Qui aurait cru qu’un James Jeffry, ex-émissaire US pour la Syrie sous mandat de qui une grosse partie des champs pétroliers de Deir ez-Zor (90%), al-Omar, Connoco, Tanak a réintégré le vaste circuit de contrebande du pétrole syrien vers le port israélien d’Ashkelon par Turquie atlantiste interposée, en faisant passer le tout par une société écran de la CIA, Cresent Energy Services enregistrée à Delaware, et exempté à l’occasion de la Loi criminelle César, société dont la production s’élevait en 2016 à raison de 60 000 b/J pour passer à 380 000 b/J en 2020, finisse, au nom de l’administration Biden évidemment, par frapper à la porte d’Assad et dire lors d’un récent entretien accordé à Al-Arabi Al-Jadeed ceci : « … oui, oui les sanctions américaines contre la Syrie sont bonnes mais pas suffisantes … les pressions Israël/Turquie/Ligue arabe pas trop efficaces pour que la Syrie fléchisse… il faut que les Etats-Unis normalisent avec Assad…( à révoquer la loi César, à se retirer de Deir ez-Zor ; ou à légaliser sa présence ?!) si on veut une solution médiane au Conseil de sécurité et … surtout la mise à la porte de l’Iran et du Hezbollah .. ».
Mais que s’est-il passé entre le départ en janvier de Jeffry de son poste et ce début de septembre, pour les Etats-Unis d’Amérique en viennent à voir à travers la coopération avec « le criminel Assad » leur unique voie de salut ?
Certes il y a deux semaines une curieuse explosion suivie d’un incendie à bord de l’une des corvettes Sa’ar accostée à Atlit s’est produite avec en amont la probable mort d’un effectif de "Shayetet 13", explosion suivie d’une autre déflagration visant cette fois le complexe pétrochimique de Haïfa, mais de là à dire que ce genre «d’incidents » si désormais fréquents en territoires occupés serait propres à empêcher la « VIe flotte » d’agir contre « la milice du Hezbollah », c’est un pas que l’axe US/Israël ne devrait guère franchir sous peine d’être accusé d’avoir peur du Hezbollah.
A-t-il peur du Hezbollah ? et pourtant pas plus tard qu’au mois d mars, Mckezie le chef de CentCom prospectait à bord de six hélico de l’armée libanaise bourrés d’agents et de cartographes de la CIA la vallée de Békaa et cette Jabal al-Cheikh surplombant Homs en Syrie, pour y ériger une base déguisée où installer, sous protection de l’armée libanaise qu’il croyait facile à soudoyer, les forces spéciales US et ce, à l’effet de traquer puis de découvrir et enfin d’anéantir les stocks de missiles tactiques du Hezbollah. Une idée folle mais à exploiter quand se trouve face à une coriace ennemi comme le Hezbollah que même une bombe semi nucléaire US/Israël largué le 4 août sur le porte de Beyrouth ne peut ébranler. Or c’est la peur que suscite cette « milice blacklistée » du Hezbollah, ses plans et surtout son cran à les faire réaliser qui ont poussé les USA à aller quémander le secours d’une Syrie qu’ils combattent impitoyablement depuis 11 ans…
Et dire que la vrai-fausse superpuissance en est désormais à pousser le Liban dans les bras de la Syrie, à exhorter la pleine « normalisation » de leurs liens économiques, de leurs transactions bancaires, même à faire profiter Damas du droit de transit du gaz égyptien ou de l’électricité jordanienne vers le Liban! N’est-ce pas surréaliste, une Amérique qui en 2005 a tué Hariri fils au terme d’une "false flag" rien que pour déclencher une révolution de couleur, l’une des premières d’une longue série qui a débouché en 2011 sur le printemps arabe avec dans le stricte objectif de bouter l’armée syrienne du sud du Liban, d’y implanter l’aviation sioniste à l’effet de bombarder quelques années plus tard les territoires syriens. Alors Ami (syrien) de mon Ennemi ( Hezbollah), mon Ami ? Avoué qu’aussi futée et maligne qu’elle se croyait être l’ambassadrice Shea se contredit.
En spectateur intéressé de l’enlisement US au Liban, le journal russe le Kommersant écrit : « Les États-Unis sont piégés par le Hezbollah au Liban, un piège stratégique qui profite à la fois à l’Iran et à la Syrie. Car si les USA refusent de dispenser les pétroliers des sanctions, c’est à leur que le Hezbollah jettera la faute de martyriser les Libanais. Et s’ils le font, c’est-à-dire s’ils acceptent de faire une dérogation aux sanctions anti-US contre l’Iran comme dans le cas de l’Irak, c’est carrément jouer dans le terrain iranien. Car que signifierait alors un blocus anti-Iran qui de dérogation en dérogation, préservent les alliés de Téhéran ? Et ce plan B d’exportation du gaz et de l’électricité égypto-jordanienne, en est un vraiment ? Pas vraiment. Car tout passe par la Syrie et Washington n’aurait alors d’autres choix que de normaliser avec Damas et là, Damas aura ses conditions : un retrait de l’Est et du Nord est des troupes US, une négociation du sort du Golan et ainsi de suite … »
Mais le Kommersant ne va plus loin et à tort : En effet, ce corridor maritime énergétique Iran-Syrie-Liban que les pétroliers iraniens sont sur le point d’inaugurer s’avère d’ors et déjà irréversible. Pourquoi ?
Ce matin la presse israélienne écrit : « Le champ de Tamar est l'une des principales sources d'énergie d'Israël et peut produire 11 milliards de mètres cubes de gaz par an - assez pour couvrir une grande partie du marché israélien ainsi que les exportations vers l'Égypte et la Jordanie. Delek Drilling, une unité du groupe Delek, détient une participation de 22% dans le champ, qui est exploité par la société américaine Chevron. Elle détient également une part importante dans le champ gazier encore plus grand de Leviathan. Tout récemment la société israélienne Delek Drilling a finalisé un accord pour céder sa part de 22% dans le champ gazier de Tamar en Méditerranée orientale à Mubadala Petroleum d'Abu Dhabi pour environ 1 milliard de dollars. Il s'agit du plus gros accord commercial signé entre des groupes israéliens et émiratis depuis qu'Israël et les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations l'année dernière. Un accord préliminaire a été conclu en avril, mais il nécessitait l'approbation du gouvernement. Or tout risque de partir en fumée en l’espace de quelques heures si une escalade navale venait à avoir lieu en Méditerranée. Souvenons-nous de ce que disait Nasrallah : «Je vous promets que cela arrivera dans quelques heures si le Conseil suprême de défense libanais décide d'interdire les activités des raffineries de pétrole israéliennes... ».
La question est désormais la suivante : peut-on risquer sa peau en voulant dépouiller le Hezbollah, la Syrie, l'Iran ?