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Les USA royalement doublés : l'Emirat islamique d'Afghanistan reconnu à la fois par la Russie et la Chine

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une délégation des talibans en Chine, en juillet 2021. ©AFP

Et bien en termes de choc , c'en est un de plus : alors même que Blinken haranguait par vidéoconférence ses troupes otaniennes en Allemagne, s'en fichant royalement de Panchir d'une part, du sort de ses combattants, y compris le fils Massoud de l'autre, conseillant surtout que des actes terroristes, les talibans devraient sans doute répondre mais que ce n'est pas aux Etats Unis de les faire répondre mais aux autres, et bien la Russie a franchi un premier pas géostratégique choc en reconnaissant l'Emirat islamique d'Afghanistan et son gouvernement, via l'annonce de la participation de son ambassadeur à la cérémonie de leur "prestation de serment" qui, combe de défi à l'adresse de Washington, se tient ce 11 septembre.

Evidemment cette annonce vient de couronner trois semaines de jeu subtile qui veut que Moscou se montre réticent à l'égard des talibans tout en faisant tout pour normaliser les liens avec. Le second choc géostratégique de ce jeudi matin est venu de la Chine qui a annoncé une enveloppe de 31 millions de dollars pour aider les talibans tout en les félicitant à mots couverts d'avoir choisi, alors que le monde entier les jugeait incapables de faire, gouvernement quitte à mettre fin à " trois semaines de chaos". 

Et bien on le voyait bien venir car personne n'a cru que les commandos pakistanais, leurs drones et leurs avions seraient intervenus pour en finir avec la tentative de guerre civile à Panchir sans le feu vert préalable de la Chine. La Chine accordera ainsi une aide de 31 millions de dollars aux talibans en Afghanistan », a déclaré la diplomatie chinoise. Hua Chunyin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que la décision avait été annoncée lors de la première réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Afghanistan et qu’elle serait « à usage d’urgence pour le peuple afghan ». Et ce n'est pas tout : Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a également annoncé que la Chine ferait don de 3 millions de doses de vaccin à l’Afghanistan dans le premier lot, selon l’agence de presse d’État chinoise Xinhua. La date de livraison des vaccins n’est pas claire.

S’exprimant lors de la réunion du ministre des Affaires étrangères à Pékin par liaison vidéo, Wang a également déclaré que les États-Unis et leurs alliés étaient plus obligés que tout autre pays de fournir une aide économique et humanitaire au peuple afghan. Pour la Chine, le retour des talibans présente plus de risques que d'opportunités. Wang a déclaré que les États-Unis devraient « assumer leurs responsabilités » dans le pays en aidant à assurer son développement et sa stabilité tout en « respectant la souveraineté et l’indépendance de l’Afghanistan », a rapporté Xinhua. Wang a appelé les talibans à combattre le terrorisme et à s’unir avec les groupes ethniques du pays. Il a déclaré que les voisins régionaux de l’Afghanistan qui comprennent le Pakistan, l’Iran, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, devraient se coordonner et coopérer avec eux pour « construire une structure politique large et inclusive, poursuivre des politiques intérieures et étrangères modérées et prudentes, se démarquer des forces terroristes ». 

Côté russe, la présidente du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du parlement) Valentina Matviyenko a estimé que la Russie serait représentée à l'investiture du nouveau gouvernement afghan au niveau des ambassades. « Je pense que la représentation sera au niveau des ambassadeurs ou d'autres membres du corps diplomatique, pas plus haut que cela », a déclaré Matviyenko aux médias confirmant très subtilement que la Russie reconnaissait l'Emirat islamique de l'Afghanistan. Les talibans ont invité mardi la Russie, la Chine, le Qatar, l'Iran, le Pakistan et la Turquie à assister à la cérémonie d'inauguration.

Plus d'un observateur parlerait désormais d'une Amérique et Cie totalement doublés par l'axe sino-russe qui semble d'ailleurs emboîter le pas à l'Iran. Il y a trois semaine en effet, le Leader iranien affirmait lors d'un discours :" les gouvernements se succèdent en Afghanistan, mais ce qui reste c'est le peuple et l'Iran se tiendra comme toujours aux côtés du peuple afghan". A l'époque les observateurs ont cru y voir une reconnaissance implicite par l'Iran d'un gouvernement taliban. Reste que le chef de la diplomatie iranienne a appelé ce jeudi les talibans au dialogue inclusif cherchant à leur signaler qu'une gouvernance stable demande à ce que toutes les composantes de la société y soient présentes. 

Le  ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian qui a participé à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Afghanistan, a déclaré que lors de cette réunion virtuelle, il avait mis l'accent sur la sécurité, la stabilité et le développement de ce pays à la lumière de la formation d'un gouvernement inclusif. Il a ajouté que le gouvernement inclusif de l'Afghanistan devrait refléter la diversité et la volonté de la société afghane et a appelé à se concentrer sur le dialogue plutôt que sur la violence et le rejet de l'intervention étrangère en Afghanistan. « L'Iran soutient le dialogue et les accords inter-afghans », a-t-il déclaré.

La réunion virtuelle des ministres des Affaires étrangères des six voisins de l'Afghanistan a réuni en effet l'Iran, le Pakistan, la Chine, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan, soit cet axe de l'Est qui se moque désormais et royalement des Américains et des Otaniens. Au fait, alors même qu'en Iran, on projette déjà d'investir dans l'économie afghane, que la Chine y voit la réalisation de sa route de la soie, et que la Russie y consolide son assise, William Burns court chez le chef du renseignement pakistanais pour lui demander de l'aide à l'évacuation des restes des Américains en Afghanistan, soit ces forces spéciales qui trois semaine après la chute de Kaboul, ont échoué à embraser Panchir, à faire couler, comme prévu un bain de sang. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV