Le plus extraordinaire dans cette riposte-éclair aux 20 roquettes que le Hezbollah a tirées ce vendredi vers midi contre la haute Galilée, roquettes qui comme l’a reconnu Nasrallah n’ont pas cherché à se montrer mortelles mais juste menaçante, histoire de faire rappeler aux Sionistes que l’ère de la « toute puissance aérienne » est définitivement révolue et que les roquettes aussi rudimentaires que ce soit, une fois sortis des ateliers de la Résistance pourraient devenir de redoutables armes intelligentes propres à défier les meilleurs avions de chasse occidental, n’est pas ce que le lecteur ordinaire croit.
Mais là on n’est vraiment pas dans le vif du débat : le vif du débat qui a mis sens dessus dessous Israël depuis 48 heures, est le spectre d’un « Front Nord » calqué sur le model du « Front Sud » à savoir « rétif à tout contrôle », « prompte à s’enflammer pour un oui ou non, à tirer des roquettes contre les colonies du Nord », un peu à l’image de Gaza. Dimanche matin et alors même que Gantz poussait des cris de détresse à l’adresse de l’axe US/GB pour qu’il endigue l’Iran et le Hezbollah « qui mettent à profit l’affaire de Mercer Street » pour « tourner la vis à Israël et ce, à sa propre porte », une haute délégation sécuritaire sioniste a atterri en catastrophe au Caire frapper à la porte du puissant chef du Renseignement égyptien, Abbas Kamel pour qu’il intercède en faveur de Tel-Aviv et prie les « Palestiniens de ne pas agir ».
Allon Ben David, chroniquer militaire de Maariv décrit ce paramètre particulièrement cuisant en termes qui suivent :
« L'armée israélienne comprend que quelque chose a radicalement changé depuis le 3 août, quelque chose qui s’avère infiniment plus dévastateur que la salve de 20 roquettes du Hezbollah. Savez-vous c’est quoi ? Ces trois engins ayant frappé ‘Kiryat Shmona’. Soudain, les habitants ont compris que les 15 ans de calme merveilleux c’est fini et que tout venait à basculer. Les roquettes ont provoqué un incendie puisqu’elles ont touché un site sensible. Après l'incendie, l'armée de l'air a effectué un bombardement sur les collines à l'ouest de la ville de Khiam (Liban). L'intention était évidemment de transmettre un message, et de dire que la prochaine fois l'armée de l'air israélienne atteindra de vraies cibles. Mais était-ce dissuasif ? Absolument pas.
Pourquoi ? et bien parce que la salve tirée depuis le Liban vers Kiryat Shmona, comme ces cinq autres salves de roquettes tirées au mois de mai, n'avait pas été initié ou encouragé par le Hezbollah, ni même par la tension Israël/Iran qu’illustre l’affaire "Mercer Street" ni même l’arrivée de Raïssi au pouvoir. Le Hezbollah n'approuverait peut être même pas les tirs des Palestiniens, mais, c’est là le vrai enjeu, il ne les restreint pas et ne fait rien non plus pour empêcher des tirs supplémentaires. Il se désiste! Mais quel en est l’impact pour Israël ? Le front Nord, calme et serein depuis 15 ans devient tout à coup une arène active, une plaque tectonique prête à trembler de la sorte le Hezbollah, acteur étatique, nous joue une merveilleuse tour et se dote, sans tirer un seul missile d’un merveilleux levier de pression. Et c’est son arme à reconquérir le terrain perdu car si les Palestiniens de Liban se mettent à cumuler les tirs de roquettes à provoquer des incendies au même que Gaza, les colonies pourraient-elle se maintenir dans les fermes de Chebaa, voire en haute Galilée ?
Et le chroniqueur de s’interroger : « le PM Bennett vient de menacer qu’Israël ne resterait pas les bars croisés à encaisser les roquettes quotidiennes des palestiniens de Liban. Soit. Mais que peut-t-il faire? Bombarder le sud Liban et c’est exactement ce que cherche le Hezbollah car ce serait là et sans avoir à répondre aux critiques internes, son droit d’ouvrir le front balistique contre le Nord d’Israël et imposer l’escalade qui s’avère mortelle pour nous .
On assiste, impuissant, à une normalisation des tirs de roquettes contre le nord d’Israël et la solution, on ne l’a pas. Une réponse trop forte pourrait conduire à une escalade plus importante, ce qu'Israël ne veut pas, tandis qu'une réponse trop faible pourrait conduire le Hezbollah à y trouver un prétexte , ce qu'Israël ne veut pas non plus à moins de risquer d’activer les 150 000 missiles du Hezbollah braqués déjà sur l’ensemble du territoire israéliens et qui pourraient être tirées à raison de 3000 à 4000 par jour soit la totalité de ce que Gaza nous a largué en 11 jours et qui a paralysé nos ports, nos aéroports, nos sites militaires et offshore. C’est un piège et le pire qui soit ».
« Pressez Gaza pour que les Palestiniens ne prennent pas part à une éventuelle action militaire du Hezbollah contre Israël et à préserver la trêve et surtout faire en sorte que les ballons incendiaires cessent d’être lancés sur le front nord, aurait demandé la délégation à Kamel. Pourquoi ?
Car les frappes aériennes en représailles des ballons incendiaires palestiniens pourraient désormais être ripostées non pas à Gaza contre « Sderot » ou « Ashkelon » mais au sud Liban où les Palestiniens viseront la Galilée voire le Golan voire Haïfa ; car qui dit que les Palestiniens d’Ain el-Helva en resteront toujours au stade de roquettes Grad. Après tout « Ayyash 250 », « Qassem », « A-120 », soit tous ces missiles balistiques qui ont fait le malheur de l’entité se trouvent aussi quelques part stockés dans les camps palestiniens. Puis des roquettes « intelligent » la Résistance en a aussi puis l’Iran en a bien fabriqué. Ce dimanche à Téhéran, presque simultanément à une rencontre entre le leader du Hamas Haniyeh et le secrétaire du conseil national suprême Chamkhani, pour lui dire que « Gaza restera à jamais aux côtes de l’Iran », une expos militaire ouvre ses portes dans la capitale intitulée « Meilleurs acquis militaires de la Résistance ». Très curieusement, les visiteurs y ont fait remarquer des lanceurs nouvelle génération, lanceurs « combinés » capable de tirer dans une même salve des roquettes de 240 et de 333 mm.
Evidemment il y a eu la série Fajr 122 mm dont l’ogive dotée de censeur optique en font des roquettes intelligentes avec une marge d’erreur de moins de 20 mètres mais aussi des Fajr 5 d’une portée de 150 kms, soit autant que celle d’un missile.
Vidéo: le tir de roquette Fajr-4 (Tasnim)
Mais parmi tous ces modèles, il y a eu un, inconnu, avec un nez arrondi puisque visiblement équipé d’un censeur optique qui lui donnerait la capacité d’intercepter sa cible. Puis cet engin disposait de six ailerons soit deux de plus que des roquettes à kit « Labayak 1 », ce qui veut dire que les Palestiniens de Liban pourraient augmenter encore la précision de leur tir à plus de 20 mètres. En cas de tirs palestiniens depuis le sud du Liban, mêmes des tirs quotidiens, Israël sera –t-il à même de riposter ? Evidemment mais en acceptant les Fajr-5 des Palestiniens soient remplacés par des missiles tactiques du Hezbollah… L’imbroglio est plus que total..