Depuis que les "pétroliers fantômes iraniens", ainsi que les qualifie Nikkey Haley, ambassadrice de Trump à l'ONU, "sillonnent le monde entier, du golfe Persique aux Caraïbes en passant par la mer Rouge et la Méditerranée " ert ce, "sous le nez et la barde des Etats Unis qui voient s'effondre le régime international des sanction, l'autorité du dollar sous les coups des " les Mollah iraniens et des Communistes chinois" sans qu'ils puissent lever le petit doigt, certains milieux, mêmes au sein du camp pro Iran jugent "curieuse" l'attitude nucléaire iranienne. M Olianov, ami nucléaire russe de l'Iran, y a fait d'ailleurs écho en émettant tweet ce dimanche comme quoi " le MAE iranien, M. Amir-Abdollahiyan dit que les pourparlers nucléaires reprendront bientôt. Soit. Mais c'est quand ce "bientôt"? Que fait au juste Raïssi en termes nucléaires? Est-il sur le point de liquider l'AIEA, un peu à la manière de ces pétroliers fantômes qui ont été jusqu'à faire trembler les Etats-Unis au Liban?
Le quotidien iranien Javan a publié ce jeudi 21 octobre un article de l'analyste Hadi Mohammadi qui tente y apporter sa réponse : les États-Unis utilisent l’AIEA pour surveiller les activités nucléaires de l'Iran et inspecter ses installations nucléaires en son nom, sur la base de l'autorité conférée à l’observatoire nucléaire de l’ONU via le Protocole de non-prolifération (TNP) et certaines des clauses du Plan global d’action commun (PGAC).
"Or les États-Unis et l'Occident bénéficient gratuitement des renseignements recueillis par l'AIEA pour eux, a affirmé Mohammadi dans son article. Pendant ce temps, il a estimé que ce mécanisme de collecte de renseignements avait été gravement touché par la réduction des engagements de l'Iran dans le cadre du PGAC. Cependant, le chef de l'AIEA essaie de récupérer les concessions initiales accordées à l'Occident par le PGAC. En décembre dernier, le Parlement iranien a adopté une loi limitant l'accès de surveillance de l'AIEA à ses sites nucléaires, exigeant que les États-Unis lèvent leurs sanctions. Un accord limité et temporaire est actuellement en place, mais Grossi s'est plaint que l'Iran limite la capacité de son agence à faire son travail."
L’analyste souligne en outre qu'en fait, ce sont les États-Unis qui subissent une « pression maximale » de la part de l'Iran pour reprendre les négociations car ils n'ont pas réussi à forcer l'Iran à faire de nouvelles concessions. Aussi il n'y a pas de place pour l'inclusion de discussions sur les programmes de missiles iraniens dans les nouvelles négociations, et l'Occident ne peut qu'espérer exploiter le programme nucléaire iranien pour pousser l'Iran à lacher du leste, en revanche, c'est lui qui devra faire des concessions pour rendre un compromis possible. "
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L'analyste qualifie par ailleurs de naïf l'appel de Grossi à avoir une discussion politique avec le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et averti le chef de l'AIEA que l'Iran n'avait aucun engagement à aller au-delà de la discussion de questions techniques dans le cadre du TNP. : " Au fait, Grossi devrait savoir que les membres de la nouvelle équipe de négociation de Téhéran sont différents de leurs prédécesseurs. Disons-le très ouvertement, Grossi et son Agence devront renoncer une bonne fois pour toute a jouer le role des porte-voix de Washington à Téhéran. Il devrait se distancer de l'idée de tenir des pourparlers en Iran par procuration pour les États-Unis, tout ce qu'il pourrait avoir, c'est un tête -à-tête avec Eslami, ancien ministre des Transports, reconverti en chef de l'Organisation nucléaire iraniene, et ce, de manière parfaitement calculée.
Pendant ce temps, dans un autre article intitulé Winding in Washington, un autre média iranien a comparé Grossi à une horloge que Washington a remontée pour se déplacer à Téhéran. Cet article a également répété l'argument du commentaire selon lequel Grossi est utilisé par les États-Unis comme un outil pour exercer des pressions sur Téhéran avant d'entamer les pourparlers pour relancer le PGAC. L'article ajoute que Washington envisage également d'utiliser Grossi pour exercer des pressions sur d'autres pays, dont la Chine, via l'Agence internationale de l'énergie atomique. Il s'agissait d'une référence aux déclarations des responsables américains demandant à la Chine de cesser d'acheter du pétrole à l'Iran. Tout ceci pour dire, que Grossi en est désormais à quémander une simple rencontre avec le MAE iranien à la suite de ses rencontres avec des responsables américains, dont le secrétaire d'État Antony Blinken cette semaine, en prétextant des questions urgentes, genre surveiller les sites nucléaires iraniens, et les modalités de surveillance.
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« Je n'ai pas pu parler au [nouveau] ministre des Affaires étrangères de l'Iran », a déclaré Grossi d'ailleurs avec amertume au FT. « J'ai besoin d'avoir ce contact au niveau politique. C'est indispensable. Sans cela, nous ne pouvons pas nous comprendre. » Alors l'AIEA, comme levier de pression contre l'Iran est-elle d'ors et déjà liquidé? Visiblement.
Pour les Américains, outre des bienfaits majeurs que l’accord nucléaire iranien a apportés à Washington un accord qui a nettement ralenti la nucléarisation de l'Iran, il souffre d'un inconvénient majeur que Grossi a la mission de réparer, son expiration au-delà de 2025. Mais est-ce désormais possible? l'Iran « n'acceptera aucune restriction au-delà de ses engagements » prévus dans l'accord de 2015, qui expire en 2025, bien que Joe Biden emboîte le pas à ses prédécesseurs et tente de changer le PGAC. Or sans l'AIEA sera nettement difficile. Au fait, Grossi écarté, il ne restera plus qu'une chose, la levée entière de trois types de sanctions décrétées contre l'Iran, si les USA ne veulent pas que l'Iran " Etat au seuil du nucléaire" le devienne effectivement.
Et quelles sont ces trois types de sanctions? une première série de sanctions non pétrolières le 7 août 2018, et une deuxième tranche plus importante le 5 novembre 2018 contre plus de 700 personnes et entités, dont environ 300 nouvelles cibles. Depuis, Washington n'a cessé d'ajouter de nouvelles désignations contre l'Iran et des individus et entreprises liés à l'Iran. Toutes les sanctions imposées à l'Iran sous l'administration Trump sont classées par année - 2017 en bleu, 2018 en vert, 2019 en rouge et 2020 en jaune. Les sanctions vertes, liées au dossier nucléaire, peuvent être suspendues. Bien sûr, rien ne garantissait que la même catégorie de sanctions ne revienne pas ou ne serait pas renommée.
Et puis les sanctions jaunes qui pourraient être suspendues si l’Iran faisait des concessions. Et les sanctions rouges ne s'arrêteront pas du tout. En ce qui concerne les sanctions vertes, les Américains ont recouru à la ruse avant de les enregistrer sur la liste des sanctions jaunes. En résumé, on peut dire que lors des pourparlers entre le 6 avril et le 12 juin de l’année en cours, il n'y a eu aucun signe d'un changement de cap de la part des États-Unis ou de l'Europe à l’égard de l'Iran et d'un reconnaissance des droits de ce pays. Côté iranienne pourtabt le changement de cap est sensible : pas de racontars, pas de ruses, on veut soit une levée nette de sanction à défaut de quoi adieu le TNP... et au diable Grossi et son agence.