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La mort de Camp David par les jeunes égyptiens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le chef d'état-major de l'armée israélienne Herzi Halevi marche près du site d'où s'est infiltré le martyr Mohammed Salah. ©Al-Jazeera

« Le nouveau Suleiman Khater », c'est ainsi que les Égyptiens nomment le soldat martyr, Mohamed Salah, qui a mené une opération sans précédent le 3 juin, au cours de laquelle 3 soldats israéliens ont été tués près du poste-frontière d'Al-Awja entre l'Égypte et les territoires palestiniens occupés.

Une fois son identité révélée, Salah devient, aux yeux de la plupart des Égyptiens, un héros, une icône populaire, et un symbole de l'opposition continue du peuple égyptien à la normalisation des relations avec Israël, malgré la signature du traité de paix en 1979. Et ceci confirme que les crimes de l'occupation contre les Égyptiens n'ont pas été oubliés, et que le soutien populaire égyptien à la cause palestinienne demeurera encore longtemps.

Et voilà que les opérations des soldats égyptiens qui ont précédé Salah dans la lutte contre les Israéliens durant la période post-Camp David remontent à la surface, les plus célèbres d'entre eux étant Suleiman Khater et Ayman Hassan, dont on entend beaucoup parler ces jours-ci.

Il faut dire que le soutien populaire à l'opération héroïque de Salah - surnommée « la fierté des Arabes » - s'est accru lorsque les médias israéliens ont publié les témoignages d'anciens et actuels officiers et soldats de l'armée israélienne disant qu'ils avaient tué des soldats égyptiens à la frontière au cours des dernières années, sans jamais l'annoncer. Des informations qui annonçaient en fait que l'opération de Salah avait été menée dans le but de venger ses camarades.

L'opération menée par Mohamed Salah rappelle ainsi deux opérations, les plus célèbres, menées par deux Égyptiens contre les forces israéliennes après 1979, dans la zone frontalière.

La première et la plus célèbre a été menée par le soldat égyptien Suleiman Khater, le 5 octobre 1985, lorsqu'il a tiré sur un groupe d'Israéliens qui tentaient de contourner son poste de garde dans la région de Ras Barqa (sud du Sinaï), et ont refusé d'obéir à ses avertissements de retraite selon la coutume militaire. 7 d'entre eux ont été tués.

Renvoyé devant le tribunal militaire par une décision républicaine, alors que la constitution prévoyait le jugement par des tribunaux civils, Khater, pourtant titulaire d'un diplôme universitaire en droit, a été condamné le 28 décembre 1985 à 25 ans de prison.

Ce dernier, qui gardait en mémoire le massacre de Bahr al-Baqar ainsi que d'autres massacres perpétrés par les forces israéliennes, a commenté le verdict en ces termes : « Je ne crains pas la mort et je ne la redoute pas, puisqu'il s'agit du jugement et du destin de Dieu, mais je crains que le verdict prononcé à mon encontre n'ait des répercussions négatives sur mes collègues. »

Il aura suffi de dix jours pour que la presse annonce le suicide du soldat Suleiman Khater, le 7 janvier 1986, à l'hôpital de la prison militaire, dans un climat de suspicion généralisée et de récits démentant son suicide, si bien que Khater devint la figure emblématique de la défense de la patrie et du refus de la normalisation.

La deuxième opération, qui n'a pas acquis la renommée de l'opération Suleiman Khater - malgré sa supériorité qualitative et le nombre d'Israéliens tués - a été l'opération commando menée par le conscrit égyptien Ayman Hassan en 1990 en représailles au massacre d'Al-Aqsa, où un drapeau égyptien a été profané par les soldats israéliens.

Hassan avait alors réussi à s'infiltrer dans les territoires occupés le 26 novembre 1990 et à tuer 21 Israéliens et à en blesser une vingtaine d'autres, dont un haut responsable du Mossad chargé de la sécurité du réacteur nucléaire de Dimona et des officiers de l'aéroport militaire du Néguev.

Ayman Hassan s'est rendu aux autorités égyptiennes, a été déféré à un procès militaire et a été condamné à 12 ans de prison le 6 avril 1991.

Le journal israélien Haaretz a publié le 6 juin dernier un rapport sur le « meurtre » de trois soldats israéliens à la frontière avec l'Égypte, et a considéré cet incident comme le dernier d'une série d'échecs de l'armée du régime d'occupation, qui se répète depuis deux ans.

Quelques jours après cette opération, les médias hébreux ont écrit : « En Israël, des efforts sont déployés pour en finir avec l'attaque de la semaine dernière contre des soldats israéliens à la frontière avec l'Égypte, mais ce processus montre des aspects de la question de la normalisation des relations avec l'Égypte. »

Haim Levinson, journaliste pour Haaretz, a déclaré que l’accord de normalisation entre Israël et Le Caire est un « faux accord », soulignant qu’il n’y a pas de paix entre le peuple égyptien et les Israéliens.

Mohamed Salah a tué trois soldats sionistes lors d'un affrontement avec eux samedi matin 3 juin. Le conflit a eu lieu à 4h30 du matin au point de passage de Nitzana, établi en 1982 après la signature de l'accord de compromis entre le régime sioniste et l'Égypte.

Benjamin Netanyahu, le Premier ministre du régime d'occupation, a mentionné cet incident lors du conseil des ministres et a qualifié la mort des trois soldats à la frontière égyptienne d'« attaque terroriste catastrophique ».

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV