A peine quelques heures avant que les talibans déjouent tous les pronostics et annoncent la composition de leur Émirat d'Afghanistan, le commandant en chef de la Force Qods, le général de division, Qaani a détaillé lors d'une audition à huis clos, la "stratégie" iranienne en Afghanistan, une stratégie littéralement axée sur deux points : éviter un bain de sang inter afghan, assurer la sécurité de quelque 1000 km de frontières communes irano-afghanes qui incluent trois grandes provinces de l'Est iranien. " Après 300 millions de dollars de dépenses, l'US Army se retire de l'Afghanistan sur fond d'un monumental échec qui s'inscrit dans la durée car tous les jours il y a des vétérans de guerre qui se suicident.
Dogs left by us military are freed by taliban and now roaming around freely in the airport #kabul #Kabulairport #afghanistan pic.twitter.com/kBhzLqWO3A
— Afghanistan Breaking News 24/7 (@romee2022) August 31, 2021
Ce que cherche Washington à présent, ce n'est guère une victoire militaire puisque l'Afghanistan ils l'ont occupé pour l'empêcher qu'il ne devienne une composante de l'axe de l'Est, qu'il ne coopère avec l'Iran, la Chine, la Russie et le Pakistan mais c'est de créer du chaos aux portes de chacun de ces pays..Or la stratégie iranienne consiste à bloquer cette perspective... Car en Afghanistan les Etats Unis veulent surtout que l'Iran entre en guerre contre les Sunnites, c'est ce qu'il ne fera jamais ; qu'elle se ferme l'horizon de toute coopération économique avec un marché de 40 millions de consommateurs et là encore l'Iran ne leur fera pas ce plaisir. Une guerre Iran/talibans n'aura lieu à moins que ces derniers reviennent sur les accords passés et présentent un quelconque danger pour la sécurité frontalière iranienne".
Ces propos renvoie en effet à la vallée de Panchir, vallée peuplée des persanophones que la langue et la culture rapprochent de l'Iran tout comme le souvenir du haut commandant Massoud. Ce mercredi à l'annonce de la composition de l’Émirat islamique de l'Afghanistan, gouvernement entièrement pachtoune, non inclusif, et visiblement dominé par les disciples de Haqqani ( proche du Pakistan), Panchir l'a rejeté, quitte à réitérer son appel à la résistance. Mais Ahmad Massoud a-t-il raison? Sans doute. Reste que le fil du haut commandant ami de BHL et du président Macron joue le jeu de l'occupation US et surtout Israël.
D'ailleurs le rapport avertissait que les États-Unis et Israël devraient "prendre au sérieux l'influence de Téhéran dans les médias afghans" et "cette proximité très tenace Iran-Afghanistan qui renvoie à des racines communes". Mais Israël visait encore plus loin : " la présence déguisée de notre armée en Afghanistan est destinée à présenter une contrepartie à cette alliance de plus en plus forte et de plus en plus élargie entre l'Iran, le Hezbollah et le Hamas mais puisque Kaboul n'entretient pas de relation directe avec Tel-Aviv, il faut agir via l'Inde, dont le pouvoir ne cesse d'agrandir en Afghanistan". En effet le gouvernement Moody connu pour son penchant pro sioniste n'a cessé de servir de paravent à la présence israélienne dans le sous continent et l'Afghanistan ne faisait pas exception à la règle. Surtout à mesure que la présence iranienne s'élargissait en Syrie et qu'elle s'avérait impossible à démanteler. En 2018, le journal russe Nezavissimaïa Gazeta faisait état de la présence de commandos spéciaux du régime israélien avec une identité américaine dans les guerres afghanes et leur mission de faire en sorte que le territoire afghan ne devienne une République d’Azerbaïdjan bis d'où lancer " de potentielles attaques aux drones contre les sites nucléaires iraniens".
Le rapport citant certains médias arabes ajoutait qu'"un plan visant à faire entrer un groupe de 90 forces spéciales israéliennes en Afghanistan figurait à l’agenda de Tel-Aviv" avec en toile de fond le même modus operandi qu'ils ont en Irak où le Mossad détient ses QG à l'intérieur des bases américaines". Et le journal d'ajouter : " La mission spéciale de ce groupe est de mener de véritables opérations contre des groupes de Résistance en dehors des territoires occupés et d'obtenir des renseignement pour combattre des mouvements tels que le Hezbollah au Liban. La proximité avec le territoire iranien rendrait les choses bien plus faciles d'autant plus que les commandos israéliens bénéficient de toutes les immunités et facilités accordées aux troupes américaines par accords militaires signés avec Kaboul. Grâce à la création de centres d'écoute, d'espionnage électronique, l'installation de radars et de bases de renseignement au sol dans des zones proches de l'est de l'Iran et du nord du Pakistan, ainsi que la proximité de la Chine avec l'Afghanistan, Israël tire un maximum de profits stratégiques de cette présence"
la province de Farah et de Hérat, qui sont presque la prolongation de l'Est iranien ont d'ailleurs été juste vers la fin de la présidence du président en fuite Ashraf Ghani truffées d'agents d’Israël. D'où d'ailleurs plusieurs attentats, explosions et incendies visant ces derniers mois les poinst de passage frontaliers iraniens avec l'Afghanistan avec en toile de fond l'arrêt momentané du transit de l’hydrocarbure iranien vers le voisin de l'Est. Mais les agents israéliens n'en sont pas resté là, participant directement au trafic de Daech depuis la Syrie et l'Iran sur les frontières est iraniennes. Avec tout ce qui précède, difficile d'exiger à la Force Qods d'envoyer des conseillers militaires à Pachir appuyer un fils Massoud qui a lancé un appel d'aide militaire non pas à l'Iran mais à la France et aux Etats Unis.
Juste après la chute de l'aéroport de Kaboul et sa prise de contrôle par les talibans, un journal israélien écrivait :" C'est terrifiant. Les Etats Unis ont fui l'Afghanistan y lissant non seulement des milliers de leurs collaborateurs mais aussi Israël qui s'y est investi pour en faire une base anti-Iran ... "