Des milliers de manifestants sont descendus dimanche 3 septembre dans les rues de Niamey, la capitale nigérienne, pour la troisième journée consécutive, appelant à la fin de la présence militaire française dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Les participants à la manifestation du dimanche 3 septembre ont scandé : « A bas la France ! France dégage ! », répétant la demande des dirigeants militaires du pays qui ont renversé l'ancien président allié de Paris, Mohamed Bazoum, et son gouvernement le 26 juillet dernier.
Cette manifestation faisait suite à des manifestations similaires vendredi et samedi au cours desquelles des milliers de personnes se sont rassemblées près d'une base militaire française dans la capitale nigérienne pour exprimer leur soutien à la junte militaire et exiger le retrait immédiat des troupes et des diplomates français du pays.
A ces occasions, les manifestants se sont rassemblés près de la base aérienne de la 101e Escadrille, scandant des slogans tels que « A bas l'impérialisme », « Soldats français, le Niger est un pays souverain, partez ! et « Macron, le Niger n’est pas votre propriété ».
Le 3 août, les nouveaux dirigeants du Niger ont annoncé la fin des accords militaires avec la France, sur le déploiement de 1 500 soldats français encore sur place.
Depuis, les Nigériens manifestent devant la base militaire abritant les forces françaises, menaçant de prendre d'assaut les installations si les troupes françaises ne partent pas.
Fin août, les chefs militaires du Niger ont également expulsé l'ambassadeur de France, Sylvain Itté, après avoir levé son immunité diplomatique. Ils ont estimé que sa présence constituait une menace à l'ordre public.
Le nouveau gouvernement nigérien a donné à Itté 48 heures pour partir, accusant le pays européen de s'ingérer dans les affaires intérieures de son ancienne colonie africaine.
La France a de nouveau justifié dimanche le maintien de son ambassadeur au Niger, dont elle s'assure de la sécurité face aux pressions, alors que les militaires arrivés au pouvoir fin juillet exigent son départ. « Il est notre représentant auprès des autorités légitimes du Niger (...), nous n'avons pas à nous ranger aux injonctions d'un ministre qui n'a aucune légitimité », affirme la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna dans un entretien au journal Le Monde.
Les dirigeants militaires du Niger ont également accusé Paris de chercher à envahir le pays.
« Dans sa ligne de conduite, allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l'état-major de la Garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires », affirment les putschistes dans un communiqué lu le lundi 31 juillet à la télévision nationale.
Bien qu'il ait nié toute intention d'une telle invasion, Paris s'est engagé à recourir à une action « immédiate et sans compromis » si des citoyens ou des intérêts français étaient visés.
Les tensions diplomatiques sont à leur comble entre les militaires au pouvoir et la France qui ne reconnaît pas leur légitimité. Fin juillet, l’armée nigérienne a annoncé à la télévision nationale que le président Mohamed Bazoum avait été démis du pouvoir et qu’un conseil national avait été formé pour défendre le pays.