TV

Le Kurdistan irakien vend "illégalement" son pétrole à la Turquie et à Israël

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Dossier pétrolier: désintégration de la coalition tripartite? (Photo d'archives)

L’arrêt de la Cour suprême fédérale d’Irak sommant le Kurdistan de livrer tout son pétrole à Bagdad a imposé ses impacts à l’atmosphère politique du pays.

Saad Mohammed al-Kaabi, analyste politique irakien, a déclaré, lors d’une interview avec l’agence de presse al-Maalomah, que la décision de la Cour fédérale de permettre l’accès de Bagdad aux revenus pétroliers gagnés par le Kurdistan irakien entraînerait la désintégration de la coalition tripartite composée des blocs al-Taqaddom et al-Azm, qui s’étaient alliés entre eux, aux côtés des deux principaux partis kurdes, le Parti démocratique kurde (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). « Cette décision aboutirait à la désintégration de la coalition tripartite et au retrait de Barzani de cette coalition », a-t-il souligné.

« La réaction d’Erbil au dossier pétrolier, récemment ouvert par la Cour fédérale, susciterait une crise politique opposant les partis, notamment les partis de poids, les uns aux autres », a déclaré Mohammed al-Kaabi.

Lire aussi: Israël perdra le pétrole kurde

L’analyste irakien a prévu que les nouvelles conditions politiques entraîneraient la formation d’une nouvelle coalition entre le Cadre de coordination et le Mouvement sadriste. « C’est la meilleure possibilité qui pourrait se produire, car cela permettrait la formation d’un front uni étant en mesure de garantir la réalisation des décisions prises par la justice quant au dossier pétrolier », a indiqué Mohammed al-Kaabi.

La tension entre Erbil et Bagdad avait généralement des dimensions politiques, mais le tout récent arrêt de la Cour fédérale lui a donné également un aspect économique.

La Cour suprême fédérale d’Irak a sommé mardi le Kurdistan autonome de livrer le pétrole produit dans ses territoires au pouvoir fédéral de Bagdad, dossier épineux qui fait depuis de longues années l’objet de régulières dissensions.

Un arrêt rendu mardi par la Cour fédérale stipule « l’obligation pour le gouvernement (du Kurdistan) de livrer l’intégralité de la production des champs pétroliers du Kurdistan (...) au gouvernement fédéral. »

L’arrêt, publié sur le site internet du tribunal, somme aussi le Kurdistan de permettre aux autorités de Bagdad de « passer en revue tous les contrats pétroliers passés par le Kurdistan pour l’export et la vente de pétrole et de gaz. »

Lire aussi: Les convois de pétroles « kurdes » en partance pour Israël déclarés « cibles légitimes »

En réaction audit arrêt, Erbil l’a qualifié d’« inéquitable », de « contraire à la loi » et d’« inacceptable ».  

Selon les médias irakiens, la région du Kurdistan produit 450 000 barils de pétrole par jour et en exporte une grande partie au port de Ceyhan, en Turquie, via l’oléoduc de Kirkouk.

Dans ce droit fil, Massoud Barzani, numéro un du Parti démocratique kurde, a déclaré que l’arrêt de la Cour fédérale était purement politique et contrevenait à la Constitution.

De son côté, Nechirvan Barzani, chef du Kurdistan irakien, a souligné que la décision de la Cour fédérale n’était pas « réalisable ».

La Résistance, elle aussi, n’a pas tardé à réagir :  Dans un tweet publié en réaction au tout récent arrêt de la Cour fédérale, Qaïs al-Khazali, secrétaire général du mouvement Asaïb Ahl al-Haq, a écrit : « C’est la décision la plus importante jamais prise par la Cour fédérale irakienne depuis sa création, parce que cette décision n’est pas destinée à résoudre des problèmes politiques entre les groupes politiques, mais il s’agit plutôt d’une décision prise pour assurer les intérêts de l’Irak et pour renforcer son caractère uni. C’est une décision qui va dans l’intérêt de tous les Irakiens parce qu’elle a été adoptée dans le cadre de la Constitution qui stipule que le pétrole et le gaz sont la propriété de la nation irakienne. »

Lire aussi: « Les terroristes détenus au Kurdistan irakien menacent Bagdad »

Alors que Bagdad ne réserve le droit de la vente du brut qu’à la SOMO, l’agence étatique chargée de la commercialisation du pétrole irakien, Erbil se réserve le droit d’exporter le pétrole du Kurdistan, sur fond de sa propre interprétation de la Constitution.

Après plusieurs tours de négociations entre Bagdad et Erbil, ce dernier a finalement accepté de livrer quotidiennement 250 000 barils de pétrole à la SOMO pour que le revenu en découlant soit versé au trésor public de Bagdad, mais nombreux sont les experts étant d’avis que « le nombre de barils de pétrole exportés quotidiennement par Erbil n’est pas 250 000, mais 600 000 ».

« Le gouvernement local de la région du Kurdistan irakien n’a pas livré à Bagdad même un seul dollar sur les 250 000 barils de pétrole qu’il a exportés, mais le fait est que les exportations de pétrole de la région du Kurdistan irakien ne sont pas de 250 000 barils, mais de 600 000 barils par jour », a déclaré Hamza al-Jawaheri, expert irakien, à Bagdad Al-Youm. « La majeure partie de ces barils est exportée vers le régime sioniste via le port turc de Ceyhan », a-t-il précisé.

Hamza al-Jawaheri a ajouté qu’Israël et la Turquie achetaient le pétrole du Kurdistan à un prix inférieur à celui des marchés mondiaux, car « ils sont conscients qu’il s’agit d’une exportation illégale ».

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV