l'équilibre des forces au Yémen mais aussi en Arabie saoudite. Et comment? Au fait, si jamais les combattants de la Résistance arrivaient à se saisir de Maarib, située dans une région qui contient l'essentiel des ressources en hydrocarbures du pays, Riyad perdrait le dernier "bastion militaire unifié" qu'il possède au Yémen, vu qu'Aden est partagé avec les Emirats tout comme toute autre localité contrôlée par l'Arabie à travers le territoire yéménite.
Un état des lieux d'abord, le gouvernorat de Maarib borde le gouvernorat d'al-Jawf au nord, le gouvernorat d'al Bayda au sud, le gouvernorat de Chabwah au sud-est, le gouvernorat d'Hadramaout à l'est et le gouvernorat de Sanaa à l'ouest. La superficie du gouvernorat de Maarib est d'environ 17 405 kilomètres carrés (6 720 milles carrés), répartis en 14 districts. En janvier 2020, Ansarallah a lancé des opérations dans le district de Nehm et Sirwah pour s’infiltrer les provinces de Maarib et d'al-Jawf. Les combattants d’Ansarallah ont sécurisé en mars 2020 des zones cruciales de la province riche en pétrole de Maarib, le principal bastion du gouvernement démissionnaire de Mansour Hadi. Ils ont pris le contrôle de parties critiques de la province le 10 mars 2020, s'appuyant sur des victoires qui leur ont permis de contrôler le district stratégique de Nehm, à l' est de la capitale, Sanaa, et le district de Hazm , au centre de la province d'al-Jawf. Ils ont également capturé le district d'al-Ghil adjacent à Hazm dans le nord-est du pays.
Mais en quoi Maarib est importante?
Maarib est une passerelle nord-sud. Elle se trouve à environ 120 kilomètres (75 miles) à l'est de la capitale Sanaa, reliée par une grande autoroute. Il se trouve également à proximité d'une autre autoroute qui mène au sud de l'Arabie saoudite. Son emplacement est important non seulement en raison de sa proximité avec Sanaa, mais aussi parce qu'il se trouve à un carrefour entre les régions du sud et du nord. Puis c'est sa richesse énergétique énorme qui est en jeu. Connue pour ses richesses pétrolières et ses prouesses d'ingénierie agricole, comme le barrage de Maarib, la région a longtemps eu une importance stratégique au Yémen. Depuis que sa raffinerie de pétrole a été construite en 1986 par Safer, elle a fourni une part substantielle des besoins nationaux en pétrole du pays. La raffinerie de pétrole Safer, établie en 1986, est l'une des deux au Yémen ayant la capacité de produire 10 000 barils par jour. La province abrite une unité centrale de traitement qui relie les champs pétrolifères du bloc 18 du Yémen. Le Yémen possède également des réserves prouvées de gaz de 9,15 billions de pieds cubes.
Mis à part l'énergie, Maarib a des avantages stratégiques . Si les forces d'Ansarallah parviennent à prendre le contrôle total de la province de Maarib, les mercenaires pro-Hadi perdront nombre de leurs derniers fiefs dans les provinces du centre et du nord. La libération de Maarib signifie renforcer les frontières d'un Yémen uni dans les régions du nord du pays. Cela intervient alors que le Conseil de transition du Sud contrôle également les régions de Chebwa, Hadramaout, al-Mehra, Abin et Arkhbil Socotra. Cela affaiblit les mercenaires à la solde de Hadi stationnées dans ces zones.
Avec tout ce qui précède, Riyad serait prêt à tout faire pour ne pas perdre Maarib. Et pas que Riyad. BP et les Pétroliers US pompent les richesses de la provinces et ils se préparent à une éventuelle débâcle en s'exerçant à des contre-offensive. Aussi, la Royale Army vient de lancer ces dernières heures un exercice d'entraînement de bas niveau, y compris la pratique des patrouilles, des tactiques d'évasion et d'évasion des pilotes, et des techniques de neutralisation des explosifs et munitions (EOD) et de recherche à Oman.
Le désert d'Oman est la zone d'entraînement idéale pour ces exercices et fournit un environnement réaliste pour s'entraîner aux tâches que les soldats pourraient être appelés à faire à l'avenir. Plus de 650 soldats de la 4e brigade d'infanterie et du QG Nord-Est (connus sous le nom de « rats noirs ») sont déployés dans le cadre de l'exercice Khanjar Oman, qui testera les capacités britanniques et renforcera les relations avec leurs partenaires omanais.
« En plus des engagements plus près de chez nous, ces déploiements renforcent notre sécurité nationale en offrant une meilleure compréhension des régions du monde où le Royaume-Uni a des intérêts en matière de sécurité et en fournissant une base solide à partir de laquelle réagir rapidement si nécessaire », indique le ministère britannique de la Défense dans un communiqué. Et on comprend à qui et à quoi se réfère Londres. Reste à savoir si ce genre d'agissements "sauvera "oui ou non Maarib.