Pour un Israël qui se trouve désormais en première ligne de toute guerre USA/Iran à venir, c’est plus qu’un avertissement. Au plus fort des tensions militaires américano-iraniennes, le régime israélien se serait bien passé de l’annonce tonitruante de M. Patrouchev, qui a reconnu la culpabilité américaine dans l’affaire de RQ-4. « C’est effectivement les États-Unis qui ont violé l’espace aérien iranien », a-t-il déclaré. Cette remarque, ajoutée à celle qui qualifie l’Iran de partenaire clé de la Russie dans sa lutte contre le terrorisme en Syrie, devrait balayer d’un revers de main ces spéculations optimistes qui croyaient à un lâchage de l’Iran par la Russie de Poutine. Et ce, à un moment unique dans l’histoire russe : au Moyen-Orient se joue une partie d’échecs que la Russie semble sur le point de remporter. Mais sa victoire finale ne sera pas possible sans l’aide iranienne.
À l’issue de sa rencontre avec le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Nikolaï Patrouchev, directeur du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie, a déclaré, ce mardi 25 juin, que l’Iran était un allié clé de Moscou en matière de lutte antiterroriste.
Nikolaï Patrouchev, John Bolton et Benjamin Netanyahu se sont rencontrés ce mardi à Qods.
Concernant la destruction du drone d’espionnage américain par la DCA iranienne, Nikolaï Patrouchev a déclaré que conformément aux données fournies par le ministère russe de la Défense, l’Iran avait abattu le drone américain dans son espace aérien.
Le jeudi 20 juin, la DCA iranienne a abattu un drone d’espionnage des États-Unis de type Global Hawk alors qu’il survolait les eaux territoriales de la République islamique d’Iran, tandis que la Maison-Blanche prétend que l’appareil aurait été pris pour cible lorsqu’il volait dans l’espace aérien international.
Nikolaï Patrouchev s’est ensuite attardé sur les accusations anti-iraniennes de Washington et de Tel-Aviv à propos de l’incident de la mer d’Oman en disant que la Russie n’acceptait aucune accusation tant qu’une enquête n’aura pas été menée.
« Ouvrez une enquête sur l’attaque visant les pétroliers, car nous n’accepterons aucune accusation [contre l’Iran] avant les résultats de l’enquête », a souligné le directeur du Service fédéral de sécurité de la Russie.
Il a qualifié de « non professionnels » les renseignements ayant été fournis à propos de cet incident.
Le jeudi 13 juin, une explosion a touché deux pétroliers baptisés « Front Altair » et « Kokuka Courageous ».
Les États-Unis et le Royaume-Uni n’ont pas tardé à accuser l’Iran sur la base d’un enregistrement vidéo suspect dont l’authenticité n’a pas encore été confirmée. Mais l’Allemagne et d’autres pays européens se sont abstenus d’accuser l’Iran et ont jugé « insuffisante » la vidéo pour imputer la responsabilité de cette attaque à l’Iran.
Nikolaï Patrouchev, qui avait mis l’accent sur une « Syrie indépendante » lors de sa rencontre avec John Bolton et Benjamin Netanyahu, a ajouté, devant les journalistes, que « les attaques d’Israël contre la Syrie sont préjudiciables ». Il a qualifié d’« inacceptable » toute tentative de présenter l’Iran comme une menace internationale.
Le responsable russe avait précisé, pendant ladite réunion tripartite, que Moscou souhaitait voir une Syrie en paix, prospère et indépendante.
« Les parties qui ont pris part à cette conférence doivent partager cet objectif », a-t-il ajouté.
Lors du sommet tripartite qui a suivi cette conférence de presse, Nikolaï Patrouchev a déclaré : « Nous comprenons les préoccupations d’Israël et il nous importe que ces préoccupations soient levées, mais il faut néanmoins rappeler que d’autres pays de la région ont aussi leurs propres intérêts nationaux et si nous négligeons ces intérêts, il est peu probable que nous puissions parvenir à des résultats concrets. »
Le responsable russe a ajouté que l’Iran et la Russie combattaient conjointement le terrorisme et que les deux pays s’influençaient mutuellement dans certains domaines.