Idlib est le théâtre de violents affrontements entre différents groupes terroristes mais aussi d'attaques terroristes contre les positions de l'armée syrienne et de ses alliés. À Hama, à Lattaquié, à Alep, les tirs de roquettes et de mortiers visent désormais régulièrement les positions de l'armée syrienne au mépris de l'accord de Sotchi signé entre la Russie et la Turquie. Où va Idlib?
En plein cœur de Jarablous, ville du nord-est de la province d'Alep, un groupe de terroristes, dont l’identité n’a pas été révélée, ont fait exploser une voiture devant une base militaire appartenant aux terroristes qui participent depuis 2017 à l'opération Bouclier de l’Euphrate chapeauté par la Turquie. L’explosion a fait des dizaines de morts et de blessés dans les rangs des terroristes pro-turcs du Bouclier de l’Euphrate ainsi que parmi les habitants civils du quartier.
Comme d'autres villes du nord et du nord-est de la province d’Alep, Jarablous reste contrôlée par les terroristes du Bouclier de l’Euphrate, soutenus directement par la Turquie. Que fait la Turquie à Idlib?
Selon les sources bien informées, les puissants groupes terroristes dont et surtout le qaïdiste Hayat Tahrir al-Cham chercheraient à affaiblir les terroristes du Bouclier de l’Euphrate dans la province d’Alep pour ainsi y renforcer leurs propres positions. Les récents affrontements pourraient, de même, émaner d’un conflit interne parmi les terroristes du Bouclier de l’Euphrate. La presse turque évoque de plus en plus la perspective d'une implication directe de Riyad et d'Abou Dhabi dans les combats au nord et au nord-est syrien. Yeni Safak a affirmé dans l'un de ses derniers numéros que les "forces saoudiennes et émiraties" iraient remplacer les Américains dans le nord syrien. La Turquie semble se préparer à faire face directement à Riyad en Syrie, affirment ces analystes. Dans le sud de la province d’Idlib, des terroristes à l’identité inconnue ont en effet assassiné Abou Obeïd al-Jazrawi, un haut commandant du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham.
Ces affrontements sont symptomatiques d'un état de faits : la Turquie avait promis à la Russie d'anéantir les terroristes d'Al-Qaïda en échange d'un arrêt de l'offensive russo-syrienne contre Idlib. Les services de renseignement turcs semblent donc agir en ce sens mais leur tache est loin d'être satisfaisante. Pourquoi?
L'armée syrienne visée
En effet, les positions de l’armée syrienne aux alentours de la ville d’Abou Douhour sont quasi quotidiennement attaquées par les terroristes qui ont été à chaque fois repoussés par les forces gouvernementales. Abou Douhour se situe dans le sud-est de la province d’Idlib et c'est une base aérienne d'une extrême importance.
Les offensives régulières des terroristes contre les positions de l’armée syrienne dans le sud-est de la province d’Idlib et le nord de la province de Hama constituent une violation flagrante de l’accord de Sotchi, signé entre Ankara et Moscou, et qui prévoyait la mise en place des zones démilitarisées dans le nord de la Syrie.
Selon une source militaire syrienne, « l’armée régulière reste sur ses positions sans le moindre recul d’autant plus que les agissements provocateurs des terroristes la rendent de plus en plus déterminée à reprendre le contrôle des régions que ces derniers contrôlent actuellement ». L'accord de Sotchi semble d'ailleurs avoir permis aux terroristes qui ne se sont jamais désarmés, de se refaire une bonne santé et de reprendre leurs attaques de plus bel. Ils se permettent de violer ouvertement le cessez-le-feu dans le nord de la Syrie et pourtant, la Turquie qui disait vouloir rétablir un calme relatif dans cette région continue à ne rien faire, a ajouté la même source.
Dans ce droit fil, l’unité balistique et l’artillerie de l’armée syrienne ont pris pour cible un groupe de terroristes non loin d’al-Tamanah dans le sud de la province d’Idlib. Une vingtaine de terroristes ont été abattus. Cette action balistique pourrait s'étendre ou encore se charger d'une dimension russe.
Par leurs attaques constantes contre le sud-est de la province d’Idlib, les terroristes tentent de déstabiliser les régions occidentales d’Abou Douhour afin de barrer la route aux déplacés qui cherchent à quitter les régions occupées. L'aéroport militaire d'Abou Douhour a été libéré en 2016 par l'armée syrienne au bout de trois ans de siège. Les forces syriennes et leurs alliés ne permettront sans doute pas à ce que les terroristes pro Riyad (Al Qaïda) ou pro-Ankara s'en emparent.