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Un deal US/Russie en Syrie, est-il probable?

Un Soukhoï Su-35S de l'armée de l'air russe. ©Wikipedia

Une certaine analyse estime que la Russie de Poutine aurait décidé d'un commun accord avec Biden de mettre à la porte du nord syrien Erdogan, changer le format aérien des attaques anti Iran d'Israël en Syrie et tout ceci, dans le cadre d'un nouveau "partage de poids et d'influence" au Moyen-Orient. La montée en puissance des frappes israéliennes contre la Syrie et la Résistance voire les frappes assassines russes contre Idlib de l'autre répondrait à cette logique.. et pourtant  il y a des zones d'ombres dans cette analyse quelque peu bancale des rapports des forces tels qu'ils existent au Moyen Orient. Mais d'abord où en est -on à Idlib? La Russie a déployé plus de 20 chasseurs en Syrie, qui seront utilisés dans des opérations contre l’armée turque pour la libération des régions occupées par des terroristes à Idlib, a-t-on appris d’un rapport publié le 1er novembre par le site Web militaire russe, Avia-pro. 

L'intensification des raids contre les frontières syro-turques, qui selon des sources tendent parfois à les déborder prouvent réellement que la Russie est décidé cette fois à en finir avec la présence turque dans le nord. Les troupes russes continuent d'ailleurs à maintenir leur présence militaire à Aïn Issa bien qu'elle se soient retirées de Tal Rafaat, épicentre d'attroupement turc en ce moment, là où Ankara veut étendre ses opérations militaires. De plus, la base russe a été approvisionnée en armes et équipements, au cas où la Turquie tenterait de violer la "ligne rouge" en Syrie et d'attaquer l'armée russe. En outre, Moscou a augmenté le nombre de ses déployés à Aïn Issa, ce qui indique que la Russie exercera non seulement une surveillance de près, mais empêchera aussi tout agissement de l'armée turque dans la région. Tout ceci cadre bien avec un soi disant compromis US/Russie. Mais ce n'est pas le tout dans l'histoire. 

Selon , South Front, la Russie a déployé des Su-35 à Qamichli, où elle détient une base qui jusqu'ici n'était que destinée à accueillir des hélico. Or Qamichli, située sur la frontière avec la Turquie et le Kurdistan irakien est la province où les Américains détiennent des bases. Cela veut dire que ces avions tactiques font leur émergence là où les Yankee circulent librement et souvent en dépit de la souveraineté syrienne. des avions de combat russes ont été repérés le 31 octobre, au-dessus de différentes parties de la région nord-est de la Syrie où les tensions entre les forces turques et kurdes se sont intensifiées. Le journal Independent Turkey a publié une vidéo montrant un avion de chasse Su-35S des Forces aérospatiales russes (VKS) manœuvrant au-dessus de la ville de Qamichli en banlieue nord de Hassaké, le long de la frontière turque. L'avion de combat aurait été déployé à l'aéroport de Qamichli, où les forces russes maintiennent une base, il y a quelques jours. Des sources turques ont également partagé une vidéo montrant un certain nombre d'hélicoptères russes Ka-52, Mi-8 et Mi-35 atterrissant à l'aéroport de Qamichli.

 

Une proximité Russie/USA en Syrie est-elle concevable? The Drive, revue militaire US n'écarte pas désormais un clash US/Russie dans le nord est puisque les "USA n'ont pas l'habitude de partager leur influence": " Jusqu'à présent, les avions de chasse russes n'ont pas été présents dans le nord-est du pays, mais se sont plutôt concentrés sur la base aérienne de Hmeimim qu'on dit être le pendant d'Ingirlik, sur la côte ouest de la Syrie. Plus tôt cette année, des chasseurs à réaction russes MiG-31K Foxhound armés de missiles Kinzhal et de bombardiers Tu-22M3 Backfire-C se sont rendus à Hmeimim, participant à des exercices dans la mer Méditerranée orientale et suivant le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth et son groupe d'attaque aéronaval. C'est difficile de ne pas y voir un acte anti américain surtout qu'à plus d'une reprise les troupes US/russes se sont accrochés dans cette localité. Dans le même temps, des rapports récents font état d'une activité accrue des forces aérospatiales russes, plus généralement, à proximité de la frontière turque. Cela comprend des frappes aériennes dirigées contre des groupes anti-Assad situés au nord de la ville d'Idlib, dans l'ouest du pays.

L'année dernière, la Russie et la Turquie se sont affrontées au sol au sujet d'Idlib, faisant des victimes importantes des deux côtés. Mais la présence des Su-35 dans le nord ouest, cela veut dire que Moscou ne veut pas des Américains. Moscou a pris pied dans la région autour de Qamishli depuis octobre 2019, lorsque ses forces terrestres ont commencé des patrouilles actives dans la région. Il était auparavant apparemment sous le contrôle des États-Unis qui y détiennent ses propres défenses aériennes organiques, des systèmes de défense aérienne à courte portée Avenger ayant été vus se diriger vers la frontière syrienne depuis l'Irak plus tôt cette année. L'Avenger est destiné à vaincre les avions et hélicoptères à voilure fixe volant à basse altitude, mais peut également être utilisé contre les drones, qui sont considérés comme une menace toujours croissante en Syrie et dans la région au sens large."

Et d'ajouter : "  La zone autour de Qamishli en particulier a déjà été le théâtre de rencontres tendues entre la Russie et les États-Unis. forces, y compris une altercation dramatique entre un  véhicule militaire résistant aux mines M-ATV et un véhicule utilitaire blindé russe Tigre en février de l'année dernière. Cela faisait suite à divers autres incidents entre les États-Unis et les forces russes dans le nord-est du pays, impliquant généralement des troupes américaines bloquant les mouvements des forces russes, mais il y a également eu des rapports d'altercations plus physiques. Mais avec le Su-35 les choses changent radicalement. La Russie entend imposer au sens large sa présence en Syrie et ceci va droit dans le même sens que ce que veut la Syrie mais aussi ses alliés dits de la Résistance." Il se pourrait que les Su-35 change l'avis des Américains qui par les temps qui courent tendent à perdre de plus en plus leurs influence au Moyen Orient.. 

Néanmoins, les objectifs très différents à Moscou et à Ankara signifient que la situation dans le nord de la Syrie reste très tendue. La Turquie reste déterminée à neutraliser les capacités militaires d'Assad tout en poursuivant sa campagne contre les milices kurdes. La Russie cherche à maintenir son accès aux bases navales et aériennes géopolitiquement stratégiques le long de la Méditerranée orientale, pour lesquelles Assad conserver le contrôle de l'ensemble de la Syrie n'est pas une condition préalable. C’est dans un tel contexte que la Russie entend établir une grande base aérienne près de l’aéroport de Sarin à Kobané (Ain al-Arab) et une autre, à Qamichli ; or, les bombardiers américains sont déjà incapables de détruire les batteries de DCA russes déployés en Syrie.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV