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Pari sur la sécurité internationale, les USA cherchent-ils à déclencher la guerre des "détroits"?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le mouvement Ansarallah du Yémen contrôle le détroit de Bab el-Mandeb. ©AFP

Le port stratégique de Hudaydah sur la côte ouest du Yémen est toujours sous le contrôle d’Ansarallah. C'est un atout stratégique dans la mesure où Ansarallah assure la libre circulation maritime via le détroit de Bab el-Mandeb. Si les USA poussent l'Iran à fermer le détroit d'Hormuz, y aura-t-il des répercussions allant jusqu'au détroit de Bab el-Mandeb? 

Hossein Cheikholeslam, ancien conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères, revient sur cet atout et les menaces pétrolières des États-Unis proférées contre l'Iran. Le président américain a exigé à "ses partenaires" de réduire à zéro leurs importations en pétrole iranien d'ici le 4 novembre, provoquant la réaction du président Rohani. Ce dernier a assuré le 22 juillet que l'Iran ne resterait pas les bras croisés à voir les Américains fermer ses vannes pétrolières et qu'il y réagirait en fonction.

Selon l'analyste, le détroit d'Hormuz n'est pas l'unique voie maritime qui sera obstruée, si les exportations pétrolières iraniennes sont réduites à zéro : « Les représailles sont l’un des principes fondamentaux de la diplomatie. Si les États-Unis et leurs alliés tentent de geler nos exportations de pétrole, il serait bien naturel qu’en représailles, l'Iran agisse et notre riposte devrait frapper les exportations pétrolières de la région», a indiqué M. Cheikholeslam. 

Mais est-ce une stratégie porteuse que de pousser l'Iran à l'extrême? 

L'administration US ne cesse de presser l'Opep de pomper plus d'or noir pour faire baisser les prix tout en poussant les clients du pétrole iranien à réduire leurs achats. C'est peut-être une stratégie qui fonctionnerait à court terme mais à long terme elle est condamnée. Et d'ailleurs, en dépit de toutes les pressions exercées par Trump, le prix du baril suit une dynamique haussière. Mais mis à part ce point, la perspective d'un blocage du détroit d'Hormuz est une calamité pour le marché énergétique. 

« Une grande partie du pétrole exporté du monde étant produite dans le golfe Persique, le blocage du détroit d'Hormuz aurait un impact immédiat sur les cours du pétrole qui sont déterminants pour les États-Unis, grand consommateur de l'or noir. Surtout que les élections de mi mandat s'approchent et que la prochaine élection présidentielle US n'est pas trop loin », a souligné l'ancien vice-ministre. Les élections du Congrès auront lieu en novembre et si les Républicains perdent, la donne changera.

Mais la guerre des détroits pourrait s'étendre et aller au-delà du golfe Persique ? 

« Le détroit de Bab el-Mandeb est un point de passage stratégique par où transite près de la moitié du commerce mondial. D’ailleurs dans la guerre sans merci qu'ils mènent contre les yéménites, les Occidentaux veulent entre autres choses le contrôle total de Bab el-Mandeb pour faire chanter les Chinois. D'où l'excellent initiative de la Chine de planter une base militaire à Djibouti. À mon sens, Saoudiens et Émiratis se sont fait instrumentaliser par les Occidentaux et l’expansionnisme insulaire des Émirats qui touche Socotrat et autres îles yéménites répond à cette même logique. Or Ansarallah qui contrôle le port de Hudaydah, en assure aussi le trafic maritime mais il peut ne pas le faire pour les bâtiments appareillant sous certain pavillon. En ce sens, les propos de M. Rohani peuvent être interprétés à la fois comme étant une « occasion » et une « menace ». La paix et la stabilité dans le golfe Persique et les détroits d’Hormuz et de Bab el-Mandeb vont dans l’intérêt de l’Iran. Nous vivons dans une région où le feu de la guerre menace aussi nos intérêts. La sécurité est vitale pour l'Iran tout comme pour nos voisins. Mais les puissances occidentales, bien loin de notre région, jouent avec cette sécurité à des fins domestiques. Trump provoque une hausse du prix du pétrole pour faire face à la Chine, exige à Riyad de produire plus de pétrole pour réduire le prix à la pompe pour les vacanciers américains...Le monde ne peut plus tolérer les caprices des Américains. »

Pour l'ancien vice ministre, Rohani n'exagère pas quand il affirme que la guerre avec l'Iran est la mère de toutes les guerres et que la paix avec ce pays, est la mère de toutes les paix : « L'Iran est à même de porter sa contribution pour mettre un terme à l'enlisement occidental au Yémen. Imaginez que la tension monte en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb. Le prix des marchandises va grimper et avec lui, leur droit d'assurances. Cela nuira aux intérêts de l'Europe. Nous pouvons jouer un rôle important dans le règlement de tous ces risques. Surtout que le président du Conseil politique yéménite a écrit une lettre à Vladimir Poutine puis au président chinois. Il leur demande d'intervenir dans la crise car au point où il en est le conflit, tout peut arriver. Les forces yéménites ont bien prouvé qu’elles sont capables de s’infiltrer dans le territoire saoudien. L'armée et le mouvement Ansarallah ont réussi à développer, en à peine trois ans, des drones baptisés Raqeeb, Qasef-1 et Rased. Leur dernière prouesse est le drone Samad-2. Et ces appareils ont été à même de frapper les sites pétroliers saoudiens pas plus tard que le 18 juillet dernier. Tout ceci n'augure rien de bon ni pour le marché pétrolier ni pour le trafic maritime. Il est temps que l'Occident entende la voix de la raison. »

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV