Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a entamé, mardi, une visite officielle en Algérie à l’occasion du 60e anniversaire de la signature de la Déclaration commune sur le Partenariat stratégique entre l’Algérie et la Russie.
Mardi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est arrivé en Algérie pour une visite inopinée au cours de laquelle il a rencontré son homologue Ramtane Lamamra et le président Abdelmadjid Tebboune, selon Alger International TV.
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La chaîne officielle a précisé que « cette visite intervient à l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Algérie et la Russie », sans plus de détails.
Ni le ministère russe ni le ministère algérien des Affaires étrangères n’ont annoncé la visite auparavant, et l’ordre du jour de Lavrov pour cette semaine ne prévoyait aucune visite en Algérie ou dans tout autre pays de la région du Maghreb.
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M. Lavrov s’est entretenu avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra et a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, selon la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
« Nous avons soutenu l’initiative de nos amis algériens visant à élaborer un nouveau document stratégique interétatique qui sera le reflet de la nouvelle qualité du partenariat bilatéral », a déclaré M. Lavrov lors de son entretien avec M. Lamamra, selon le ministère russe.
« Notre dialogue politique se développe de manière active, tout comme la coopération économique, militaire et technique et les liens humanitaires et culturels », a-t-il ajouté.
Avant cet entretien, M. Lavrov s’est recueilli au sanctuaire du Martyr à Alger, à la mémoire des martyrs de la Guerre de libération nationale où il a déposé une gerbe de fleurs, selon l’agence officielle algérienne APS. Cette visite, la première de M. Lavrov en Algérie depuis janvier 2019, coïncide avec le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Russie et l’Algérie.
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L’Algérie et la Russie entretiennent des relations historiques, tant sur le plan économique, avec des échanges s’élevant à 4,5 milliards de dollars, comme l’a annoncé Lavrov lors de sa dernière visite en Algérie avant l’arrivée au pouvoir du président Tebboune en décembre 2019.
L’Algérie se coordonne également avec la Russie dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz, ainsi que dans les réunions des pays exportateurs de pétrole « OPEP+ ».
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L’Algérie, exportateur de gaz de premier plan, fournit environ 11 % du gaz consommé en Europe, contre 47 % pour la Russie. Les États-Unis cherchent à réduire la dépendance des pays européens des livraisons russes depuis l’opération militaire russe en Ukraine, mais l’Algérie n’entend pas augmenter ses exportations vers le Continent vert.
Selon Sputnik, en pleine guerre d’Ukraine, début avril, l’Algérie a rejeté une demande américaine de reprendre l’exploitation du gazoduc vers l’Espagne. Suite à la tension entre l’Algérie et le Maroc, en décembre dernier, les autorités algériennes ont fermé ce gazoduc qui traverse le Maroc.
Des sources algériennes ont indiqué que les États-Unis avaient appelé à la reprise des activités de ce gazoduc lors de la récente visite de Wendy Sherman à Rabat, Madrid et en Algérie.
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L’Algérie est prudente face à la crise ukrainienne, car elle veut maintenir ses relations avec Moscou et s’abstenir de rejoindre les rangs des partisans de l’Occident dans cette crise.
Le 18 avril, le président russe, Vladimir Poutine, s’était entretenu au téléphone avec son homologue algérien, M. Tebboune, pour évoquer notamment « la coordination au sein de l’OPEP+, ainsi que la situation en Ukraine », selon l’agence officielle russe TASS. L’OPEP+ réunit les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menée par l’Arabie saoudite, et dix autres pays exportateurs non membres de l’OPEP, menés par la Russie.
Selon un communiqué du Kremlin, Vladimir Poutine et Tebboune ont discuté de la situation du marché de l’énergie et annoncé la décision des deux pays de poursuivre la coordination bilatérale.
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Les deux présidents ont convenu de l’importance d’échanger des visites de haut niveau entre responsables des deux pays, et de la prochaine réunion du comité mixte de coopération économique, qui a été reportée en raison de la pandémie de coronavirus, selon ce qu’a déclaré la présidence algérienne.
L’Algérie continue d’entretenir des relations étroites avec la Russie. En plus de la coopération dans les domaines de l’énergie et de l’industrie, la Russie est le plus grand fournisseur d’armes de l’Algérie et, selon une longue tradition, des officiers de l’armée algérienne - dont l’actuel chef d’état-major, Saïd Chengriha - sont formés en Russie.
À la mi-avril, des sources militaires russes ont annoncé qu’un exercice antiterroriste conjoint russo-algérien se tiendrait en novembre de cette année près de la frontière marocaine.
L’Algérie a refusé de prendre parti dans le conflit en Ukraine, mais a été le seul pays arabe avec la Syrie à voter contre la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Il semble que les responsables algériens soient réticents à aider l’Europe à affaiblir l’une des principales armes économiques de la Russie.
Il y a un mois, le PDG du géant public algérien des hydrocarbures SONATRACH soulignait que l’Algérie « ne peut pas remplacer le gaz russe ».