C'est de loin le premier coup de massue que le Sultan reçoit en pleine figure depuis qu'il est appelé à rendre à César ce qui revient à César mais qu'il refuse obstinément de le faire. Et pourtant là où les forces de Tigre, Suhait Hassan font leur apparition, cela veut dire que la Russie ira jusqu'au bout. Après avoir massé chars, blindés, DCA, drones non loin des positions de l'armée syriennes à Idlib, puis envoyer ses drones à l'aide des avions espions US tenter frapper Hmeimim, et recevoir en échange des tapis de bombes visant les repaires de ses mercenaires, voici un raid qui a visé dans la nuit de mardi à mercredi l'armée turque. Certes le Sultan avait tout fait pour éviter à ses forces ce genre d'aléas allant même jusqu'à faire la paix entre les terroristes de HTS, ceux d'origine chinoise venus de Xinjiang ou encore ces daechiste d'origine soudanaise qui refont de plus en plus surface à Idlib ces derniers temps quitte à créer un nouveau QG regroupant tous les 'crabes" que compte le grand panier qu'Idlib.
À la suite de cette puissante explosion, plusieurs véhicules des forces armées turques ont été complètement calcinés. Au moins quatre soldats turcs ont été tués et trois autres blessés. Ce lourd bilan s'ajoute dont à la mort de deux soldats turcs tués le 11 septembre dernier dans une attaque perpétrée à Idlib qui a fait trois blessés. Est-ce un signal d'alerte? la réponse est oui, surtout après l'échec du sommet Poutine-Erdogan à Sotchi. Mais que compte faire Erdogan? Est-il capable de se maintenir dans cette province où il avait surtout pour mission d'agir en synchronie avec Israël chaque fois que ce dernier lançait des frappes contre le territoire syrien? Certes ses conseillers affirment à qui veut bien entendre que la Turquie a autant droit que "la Russie et les USA de rester en Syrie" mais ce genre de discours a l'air daté depuis que les Etats Unis en sont à "dealer "avec Assad, à lui rendre même Al Tanf et la Syrie Est, en échange à ce qu'Assad laisse passer du gaz au Sud du Liban pour que le Hezbollah ne continue à monter dans les sondages d'opinion.
La décision russo-syrienne de mettre en œuvre l'accord de Sotchi et d'évacuer les terroristes des deux côtés de l'autoroute M4, place Erdogan devant trois options : la première option consiste à se rendre à Canssa comme en mars 20230 à accepter de coopérer avec la Russie pour mettre en œuvre l'accord de Sotchi en nettoyant la route Alep-Lattaquié et les villes de Jéricho et Jisr al-Choghour de la présence des groupes terroristes.
Mais Erdogan pourrait tout autant refuser de coopérer avec la Russie pour ne pas être accusé de trahison par des groupes terroristes, notamment les Frères musulmans, auxquels appartient son Parti la Justice et le développement, terroristes qui ont fait pendant toutes ces années un juteux fond de commerce pour lui, permettant à la Turquie de servir les intérêts de l'OTAN de la Libye au Caucase sud en passant par le Sahel. La troisième option semble de loin être le plus facile : faire profile bas , continuer à faire des patrouille sporadiques avec les Russes tout en appuyant en coulisse les groupes terroristes face à l'attaque de l'armée syrienne, soutenue par ses alliés de la Résistance, et l'aviation russe, un peu comme il l'a fait lors de la précédente opération militaire qui a conduit à la libération de la route Alep-Damas et de la ville de Saraqib, ainsi que de nombreux districts dans la banlieue sud d'Idlib. Or aucune de ces trois options ne signifiera la victoire du Sultan, au contraire, ce serait la fin de l'aventure syrienne.
"I hope you are well and your family is well. Don't be afraid of battle no matter what you hear. You should know just as I made you enter Maarat al-Numan on foot, i will make you enter the city of Idlib on foot" Suheil al Hasan today visited Idlib front pic.twitter.com/96LTg5cjoJ
— ZOKA (@200_zoka) October 4, 2021
Pour l'heure Ankara commence à prendre des mesures pour apporter des changements sur le terrain dans la province, dans l'espoir d'empêcher une action militaire trop violente, mais l'incident de ce mardi risque d'alourdir sensiblement le coût d'un maintient de la présence turque à Idlib. L'armée syrienne s'apprête, sous couverture aérienne russe, à mener à bien cette opération tant attendue, afin d'ouvrir la route Alep-Lattaquié (M4), et de pénétrer plus que jamais dans la province contrôlée par le groupe terroriste Hayat Tahrir al- Cham (Front al-Nosra), qui comprend plusieurs camps de factions terroristes étrangers.
Si les attaques contre l'armée turque deviennent fréquentes, il serait difficile d'acheminer des chars, des véhicules blindés et de l'artillerie lourde aux sbires du Sultan et a établir comme il semble en caresser l'idée un nouveau point militaire dans la zone de Jabal al-Zawiya, à proximité des lignes de contact avec les sites de déploiement de l'armée syrienne. Dans cette perspective, même l'éternelle tactique turque d'engager sur le terrain des mesures de transformation de la nature des groupes armés puis de les déployer dans leurs positions dans le nord de la Syrie, et ouvrir par là la voie à de nouvelles fusions entre ces groupes et Hayat Tahrir al-Cham, et tout ceci dans le but de redorer le blason de ce groupe terroriste et de son chef Abou Mohammad al-Jolani ne fonctionnera pas.
قصف مدفعي من قبل الاحتلال #الروسي يستهدف بلدة #بينين في #جبل_الزاوية pic.twitter.com/qkvisfkVLS
— المحرر لحظة بلحظة (@Almohrar1) October 6, 2021
« En ce qui concerne la déclaration du porte-parole de la présidentiel turc Ibrahim Kalin, je préfère citer la déclaration du président Erdogan qui a déclaré publiquement plus d'une fois que la Syrie est un État indépendant et que la Turquie respectera pleinement sa souveraineté et son intégrité territoriale. C'est pourquoi, dans le cadre du règlement final, nous partirons du fait que la Turquie s'en tiendra à cette position » a déclaré Lavrov, en allusion aux propos tenus par Kalin selon lesquels la Turquie avait le droit d'être présente en Syrie, au même titre que la Russie et les États Unis.
Tout porte à croire que le jeu syrien touche à sa fin pour le Sultan d'autant que tout dialogue avec la Syrie, Assad l'a conditionné à un retrait des troupes turques du nord du pays. L'AKP est dans l'impasse et avec elle, la politique étrangère de la Turquie. Or c'est le genre de situation qui pousse en général Erdogan à commettre des folies.... Le front caucasien qu'il cherche désespéramment à ouvrir contre l'Iran pourrait en être la manifestation... Mais la Résistance permettra-t-il au pompier pyromane à embraser pour la seconde fois en un an le Caucase sud? Peu probable. Et Comment? les jours à venir nous le diront...