Le journal libanais Al-Akhbar évoque dans son édition du 31 août les effets collatéraux du transfert des terroristes de Daech de l’ouest à l’est de la Syrie et lève un coin du voile sur l’intention des États-Unis de jeter la pomme de discorde entre l’Irak et le Liban.
Cette fois, les critiques fusent du côté de Bagdad et des politiciens irakiens, non pas de Beyrouth. En deux jours, il est devenu évident que les États-Unis souhaitaient saper la coopération entre les forces anti-Daech de part et d’autre des frontières libano-syriennes, qui ont contribué au transfert des terroristes à Abou Kamal, dans la province de Deir ez-Zor.
En début de semaine, après huit jours de combat intense avec Daech, le Hezbollah libanais est parvenu à un accord avec le groupe terroriste, qui a consenti à déplacer ses éléments des régions frontalières libano-syriennes, où ils étaient implantés depuis trois ans, vers la province de Deir ez-Zor en Syrie.
Beyrouth n’est pas étranger à la polémique autour de la « seconde libération » du Liban, rappelle le journal. Mais cette fois, elle a gagné l’Irak et est marquée du sceau américano-saoudien.
Le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, a critiqué l’accord du Hezbollah, le qualifiant de menace pour l’Irak. Cette réaction a quelque peu choqué les partisans de la Résistance qui y ont vu « une calamité au sein de la communauté chiite ».
Suite à cette prise de position, les chasseurs américains de la coalition militaire internationale ont bombardé de nuit la route par où transitaient les convois transportant les rebelles armés. Bien que la presse ait mis cette information en sourdine, le porte-parole de la coalition Ryan Dillon a déclaré qu’un pont avait été bombardé pour faire obstacle à l’avancée du convoi vers l’est.
Citant une source bien informée, Al-Akhbar écrit que les Américains cherchent à jeter la pomme de discorde entre l’Irak et les forces de la Résistance et convaincre le peuple irakien de leur soutien.
Les attaques coordonnées de Washington et de Riyad étaient survenues sans que les Hachd al-Chaabi eussent pris une position quelconque par rapport aux récents événements. Mais le vent commence à tourner. Un des membres éminents des Unités de mobilisation populaire a ainsi clairement pris le parti du Hezbollah en déclarant au journal libanais : « Nous adhérons aux propos de Seyyed Hassan Nasrallah et rejetons la position d’al-Abadi. En plus, vu leur nombre, les daechistes transférés ne représentent aucune menace et la ville d’Abou Kamal est loin des villes frontalières. »
En réponse aux autorités irakiennes réticentes à l’accord entre le Hezbollah et Daech, le secrétaire général du mouvement libanais Hassan Nasrallah a souligné que l’accord consistait au transfert des terroristes de l’ouest à l’est de la Syrie, et non pas en Irak.
Al-Akhbar fait aussi allusion à la position de Nouri al-Maliki, président de la Coalition de l’État de droit, qui estime que le déplacement des terroristes faisait partie d’un plan stratégique. Le vice-président irakien a déclaré que les critiques en direction de Nasrallah étaient dues à l’ignorance et à la rancœur. « La décision du Hezbollah est tout à fait appropriée. Deir ez-Zor et Abou Kamal sont des villes syriennes. L’Irak n’est pas concerné », a-t-il ajouté.