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L'armée de l'air israélienne menace implicitement la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les batteries de missiles S-300 déployés à Masyaf, dans la province de Hama. ©Slide3.png

Depuis la 12e visite du Premier ministre israélien en Russie, la presse israélienne évoque une nette amélioration des relations de part et d'autre, avec en toile de fond la fin de la brouille liée à l'affaire de l'IL 20 russe abattu de Lattaquié en septembre 2018 par un subterfuge de l'armée de l'air israélienne. Cette presse invoque en signe de preuve la restitution de la soi-disant dépouille d'un soldat israélien tué en 1982 à Yarmouk en Syrie qui a eu lieu, il est vrai, lors d'une cérémonie officielle à Moscou a laquelle assistait outre Netanyahu, la personne même de Vladimir Poutine accompagné de son ministre de la défense, Sergueï Choïgou. La rencontre houleuse de celui-ci avec Netanyahu, au plus fort de la crise, reste encore dans les mémoires. Deux raids israéliens ont précédé et succédé cette 12e visite, tous deux infligeant, à en croire toujours les sources israéliennes, de très lourds dégât et pertes à l'Iran et à l'axe de la Résistance: celui du 28 mars visant l’aéroport militaire d'Alep et celui du 13 avril contre Masyaf. 

S'il est vrai que Netanyahu se rend presque tous les deux mois à Moscou, les analystes tendent toutefois de bien cerner le timing de ces rencontres où le Premier ministre israélien apparaît toujours en position de "celui qui appelle au secours" tandis que Poutine reste "celui qui vient en aide".

En effet depuis son engagement militaire en Syrie, le président Poutine s'est refusé à se rendre en Israël, malgré les tentatives désespérées des "amis israéliens".

À l'issue de chaque rencontre, Israël prétend avoir eu gain de cause et être parvenu à des accords substantiels avec la Russie. Et pourtant et paradoxalement, au fil des rencontres Poutine-Netanyahu, la principale exigence israélienne en Syrie reste la même: expulser l'Iran et le Hezbollah. Signe que Moscou n'est peut-être pas trop pressé à y répondre si tant est qu'il veuille effectivement y répondre.

Pour Moscou, Tel-Aviv est un allié de Washington sur qui on ne peut que très approximativement compter: d'où, d'ailleurs, sa position très ferme contre l'annonce par Israël d'une annexion du Golan dans le sillage du soutien US ou encore cette insistance de plus en plus criante de la Russie d'investir dans le dossier palestinien en faveur de la solution à deux États, rien que pour discréditer le "Deal du siècle". 

Et Moscou a peut-être bien raison. En effet, sous les dehors d'une volonté de réconciliation sans cesse renouvelée, le régime israélien continue à asséner des coups bien perfides à l'image de la puissante armée russe. À Masyaf, la presse israélienne rapporte désormais un "succès militaire franc d’Israël" qui a su, à coup des bombes supersoniques Rampage, "mettre au pas les quatre missiles S-300 russes" qui, tout au long du raid, "sont restées impuissants" à défendre les sites militaires syriens et iraniens. 

"Israël a utilisé le missile supersonique Rampage, mis au point par Israel Aerospace Industries (IAI), lequel aurait effectivement atteint ses objectifs, neutralisant essentiellement le S-300, récemment transférée à l'armée syrienne", titrait mercredi Israel Hayom qui ajoute avec un ton menaçant: "Israël a répété à plusieurs reprises qu'il ferait tout son possible pour empêcher l'Iran de s'implanter en Syrie, même si cela impliquait des attaques militaires contre la Russie. Cela a souvent entraîné des frictions avec la Russie."

Que conclure ? La bombe israélienne Rampage serait parvenu à mettre au pas les S-300 russes qui, plus est, sont liés au système de défense aérienne intégré C-3. Mais la campagne médiatique autour des missiles tirés le 13 avril depuis le ciel libanais contre Masyaf à Hama n'en reste pas là. DEBKAfile, site proche du renseignement de l'armée israélienne, affirmait dans son édition du 14 avril qu'outre "de nombreux officiers iraniens et syriens tués au cours du raid" (information à prendre avec les pincettes puisque non confirmée de source sûre), il y aurait parmi les morts "des ingénieurs biélorusses et nord coréens".  

"Des frappes aériennes israéliennes auraient tué et blessé, en plus des officiers iraniens et syriens, de nombreux experts en missiles étrangers engagés par l'armée syrienne dans le Centre d'études et de recherches scientifiques de Masyaf. Parmi eux se trouvaient des biologistes biélorusses et nord-coréens employés dans différents départements du grand complexe industriel situé à l'extérieur de Masyaf.

Ces techniciens travaillaient à la mise à niveau des missiles de surface syriens et du Hezbollah et à la production de combustible solide pour ces missiles ainsi qu'à l'amélioration de la précision des missiles syriens. 

Les ingénieurs nord-coréens travaillaient à la production de combustible solide, tandis que les Biélorusses étaient à la solde de l’Organisation syrienne des industries technologiques, tous issus du Belvneshpromservice (une société sanctionnée par les USA, ndlr)

S'il est vrai que DEBKAfile ne passe pas pour une source fiable d'information, l'article contient tout de même un message: les raids israéliens pourront potentiellement viser la prochaine fois non pas des Biélorusses ou Nord-Coréens, mais bien les Russes. Or, cette provocation ne semble pas passer inaperçus aux yeux de la Russie. 

Jeudi, la Russie a rejeté les rapports des médias israéliens sur la livraison à Moscou de la dépouille d'un célèbre espion du Mossad, Eli Cohen, exécuté à Damas en 1965. Les médias israéliens ont rapporté lundi que selon des informations qui n'ont pas été confirmées, une équipe russe aurait exhumé la dépouille de l'espion avant de la transférer de Syrie en Russie et de la livrer à Tel-Aviv.

"Nous réfutons résolument les affirmations de nombreux médias israéliens selon lesquelles des représentants russes auraient retiré de la Syrie les restes de l'agent du Mossad Eli Cohen", a déclaré l'ambassade de Russie en Israël dans un communiqué.

"Nous appelons les partenaires israéliens, dont les journalistes, à être très prudents, professionnels et honnêtes lorsqu'ils abordent des questions aussi délicates. La responsabilité des éventuelles conséquences négatives de cette provocation incombe à ses organisateurs et à ses interprètes", a conclu l'ambassade de Russie. S'adressant au service français d'i24NEWS lundi, la fille de Cohen, Sophie Ben Dror, a aussi rejeté l’authenticité des rapports.

Les analystes voient à travers ces informations très calibrées que publient des sites liés à l'armée israélienne, une lente escalade anti-russe des États-Unis et de leurs alliés. Les bombes "Rampage" qui auraient vaincu les S-300 russes, viennent d'être déployés sur les frontières avec Gaza, là où les États-unis ont déployé aussi au mois de février les batteries de missiles THAAD.

Tout ceci sur fond d'une escalade de menace et de tension anti-russe en Europe où les Américains disent vouloir installer leur bouclier antimissile à vocation à la fois anti-iranienne et anti-russe. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV