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Pétrole iranien à Beyrouth: ce dilemme tuant qui fait du Hezbollah et de la Résistance un gagnant quoi qu'il arrive

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les pétroliers iraniens en route pour le Liban. (illustration)

Où se trouve le pétrolier iranien chargé de fioul qui devra accoster très bientôt à Beyrouth? Selon des sources libanaises, la cargaison aurait quitté depuis jeudi Bandar Abbas, au sud de l'Iran à destination de la Méditerranée, les ondes de choc continuent à secouer l'axe US/Israël ! Au Liban d'abord, même les anti-Hezbollah se sont déclarés satisfaits de ce pétrole "iranien" qui à défaut de pétrole saoudien, émirati ou qatari "arrive au Liban pour résoudre la crise alimentaire et le manque de médicament et même déverrouiller l'impasse économique". Certes que le Hezbollah s'impose en "sauveur du peuple" comme s'en quiète le camp US/Israël, cela est un risque mais au stade où en est le Liban, amis et ennemis de la Résistance souffrent et c'est cette souffrance qui devrait être allégée d'abord. Puis Nasrallah n'a certes rien de commun avec Geagea ou Joumblatt; n'empêche qu'il est le seul à penser les plaies des pro-Geagea et des pro Joumblatt et ceci, c'est déjà un énorme succès. Avec tous les arts du monde, le camp pro-Occident n'arrive plus à expliquer à sa base pourquoi Seyyed est méchant alors que les amis "saoudiens et émiratis" s'en fichent royalement des Libanais et que l'Égypte et la Jordanie attendaient le feu vert US pour réagir. 

Au fait les Libanais ne pensent pas seulement à l'arrivée de la première cargaison, ils voient plus et croient même que la thésaurisation des grandes entreprises sous contrôle des États-Unis et de leurs mercenaires à l'intérieur du Liban, lesquels monopolisent le marché libanais, en se moquant royalement du Libanais Lambda, de sa vie et de son quotidien, irait prendre fin après l'établissement de ce corridor maritime Iran-Liban qui a déjà des terminaux en Syrie et au Venezuela. De ce fait, le Hezbollah réalise un coup de maître : il  brise le "monopole de l'interaction avec les pays occidentaux au Liban, tout en créant une nouvelle équation selon laquelle les Libanais pourraient se tourner vers l'Est et avoir des yeux rivés non seulement sur l'Iran mais encore sur la Chine et la Russie et quand on pense que la double explosion du 4 août 2020 a eu lieu pour, entre autres, faire fuir Chinois et Russes du Liban, on réalise mieux l'ampleur géostratégique de la carte gagnante que vient de jouer Nasrallah. 

Et puis reconnaissons que cette carte a contribué à démasquer plus d'un, à savoir tous ces pseudo-anges gardiens du Liban qui ont été amenés malgré eux à jouer cartes sur table et à s'opposer à ce que le pétrole arrive dans les foyers, dans les générateurs et les usines libanais : ce fut le cas évidemment de la sorcière Shea, mais aussi de Hariri, de Samir Geagea. Tout ceci s'inscrit au chapitre des "révélations" car au Liban il existe effectivement beaucoup de monde qui croient encore au père Noël américain, français, saoudien,... 

Mais il y a plus : tout comme au Venezuela, le pétrole iranien n'est qu'une première étape. Une fois le corridor de transit de l'énergie établi, s'ensuivront des denrées alimentaires, des médicaments, etc., et ce sera alors l'ancrage de l'Iran sur le marché libanais. Mais la scène nationale libanaise n'est qu'un des aspect de cette démarche. Depuis jeudi, c'est le Hezbollah contre l'Amérique, une Amérique largement malmenée en Irak, au Yémen, battue en brèche en Afghanistan et qui voit désormais la corde cassée là où elle la croyait la plus solide. C'est l'occasion de le prouver noir sur blanc et encore une fois que les États-Unis d'Amérique n'ont pas d'alliés, ils n'ont que des vassaux. Plus tôt on s'y fera, mieux sera pour ses "alliés". Pourquoi alors s'obstiner à s'auto-mutiler, à prendre en otage son propre peuple, quand à la première occasion, les USA lâchent leurs fidèles, indifférents au sort qu'ils pourraient connaître ? 

Mais du pétrole iranien au Liban est encore bien plus que cela. Et comment ? Dans les faits, importer du carburant iranien au Liban, cela signifie briser les sanctions US contre l'Iran tout en cassant le blocus occidental contre le Liban. C'est un remake du schéma vénézuélien qui s'est produit en 2020 aux Caraïbes et qui s'invite en Méditerranée orientale avec tout ce que cette zone représente en termes d'importance énergétique pour le monde. C'est le confluent des gazoduc et des oléoducs "divergents" et "convergents" et une présence iranienne dans cette mer est un atout pour les pays de la Résistance, tous des pays petro-gazifères. 

La méga carte de Nasrallah a encore davantage d’impacts. Le pétrole "sanctionné" iranien au Liban cela veut dire que le Liban brise les sanctions US tout comme l’Iran qui cassera le blocus américain avec en toile de fond une présence iranienne, orientale sur un marché libanais jusqu’ici entièrement soumis aux caprices occidentaux. C’est une défaite cuisante pour un camp occidental qui a été jusqu’à pulvériser Beyrouth un certain 4 août 2020 pour en éloigner la Chine et la Russie. Car rien qu’en se référant au cas vénézuélien, l’axe US/Israël comprendre que l’Iran au Liban ne se réduira pas uniquement au pétrole, les denrées alimentaires et les médicaments suivront et s’y installeront et les relations se développeront. Et ceci n’est qu’une percée du camp anti-sanction dans une zone jusqu’ici considérée comme le pré carré occidental.

Mais cette percée énergétique et commerciale en Méditerranée aura-t-elle son pendant militaire ? Oui puisque Nasrallah l'a promis : le moindre agissement contre ces pétroliers c'est une atteinte contre tout le Liban et cette fois, l'axe US/Israël n'aura pas en face de lui que le Hezbollah. C'est toute une nation qui lui en voudra. C'est de loin la pire surprise du Hezbollah pour le camp d'en face, un méga piège où Shea est tombée la tête devant. Du coup on comprend la confusion US/Israël : laisser les navires-citernes accoster intacts à Beyrouth, cela reviendrait à se soumettre à la toute nouvelle règle d’engagement définie par le Hezbollah ; s’attaquer aux pétroliers, cela reviendra à se désavouer à titre de "sauveur du Liban". Mais est-ce une mince affaire que de viser le pétrole "libanais" qui arrivera bientôt à Beyrouth? La frappe israélienne le 22 juillet contre Qusseir en Syrie a lié le ciel du Levant aux mers de la région une fois que le Mercer Street a été visé en mer d'Oman. La premier mine ou missile antinavire tiré contre le pétrolier bourré de fioul "libanais" reliera la mer au ciel et au sol. Et comment ? La réplique du Hezbollah pourra être maritime, aérienne ou terrestre. Elle pourra aussi s'allier à celle de Gaza et de la Syrie. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV