Bien que le président français Emmanuel Macron préfère faire avancer ses objectifs en ayant recours à sa fameuse tactique consistant à sourire à tout-va, il est toutefois entré dans un jeu dangereux en emboîtant le pas aux États-Unis concernant l’accord nucléaire avec l’Iran.
Lors de son déplacement aux États-Unis, il a dit avoir fait de son mieux pour sauver l’accord nucléaire avec l’Iran ; cependant, aux dires de son homologue américain Donald Trump, non seulement Macron n’a pas réussi à convaincre les Américains de rester dans l’accord Iran/5+1, mais pis encore, Emmanuel Macron a beau avoir longuement bataillé avec Donald Trump, mardi matin dans le Bureau ovale, sur les mérites de l’accord nucléaire conclu avec l’Iran en 2015, il ne pense pas l’avoir convaincu.
« J’ignore ce que votre président va décider, a-t-il déclaré mercredi à des éditorialistes américains, mais à mon avis il va se débarrasser de cet accord de son propre chef, pour des raisons de politique intérieure. »
En tout état de cause, les efforts de l’Élysée concernant le PGAC ne datent pas d’aujourd’hui.
C’est exactement au début de l’été 2017 que les présidents américain et français s’étaient livrés à des tractations politiques sur le Plan global d’action conjoint (PGAC).
En juin 2017, elles s’effectuaient de façon discrète. L’ex-secrétaire d’État américain Rex Tillerson et son homologue français Jean-Yves Le Drian se sont entendus pour considérer l’accord nucléaire comme un souci « atlantiste » et de faire des efforts pour le modifier dans le sens des intérêts des États-Unis et d’Israël. C’est en août de la même année que Macron a explicitement annoncé qu’on pouvait mener des négociations avec Téhéran sur ses capacités balistiques et imposer de nouvelles restrictions sur son programme nucléaire après 2025.
La coopération entre la Maison-Blanche et l’Élysée sur l’accord nucléaire a atteint son paroxysme en septembre 2017, simultanément à la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Lors de deux rencontres distinctes avec Donald Trump et Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien, le président français s’est engagé à ne ménager aucun effort pour faire inclure le programme balistique iranien dans le PGAC. Il a également assuré aux États-Unis et à Israël qu’il ferait pression sur l’Iran concernant l’inspection de ses sites militaires.
Tout cela pour dire que le jeu commun américano-français est en cours depuis longtemps. Macron, bien conscient des positions de Trump concernant l’accord nucléaire, a fait une visite « spectacle » aux États-Unis dans le cadre d’une nouvelle opération psychologique et politique du tandem Paris/Washington contre l’Iran.
La réalité est que Macron et Trump sont sur le point de poser la dernière pièce d’un puzzle conjoint dont l’image avait déjà été déterminée longtemps à l’avance.
Cette image n’est rien d’autre que le « désarmement permanent » de l’Iran face à la « menace simultanée de ses capacités balistiques et nucléaires ».
Le fait de s’imaginer que Washington et l’Europe ne joue pas le même jeu, dans la conjoncture sensible qui est la nôtre, constitue la plus grande erreur de calcul et de stratégie face aux récentes évolutions liées à l’accord nucléaire.
Cela étant dit, il faut aussi tenir compte que les États-Unis et la troïka européenne cherchent à accéder à un « objectif commun » et à parachever un « processus prédéfini ».
Le seul facteur susceptible de perturber ce jeu commun et d’empêcher le parachèvement de ce processus dangereux est que l’Iran refuse toute renégociation de l’accord nucléaire, n’accepte pas le moindre changement et insiste sur son retrait de l’accord en cas de retrait US.