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Washington souhaite fragiliser le triangle Iran-Russie-Turquie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les forces de l'armée syrienne sur le point de franchir la rive est de l'Euphrate, en septembre 2017. © AFP

Hadi Mohammadi, analyste iranien des questions internationales, a fait paraître, le vendredi 16 mars, un article dans le quotidien Javan au sujet du triangle Iran-Russie-Turquie et des efforts des Américains visant à le fragiliser.  

"Les trois pays garants du cessez-le-feu, qui se penchent de temps à autre à Astana sur la situation en Syrie, croient que la création des zones de désescalade en Syrie et le lancement d'un processus politique dans ce pays, déchiré par la guerre, constituent les objectifs qui devront être concrétisés sans ingérence étrangère. Cette théorie n'est pas partagée par les États-Unis, l'Europe, le régime israélien et leurs alliés arabes. Les États-Unis et leurs alliés qui souhaitaient parvenir à leurs objectifs, en Irak et en Syrie, en s'appuyant sur terrorisme takfiriste, viennent de passer à l'acte plus directement que jamais et ne lésinent sur rien pour ralentir, voire arrêter le processus de l'éradication des terroristes, les tentatives allant d'une guerre médiatique aux accusations obsolètes de type droits de l'hommiste.

Mais il existe une partie qui est plus que toute autre prise entre les deux eaux : la Turquie d'Erdogan. Les États-Unis et leurs alliés ont donné leur fer vert à la Turquie pour qu'elle puisse s'emparer d'Afrin, de Manbij et de la rive orientale de l'Euphrate. De leur côté, les Turcs, qui croient pouvoir là ressusciter leur empire d'antan en éradiquant les kurdes, jugent le moment opportun pour pousser Damas à faire des concessions. Le plan d'Erdogan entre totalement dans le schéma global d'occupation de la Syrie. Erdogan amputera la Syrie du nord quand les Américains s'empareraient de l'est pétrolifère. 

Erdogan, qui rêvait d'occuper Damas et de mettre en place un gouvernement des Frères musulmans, ne cesse de multiplier des signes positifs à l'adresse de l'Otan, des États-Unis et de l'Occident  et les encourage à se lancer dans une confrontation directe avec l'armée syrienne et de s'engager directement dans les combats. C'est un double jeu que puisque la Turquie coopère, en même temps, avec l'Iran et la Russie dans le cadre des négociations d'Astana.

La Turquie négocie donc avec les Américains pour qu'ils permettent l'évacuation des Kurdes du nord syrien et là aussi elle suit un objectif bien précis. Car les Américains jouissent d'une grande influence auprès des Kurdes et prétendent être leur partenaires. Les Américains sauraient donc parfaitement capables de provoquer des mouvements d'exode et de changer le tissu démographique du nord de la Syrie, mettant à la porte les kurdes et les remplaçant par des arabes, ce que souhaite M. Erdogan. 

Mais dans cette réaction US, il y a aussi l'aveu d'impuissance : les Américains ne comptent pas beaucoup sur leurs bases militaires disons de "pacotille" sur l'est de l'Euphrate. Ce sont des bases de fortune situées sur la rive orientale du fleuve qui sont à des années de lumières des fortifications que les USA possèdent par exemple dans la région du golfe Persique. C'est un pari risqué que de vouloir en découdre avec l'axe de la Résistance principalement positionné sur la rive orientale du fleuve via ces bases de fortune.

Mais il existe une autre raison qui incite les Américains de ne pas totalement fermer la porte à Ankara : Washington salue l'idée de négocier avec les Turcs dans l'espoir de pouvoir fragiliser le trio Iran-Russie-Turquie et d'obtenir le soutien d'Ankara au maintien des forces américaines sur la rive orientale de l'Euphrate. Washington et Ankara cherchent chacun à tirer profit de l'autre : le premier veut mettre face à face l'armée turque et l'axe de la Résistance, tandis que le second voit à travers ce jeu ambiguë une opportunité pour occuper le territoire syrien et y préserver son influence. 

La crise syrienne est entrée dans une nouvelle étape: l'éradication des terroristes du Front al-Nosra et de Faylaq al-Rahmane s'annonce certaine dans la Ghouta orientale et la Turquie tente d'assurer la sécurité des terroristes de Jaych al-Islam et d'Ahrar al-Cham, en suggérant qu'ils s'agiraient des groupes "modérés".

Quant aux Israéliens, ils sont toujours sous le choc provoqué par l'abattage de leur avion F-16 par la DCA syrienne. Une chose est sûre : sans le savoir, la Turquie et les Etats-Unis pourront non pas s'aider mutuellement, mais se bloquer de façon réciproque. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV