Sous prétexte que son cabinet ne sera pas approuvé par le président de la République, Saad Hariri a renoncé à former son gouvernement, laissant le pays entrer dans une nouvelle phase de problèmes internes, a écrit Emad Abshenashan dans un article publié sur Sputnik.
Après des mois d’attente, Saad Hariri a proposé au président libanais son futur cabinet alors qu’il était convaincu que Michel Aoun ne l'accepterait pas. Sous le même prétexte, il a renoncé à la formation du gouvernement pour plonger le Liban dans une nouvelle crise interne.
Ceux qui suivent l'actualité libanaise sont conscients que Saad Hariri cherchait à ce que le président de la République n’approuve pas le cabinet, pour ainsi attribuer au président et à l’axe de la Résistance, qui dispose d'une majorité parlementaire, la responsabilité de la non-formation du nouveau cabinet.
Mais la principale question est de savoir si cette affaire est limitée au Liban ou si elle fait partie d'un programme plus large dans laquelle Hariri a un rôle mineur.
Immédiatement après un court voyage au Caire, M. Hariri a quitté l'aéroport pour le palais présidentiel libanais où il était attendu pour présenter sa liste au président.
Certains analystes estiment qu'un plan prévoyant une confrontation avec l’axe de la Résistance a été élaboré sous les auspices du directeur de la CIA William Burns pour l’avenir de la région du Moyen-Orient ; la nouvelle équipe américaine assemble ses énigmes.
Un regard sur les approches adoptées par les administrations américaines au fil du temps laisse s'attendre à ce que bientôt, comme en 2011, toute la région soit confrontée à une nouvelle agitation et à l'émergence de nouveaux groupes terroristes.
Les pourparlers de Vienne et le débat sur le retrait des troupes américaines de la région étaient généralement des prétextes pour que la nouvelle administration US détourne les attentions de ses agissements et ait l'opportunité de mettre en œuvre son nouveau plan.
Force est de constater que les troupes américaines n'ont pratiquement pas quitté la région, mais se sont seulement déplacées pour rester à l'écart des ennemis dans le cadre du nouveau programme.
Parmi les 2 500 soldats américains déployés en Afghanistan entre 1 200 et 1 300 sont censés se retirer du pays. Comment pourrait-on croire que la présence de ces derniers était si efficace que les 350 000 soldats afghans n’étaient en mesure de les remplacer et en compenser l'absence?
Quant à l’Irak, Washington prétend retirer ses forces du pays : il s’agit d’une démarche qui doit naturellement s’effectuer en toute sécurité. Cependant, les évolutions sur le terrain montrent que les attaques contre les bases de l’axe de la Résistance en Irak se sont nettement intensifiées.
Les nouvelles attaques américaines sont axées sur deux axes : insécuriser la route Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth et cibler les dépôts de munitions. À vrai dire, les Etats-Unis se doivent d’affaiblir les Hachd al-Chaabi et de favoriser le terrain pour la réapparition de Daech avant de se retirer d’Irak et de la Syrie.
La décision d’insécuriser la route précitée a pour but de ne pas permettre à l’axe de la Résistance de compenser les armes détruites.
Par ailleurs, la vente du pétrole iranien et des produits qui en sont issus se fait parler d’elle ces derniers temps. Il semble que le Hezbollah veuille importer du carburant via la Syrie, l'Irak ou l'Iran sous forme de transport routier pour répondre aux besoins de la population.
Mais, l’approvisionnement en carburant par le Hezbollah ne va pas dans l’intérêt de M. Hariri qui semble espérer que le mécontentement social fera rage au Liban et finira par le déclenchement d’une guerre civile qui piégerait le Hezbollah et l’axe de la Résistance dans les affaires intérieures du Liban.
De toute évidence, le processus apparent du retrait américain de la région ne doit pas être considéré avec bonté, sachant que les Américains ont certainement des plans pour contenir l'Iran et l’axe de la Résistance.