Le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, affirme que l’Iran agit en fonction de ses propres intérêts, sans tenir compte des attentes du président américain Donald Trump, soulignant l’engagement de Téhéran envers la diplomatie.
M. Araghchi a tenu ces propos lors d’une interview accordée au site d’information iranien Khabar Online, publiée ce dimanche 23 mars, quelques jours après la réception par l’Iran d’une lettre envoyée par Trump, par l’intermédiaire d’un émissaire émirati.
Interrogé sur la lettre de Trump et sur la question de savoir s’il recevrait une réponse écrite, le haut diplomate iranien a déclaré : « Nous n’avons rien à voir avec ses attentes. Nous agissons selon nos propres intérêts. Ce qui est le mieux pour nous sera fait. »
Il a également souligné l’importance de la diplomatie. Selon le ministre, les pays privilégient la voie diplomatique autant que possible, « la guerre devient parfois inévitable, malgré les coûts et les dangers qu’elle entraîne ».
« On ne peut jamais dire que la voie diplomatique est terminée, car l’alternative à la diplomatie est la guerre », a indiqué M. Araghchi, ajoutant que l’Iran a toujours évité la guerre, mais qu’il s’y tient prêt et ne la craint pas.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a poursuivi : « La politique étrangère de la République islamique d’Iran est clairement axée sur la diplomatie et l’évitement de la guerre, sauf lorsque celle-ci est inévitable, ce qui implique ses propres conditions. »
Plus tôt ce mois-ci, Trump a déclaré dans une interview à Fox News avoir envoyé une lettre au Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei. Dans sa lettre, Trump a dit proposer des négociations sur le programme nucléaire iranien, tout en brandissant la menace d’une intervention militaire comme alternative.
Les États-Unis ont en outre imposé de nouvelles sanctions à l’Iran, conformément à la politique dite de pression maximale de Trump.
L’Iran a annoncé qu’il n’engagerait pas de négociations avec les États-Unis tant que ceux-ci poursuivaient leur politique de pressions et de menaces. Actuellement, Téhéran réfléchit à une réponse à la lettre de Trump, qui constituait « davantage une menace », mais qui pourrait contenir également des opportunités.
Ailleurs dans ses remarques, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le refus de l’Iran de négocier avec les États-Unis provenait d’une expérience de longue date, pas d’une obstination.
Le ministre des Affaires étrangères a affirmé que la République islamique a déployé tous les moyens diplomatiques possibles pour obtenir une levée des sanctions qui lui ont été imposées.
Interrogé sur l’accord nucléaire de 2015 officiellement connu sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC), le chef de la diplomatie iranienne a indiqué : « Une fois l’accord conclu, nous avons respecté tous nos engagements de bonne foi. Qui a trahi la diplomatie ici ? Ce sont les États-Unis qui ont tout abandonné et ont emprunté une autre voie. Cela a créé une certaine méfiance. »
M. Araghchi a par ailleurs déclaré que le PGAC, sous sa forme et avec son texte actuels, ne pouvait être réactivé, compte tenu de l’évolution de la situation du programme nucléaire pacifique iranien et de l’imposition de nouvelles sanctions à l’encontre du pays. « Il n’est donc pas réaliste de réactiver le PGAC, mais il peut néanmoins servir de base et de modèle aux négociations. »
Dans une autre partie de l’interview, le ministre des Affaires étrangères a mis l’accent sur la neutralisation des sanctions et la tenue de négociations pour lever les sanctions comme étant deux missions importantes de la République islamique.
La première mission, qui consiste à contourner les sanctions et à les rendre inefficaces, est prioritaire sur la seconde, a-t-il ajouté.