Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
Centrafrique : le président Touadera en ligne de mire
En Centrafrique, il semblerait que l’Occident ait mis les bouchés doubles, suite à la visite de Federica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente (sortante) de la Commission européenne qui s’est rendue dans la ville de Bouar avec le président de la République Faustin Archange Touadera pour le lancement des projets européens d’appui à la restauration de l’autorité de l’État.
Avec la rénovation du camp Leclerc et la construction d’armureries, le lancement de formations de l’armée en province par l’EUTM (Mission de formation de l’Union européenne) fait partie des projets européens. 500 nouvelles recrues FACA seront formées par l’EUTM en province. Et maintenant, RFI a aussi sorti un article des plus surprenants. Toujours à Bangui, le secrétaire général du parti de François Bozizé, le Kwa Na Kwa (KNK), annonce le retour de l’ancien président à Bangui dans les semaines à venir.
Une annonce faite alors qu’il ne reste que six mois à l’ancien chef d’État pour rentrer au pays s’il souhaite pouvoir être candidat à la présidentielle, dont le premier tour est prévu le 27 décembre 2020.
Mais le retour de l’ancien président s’annonce ardu. Dépossédé de son passeport centrafricain et sous sanctions des Nations unies, François Bozizé n’est aujourd’hui pas réellement en mesure de rentrer sur le territoire Centrafricain. Une clause de l’accord de paix signé le 6 février dernier prévoit effectivement un statut spécial pour les anciens présidents. L’accord sollicite le vote d’une loi à ce sujet, mais rien pour l’instant n’a filtré sur les possibles clauses de ce statut.
Mais l’intérêt de RFI a attiré notre attention et montre une volonté de contrer le président Touadéra. Il semblerait que l’Occident préparerait de nouveau des instabilités en Centrafrique. Car les informations ne s’arrêtent pas à cela.
Deux importants groupes armés rebelles centrafricains seraient en phase de conclure leur entente pour la création d’une nouvelle coalition rebelle sur le territoire centrafricain.
Une nouvelle coalition serait en vue. Après la coalition des ex-Seleka au PRNC, c’est maintenant le tour des chefs rebelles Mohamed Dhaffane de la Seleka rénovée pour la paix et justice (SRPJ) et Abdoulaye Miskine du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) de se coaliser en vue d’une nouvelle offensive contre le président centrafricain Faustin Archange Touadera qu’il considère désormais comme leur principal adversaire politique.
Il faut noter au passage que la SRPJ et le FDPC faisaient partie des 14 groupes armés rebelles signataires de l’accord de paix avec le gouvernement centrafricain signé dans la capitale centrafricaine, Bangui, le 6 février dernier.
La France, qui met la pression en vue de la mise en place du DDR qui semble être plus lent au goût de l’Occident, le désarmement de ces groupes, surtout des FDPC et des ex-Seleka qui semblent rouler pour le gouvernement de Touadera. D’où l’ire des Occidentaux et la volonté de la France de mettre les bouchées doubles. Ce qui fâche surtout l’Occident, mais c’est surtout le fait que le gouvernement centrafricain prendra les choses en main et que l’armée du pays sera unie et sur pied afin de veiller à la sécurité du pays. Ce que la France voulait à tout prix éviter. Et pour s’ingérer dans les FACA, la France a pris la tête de l’EUTM, l’organisme européen de formation des FACA et de conseil en matière de défense et de sécurité aux autorités. Ce qui permet à Paris de s’occuper de la formation de 500 militaires centrafricains.
Les médias occidentaux continuent de dénigrer l’accord de paix signé par le président Touadera, pour mettre plus facilement en place sa stratégie de contrôle et de déstabilisation, pour s’imposer face à l’influence russe en RCA. La population centrafricaine, quant à elle, ne veut plus voir les soldats français ou de l’ONU se multiplier, se comporter comme en territoire conquis et patrouiller dans le pays. Car les Centrafricains sont formels, ce sont des troupes d’occupation et ce sont elles qui apportent le chaos et l’insécurité dans le pays.
Mali : pour Barkhane, l’échec du Nord pourrait se répéter dans le Centre
La France essuie de plus en plus d’échecs au Mali. Dernièrement, les membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad, considérés comme des ennemis du processus de démembrement du grand Mali par RFI, veulent se greffer à la population pour faire respecter la volonté des populations au retour de la paix, et la mise en œuvre diligente de l’accord de paix d’Alger. Après l’échec des tentatives de la France de provoquer la scission du Mali à partir du nord du pays, aux portes de l’Algérie, Paris s’est maintenant concentré sur le centre du pays. De même que la fermeture de la base militaire française de Madama, dans le nord du Niger, et le transfert des troupes dans le centre du Mali montre que l’affaire du démembrement est très loin de pouvoir se mettre en place avant le sommet Russie-Afrique en octobre à Sotchi. Car depuis la signature de l’accord militaire entre le Mali et la Russie, la France a décidé de mettre les bouchés doubles pour la mise en place du projet néocolonial. RFI garde un ton dénigrant vis-à-vis du Mouvement pour le salut de l’Azawad. « Incapables de s’imposer dans cette ville du nord du Mali face à une coalition dominée par les autochtones, les responsables de ce que va devenir en 2016 le MSA tiennent compte de la réalité tribale des mouvements de la crise, et s’installent à Ménaka, toujours dans le nord et fief de la tribu des Daousak. Mais sur place, il y a les mouvements que le MSA accusait d’être des milices du gouvernement malien, comme le Gatia. »
Le MSA a opté pour l’unicité du pays et non pour le séparatisme. C’est pour cette raison que le mouvement a décidé de s’unir aux populations, à la demande de celles-ci.
Par ailleurs, les forces Barkhane ont aussi pris les devants, dans le bourg de Menaka, au sud de l’Azawad, une région que Paris ne contrôle pas encore, les forces civilo-militaires ont mis une stratégie en place pour se racheter une conduite auprès de la population. Ils ont investi dans une radio locale et distribuent des tracts avec un numéro de téléphone d’urgence en cas d’attaque. Cela, entre autres, pour contrer le MSA qui s’est greffé au peuple, mais aussi pour faire accepter leur présence par la population, qui ne veut plus que ces troupes d’occupation étrangère soient dans le pays. Les Maliens savent que le vrai danger vient de ces troupes militaires qui occupent le pays et non pas de soi-disant conflits interethniques.
D’ailleurs, le général Lecointre a aussi tenté d’adoucir les choses, en établissant une différence entre les termes « neutralisé » et « tué ». Il a donc tenté de nuancer cette notion, car, selon lui, un soldat ne cherche pas à tuer pour tuer. Il cherche à éviter que l’ennemi continue à produire ses effets néfastes ou ses actions criminelles, en l’occurrence quand il s’agit de terroristes. Donc, si on peut le neutraliser effectivement sans avoir à le tuer en le capturant ou en le blessant, c’est tout aussi bien.
Pour rappel, les militaires français s’en prennent souvent à la population sur de simples soupçons. Ce fut le cas au mois de juin, lorsque 3 civils, dont un adolescent, ont été abattus par des forces de Barkhane sur un simple soupçon, car le véhicule leur semblait suspect.
La France tente maintenant de montrer une bonne image de ses troupes militaires au Mali, pour essayer d’apaiser la résistance, qui a jusqu’à présent empêché au camp atlantiste de s’ingérer dans les affaires internes du Mali et dans le destin de la population. Ces nombreux massacres qui ont eu lieu dans le but de provoquer le démembrement du pays sont pris en compte et la population montre régulièrement au monde entier que ces prétendus conflits n’existent pas au Mali et que ce sont des allégations des médias mainstream.
Il a été question le vendredi 12 juillet à Abidjan, lors du sommet des États membres de l’UEMOA, de la future monnaie commune à l’espace CÉDÉAO, c’est-à-dire la zone franche. Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, dès l’an prochain, le franc CFA pourrait être rebaptisé « ECO », qui sera aussi le nom de la future monnaie de la CÉDÉAO. Le président ivoirien a par ailleurs plaidé pour le maintien d’un taux de change fixe avec l’euro. Analyse du géopoliticien Luc Michel.
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