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Comment blanchir les terroristes de l'ASL, stratagème turc fonctionnera?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des éléments du groupe terroriste Jaysh al-Izza. ©AFP

Il y a quelques jours, l'émissaire syrien à l'ONU alors présent aux pourparlers d'Astana dénonçait la Turquie d'avoir occupé quatre fois plus de territoire dans le nord de la Syrie que le Golan. Cette remarque, fort à propos, est presque passée sous silence par les médias. Et pourtant il y a de quoi s'y intéresser. Certaines sources affirment qu'Ankara plaide en faveur d'une autonomie du nord et du nord-est syrien, autonomie axée sur une milice qui est à sa solde, l'ASL. Pour éviter une offensive syrio-russe contre Idlib où les terroristes nosratistes ne cessent d'amplifier leur action anti-syrienne, Ankara promet à la partie russe et syrienne de faire intégrer Al-Nosra par l'ASL. Certains canaux proches des autorités turques évoquent l'ingénieuse mais o combien écornée idée turque selon laquelle l'ASL pourrait devenir une sorte de "Hezbollah" au nord de la Syrie, à savoir une organisation armée qui intégrerait peu à peu la vie politique. A quoi joue la Turquie d'Erdogan? Dans son article daté du 25 avril, le site web Al-Monitor tente d'y apporter sa réponse. 

Le 27 avril, le président russe a prévenu les groupes armés de ne pas perpétrer d’actes terroristes dans la zone de désescalade d’Idlib et a tenu à souligner que la Russie ne les laisserait pas impunis. « En ce qui concerne la zone d’Idlib, je l’ai répété à plusieurs reprises et je souhaite le répéter encore une fois. Nous devons continuer à combattre les terroristes qui se sont installés dans cette zone d’Idlib. S’ils effectuent des incursions à partir de là, ce qui arrive de temps en temps, ils subiront une riposte de notre part », a souligné le président Poutine lors d’une conférence de presse à Pékin.

Pour de nombreux analystes, ces propos ont la valeur d'un avertissement : en dépit de ses acrobaties politiques, la Turquie risque de voir la province d'Idlib s'échapper de son emprise, puis les actes de guerre commis de plus en plus fréquemment par les terroristes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) contre les positions de l'armée à Hama, à Idlib ou encore à Alep, justifient amplement une telle offensive. En effet, la Turquie avait pour mission et conformément à l'accord de Sochi, d’éradiquer les terroristes d'Idlib, tâche qu’elle n’a pas voulu remplir jusqu'ici. Le temps ne joue donc pas en faveur du président turc Recep Tayyip Erdogan: l’opération contre Idlib sera définitive s’il ne décide pas d’en finir avec les terroristes. Pas un jour ne passe d'ailleurs sans que l'aviation syrienne et russe ne mène des opérations dans cette région ou sans que Damas ne se dise déterminé à reprendre Idlib. 

Que faire donc? Un ingénieux plan semble avoir traversé l'esprit des stratèges d'Ankara : la première phase de ce plan a été partiellement mise en place : faire adhérer à la milice terroriste de l'ASL, soutenue depuis 2011 par Ankara, les terroristes de Hayat Tahrir al-Cham. Ce cocktail agit à l'heure qu'il est depuis Idlib occupé contre les positions de l'armée syrienne et de ses alliés à la fois à Hama, à Alep et il étend désormais son action à Lattaquié où se trouve la base aérienne russe. 

Il est vrai que les troupes turques protègent les terroristes d'Al-Nosra face aux attaques de l’armée syrienne et certains médias affirment même que les appareils turcs n’hésitent plus à soutenir depuis le ciel syrien qu'ils violent les opérations au sol des Qaidistes.

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Mais cet état de choses, peut-il perdurer? L'article d'Al-Monitor répond par négation : "À Pékin, Poutine a été bien en colère. Il n’a pas exclu qu’une opération militaire de grande envergure puisse se dérouler à Idlib compte tenu des intérêts de la population civile locale et bien que celle-ci ne soit pas opportune pour le moment. Mais outre la Russie il y a aussi la forte opposition de l'armée syrienne et de ses alliés de l'axe de la Résistance à une zone tampon à quoi travaille Ankara dans le nord de la Syrie. Certains milieux en Turquie poussent les autorités à établir un parallèle entre l'ASL et le Hezbollah et à faire savoir à Damas que l'ASL pourrait jouer le même rôle que la Résistance libanaise pour l'État syrien, si ce dernier acceptait son maintien dans les régions du nord. L'idée a été violemment rejetée par Damas qui refuse toute comparaison. 

Pourquoi?  

Ankara cherche à accorder une légitimité internationale à l'ASL, une milice terroriste créée par les services occidentaux et la Turquie pour renverser dès 2011 l'État syrien, une milice qui compte désormais dans ses rangs Daechistes, Qaidistes, Salafistes et autres. Les Syriens ne sont pas prêts à oublier les exactions commises par l'ASL à leur encontre, ASL qui agit désormais à titre de bras exécutant de l'occupant turc en Syrie. Et puis une milice aussi sanguinaire, n'a rien qui puisse être comparé au Hezbollah. De tout son existence, la Résistance libanaise n'a fait que protéger le Liban face aux ennemis extérieurs. Le Hezbollah est une force à 100% libanais. Il fait partie du peuple et du gouvernement libanais et n’a jamais agi contre les intérêts ni de la nation ni de l’État libanais. Alors que l’ASL est impliquée dans le massacre des civils syriens. Quant à Hayat Tahrir al-Cham, il regroupe des terroristes d’origines étrangères. Ils ne se disent pas Syriens et ne considèrent pas la Syrie comme leur patrie.

Des terroristes ne pourront jamais intégrer la scène politique syrienne. Et puis, comme l’a indiqué un diplomate occidental parlant avec Al-Monitor sous couvert de l'anonymat, si Ankara se livrait à un tel exercice, « cela équivaut à un vœu pieux puisque ni la Russie ni l'Iran, et encore moins Damas, n'accepteraient un maintien en l'état de l'ASL ni sa fusion avec Al-Qaida. Ankara se trouve plus que jamais face à un dilemme : entrer en clash avec la Syrie et ses alliés ou jouer le franc jeu et couper définitivement avec ses ambitions expansionniste ».

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV