Le doute sur le respect par les États-Unis de leurs engagements a atteint son paroxysme après l’effondrement du gouvernement d’Ashraf Ghani qui s’est suivi par la catastrophe de l’aéroport de Kaboul dans laquelle s’est déroulée l’évacuation des citoyens américains d’Afghanistan. Néanmoins, Susan Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale des États-Unis, souligne la nécessité de renforcer les positions américaines en Ukraine, en Irak et à Taïwan.
En Ukraine, beaucoup espèrent que les États-Unis renforceront leur soutien à ce pays face à la Russie pour compenser les événements qui se sont produits en Afghanistan. La simultanéité entre la visite du président ukrainien, Volodymyr Zelensky à Washington et les évolutions en Afghanistan viennent étayer cette idée.
Certes, le gouvernement de Kiev est encore loin de se rassurer sur le soutien américain. L'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) est toujours dans un halo d’incertitude et la partie américaine ne donne pas non plus de réponse claire aux Ukrainiens.
En cas d’adhésion à l'OTAN, l’Ukraine bénéficiera effectivement du soutien nucléaire américain. Ainsi, Washington et Moscou se lanceront dans une nouvelle confrontation dans le domaine des armes stratégiques, ce qui menacera la stabilité stratégique dans le monde. D’où la réticence de Washington à donner le feu vert à Kiev.
Par ailleurs, l'opération militaire ukrainienne dans les régions orientales pourrait déboucher sur un conflit d’envergure qui impliquerait la Russie. Reste à savoir si les Américains sont fondamentalement prêts à se lancer dans une telle confrontation ?
Déjà, en novembre 2015, la destruction par des F-16 turcs d’un avion russe Su-24 a entraîné une grave confrontation politique et économique entre Moscou et Washington.
Ankara s’attendait à ce que Washington prenne sa défense en vertu de l'article 5 du traité de l'OTAN. Mais la réaction du secrétaire d'État de l'époque, John Kerry, a déçu Erdogan ; kerry ayant signalé à Ankara que Washington ne cherchait pas de confrontation avec son rival nucléaire.
Dans un documentaire diffusé dimanche 15 mars 2015 par la chaîne de télévision publique Russia-1, le président russe Vladimir Poutine s’est dit prêt à mettre en état d'alerte les forces nucléaires face à une éventuelle intervention militaire occidentale dans la péninsule de Crimée rattachée à la Russie, bien que les Américains semblent éviter tout conflit direct avec les Russes.
Il est vrai que la présence des forces russes ne permet pas à l’armée ukrainienne de changer la donne en sa faveur. Mais, la montée des tensions pourra aboutir au renforcement de la position des États-Unis dans le sud-est de l’Europe, d’autant plus que les forces de l’OTAN ont été déployées en Estonie non loin des frontières russes.
Alors que Moscou constate une activité accrue des forces de l’OTAN à ses frontières, un amiral américain a déclaré que les survols des avions russes en mer Noire pourraient être des tentatives de «nous inciter à tirer en premier», mais que, «dans l'ensemble, ces interactions sont sûres et professionnelles».
Fin juin de l’année en cours, les forces de l'OTAN ont lancé une série d’exercices dans la mer Noire dont le plus important, Sea Breeze, a engagé entre autres les armées ukrainienne et américaine en impliquant 32 navires et 40 avions de 32 pays.
Dans les jours précédant les manœuvres débutées 28 juin, des avions russes ont effectué ce que les responsables occidentaux qualifient de « vols dangereux » autour des navires de guerre de l'OTAN dans la mer Noire. Les forces russes signalent régulièrement des interceptions des avions de l'Alliance volant près de leurs frontières.
Les tensions en mer Noire, devenue une zone d’intérêt particulier après le rattachement à la Russie de la péninsule de Crimée en 2014, se sont brusquement aggravées le 23 juin 2021. Moscou a alors annoncé avoir tiré des coups de semonce contre le destroyer britannique HMS Defender qui était entré dans ses eaux territoriales.
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Le lendemain, le 24 juin, un incident impliquant la frégate de la Marine royale néerlandaise HNLMS Evertsen (F805) et des aéronefs militaires russes s’est produit dans la même zone ; des chasseurs SU-30 et des bombardiers SU-24 ont survolé le navire.
«Les vols des avions russes ont été effectués conformément aux règles internationales d’utilisation de l’espace aérien» après que «les dispositifs mis en place pour la surveillance des navires de la Flotte de la mer Noire de l’OTAN ont détecté que la frégate Evertsen, qui se trouvait dans les eaux neutres, a changé de direction et s’est dirigée vers le détroit de Kertch», a noté la Défense russe.