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La Turquie éliminée du jeu; le coup à la libyenne impossible

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Aucun progrès n’a été jusqu’ici enregistré dans les négociations portant sur la présence de forces turques à l’aéroport de Kaboul. Ankara « n’a pas hâte de reconnaître le gouvernement des talibans ». 

Tout comme les autres membres de l’OTAN, la Turquie, elle aussi, a été obligée de retirer ses forces de l’Afghanistan. Bien que se poursuivent les efforts diplomatiques d’Ankara pour se redéployer à Kaboul, les signes de déception se voient déjà. 

C’est peut-être en raison de l’absence de tout progrès dans les négociations portant sur la présence de forces turques à l’aéroport des talibans qu’Ankara a déclaré qu’il n’avait aucune hâte de reconnaître le gouvernement des talibans. 

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Les propos que Recep Tayyip Erdogan a prononcés hier insinuent que les talibans restent toujours campés sur leur position selon laquelle les affaires défensives et sécuritaires de l’Afghanistan doivent être gérées par les membres des talibans et sans ingérence des étrangers. 

Lors d’une rencontre, tenue mardi, avec son homologue congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président turc a déclaré : « Nous avions, dès le début, une approche positive et bienveillante vis à vis des évolutions en Afghanistan mais nous sommes actuellement là où nous ne constatons aucun progrès. Pourtant, on garde notre approche positive. »

« Si nous constatons un processus qui soit conforme à nos principes et approches positives, nous y répondrons aussi d’une manière convenable. Vous savez que les noms des membres du cabinet temporaire des talibans ont été déjà annoncés, bien que ce soit difficile de dire que cette liste est permanente. »

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Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan laissent suggérer les points ci-dessus : 

1- Les talibans n’ont pas encore accepté les demandes de la Turquie. 

2- Les talibans agissent et décident si indépendamment que même la médiation de deux alliés stratégiques de la Turquie, c’est-à-dire le Qatar et le Pakistan, n’a pas pu changer les règles de jeu. 

3- La présence en Afghanistan compte beaucoup pour la Turquie et la reconnaissance par Ankara de l’Émirat islamique des talibans est directement lié à la contribution de forces turques à l’aéroport de Kaboul. 

4- Bien qu’Ankara et Doha aient reculé de leurs anciennes positions et qu’ils se soient contentés d’envoyer en Afghanistan les sociétés militaires appartenant au secteur privé, pour ainsi désensibiliser les talibans, mais ces derniers ne veulent confier à la Turquie que la gestion des affaires techniques et logistiques et pas celle des affaires liées à la sécurité et à la défense. 

5- Alors que la Turquie souhaite faire preuve d’une présence militaire en Afghanistan pour « assurer sa sécurité » et « protéger les Turcs d’Afghanistan », selon Devlet Bahçeli, la composition du cabinet temporaire des talibans l’a largement déçue car elle négligeait la part des ethnies dont les Ouzbeks et les Turkmènes. 

Les déclarations de mardi du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavuşoğlu, à propos des talibans et de l’Afghanistan, sont aussi une preuve de plus montrant la déception de la Turquie envers les développements en Afghanistan. 

« Nous ne devons pas avoir hâte de reconnaître les talibans. Le monde non plus ! Il faut respecter l’équilibre là-dessus. C’est notre approche. Le gouvernement en Afghanistan devra être inclusif et nous considérons comme nécessaire la contribution de groupes ethniques dans un nouveau gouvernement. Il faut que les femmes soient aussi inclues. Il faut un gouvernement inclusif pour empêcher le déclenchement de toute guerre civile en cas d’une crise. Les personnes qui ont été désignées jusqu’ici ne sont que les entourages des talibans. Nous agissons conformément aux conditions et évolutions. »

Les propos de Cavuşoğlu trahissent la déception de la Turquie de voir les talibans négliger les ethnies turques. Il refuse pourtant de prendre une position ferme en choisissant des phrases comme « nous n’avons pas hâte » et « nous ne prenons pas encore une position à ce propos » pour ainsi garder ouvertes les portes de dialogue et de négociations.   

Autrement dit, le haut diplomate turc parle de la participation des femmes et des membres des ethnies diverses pour insinuer le fait que tout dépend de la satisfaction des attentes d’Ankara à propos de l’aéroport de Kaboul.   

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SOURCE: FRENCH PRESS TV