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L'Iran n'attendra pas les États-Unis pour entamer des négociations (Araqchi)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Abbas Araqchi, ministre iranien des Affaires étrangères, lors d'un débat télévisé spécial avec l'IRIB, le 15 septembre 2024. ©ISNA

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré que Téhéran entamerait des contacts avec les Européens et n'attendrait pas les États-Unis pour lancer des négociations. 

« Nous n’accepterons aucun accord tant que nos intérêts ne seront pas garantis », a fait savoir Abbas Araqchi dans une interview ce dimanche 15 septembre. « Bien sûr, nous avons nos propres conditions avec les Américains. Nous avons eu des contacts avec le gouvernement précédent et nous continuerons avec ce gouvernement si nécessaire. »

« Il est vrai que les Américains ne sont pas prêts à négocier maintenant… Il ne reste plus beaucoup de temps avant les élections présidentielles. Aucun pays n’est prêt à mener des négociations sérieuses au moment des élections et c’est tout à fait normal », a ajouté M. Araqchi.

« Si nécessaire, nous entamerons des contacts avec les Européens et nous n'attendrons pas l'Amérique », a-t-il précisé.

Le chef de la diplomatie iranienne a également noté que les Européens devraient comprendre les inquiétudes de l'Iran : « S'ils ont des inquiétudes, nous en avons aussi. »

L’Iran avait « un problème avec l’Europe dans le domaine des sanctions économiques. La solution consiste à ne plus avoir recours aux outils défaillants ».

Les Européens ont déjà imposé toutes sortes de sanctions à l'Iran en raison de son programme nucléaire pacifique, mais ils doivent venir à la table des négociations : « Il est clair que l’embargo a échoué. »

Ils craignent que l'Iran n'exporte des armes sophistiquées vers la Russie pour être utilisées dans la guerre en Ukraine : « Si l’Europe est vraiment concernée, la solution est de mener des discussions dignes et respectueuses », a estimé Araqchi. 

Les Européens ne doivent pas s'attendre à ce que leurs préoccupations soient résolues par une seule partie. L'Iran est prêt à discuter avec eux.

Araqchi s'est dit surpris de voir l'Europe continuer à croire en sa politique de sanctions contre les autres pays et à agir sur la base d'une telle expérience ratée.

Les déclarations du ministre iranien des Affaires étrangères interviennent après que les ministres des Affaires étrangères de la troïka européenne ou l’UE-3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) ont dénoncé ce qu'ils ont prétendu être « l'exportation par l'Iran et l'achat par la Russie de missiles balistiques iraniens ».

Ils ont également décidé d'« annuler les accords bilatéraux de services aériens avec l'Iran » et ont annoncé qu'ils travailleraient à l'imposition de sanctions contre Iran Air, la compagnie aérienne nationale du pays, qu’ils accusent d’ingérence dans le conflit en Ukraine.

Mardi, le Trésor américain et le Département d’État ont imposé des sanctions à dix individus et neuf entités basés en Iran et en Russie.

À écouter : Pourquoi l’Occident persiste sur ses allégations anti-iraniennes

Les navires transportant régulièrement des marchandises à travers la mer Caspienne entre l'Iran et la Russie font également l’objet de sanctions, a indiqué le Trésor.

Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la République islamique a, à de nombreuses reprises, rejeté les accusations d’ingérence dans ce conflit. 

Les négociations visant à rétablir l'accord nucléaire de 2015 ont débuté en avril 2021, trois ans après que les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord approuvé par le Conseil de sécurité de l'ONU et ont commencé à cibler l'économie iranienne avec de lourdes sanctions économiques.

L'Iran a critiqué le manque de volonté des États-Unis et du E-3 de relancer l'accord et a intensifié ses activités nucléaires en réponse à leur non-respect.

Ainsi il a levé progressivement, tous les deux mois, le plafond fixé par le Plan global d’action conjoint sur ses activités nucléaires. À l’époque, l’Iran avait également affirmé que si l’économie iranienne était à l’abri des sanctions, il reviendrait sur sa décision nucléaire.

Araqchi a déclaré qu'il fallait « créer une base solide pour relancer les négociations » : « Nous entamerons ensuite les négociations basées sur la même formule que celle utilisée dans le PGAC, qui consiste à instaurer la confiance plutôt qu'à lever les sanctions. »

« Le Plan global d’action conjoint se fondait sur la logique selon laquelle l’Iran renforcerait la confiance dans son programme nucléaire pacifique et l’autre partie lèverait les sanctions. Nous pouvons revenir à cette même formule », a-t-il déclaré.

« À mon avis, le PGAC reste un cadre approprié qui nous conduira à un nouvel accord », a-t-il déclaré, rappelant : « Bien sûr, tout cela dépend de notre capacité à parvenir à un point de compréhension mutuelle avec les Européens et le reste des membres de l’accord afin que nous puissions entamer de nouvelles négociations sur un pied d’égalité. »

« Il ne s’agit pas de lever les sanctions d’une manière qui porterait atteinte à nos intérêts supérieurs ou à notre propre dignité. Non, nous sommes prêts à entamer des discussions respectueuses. »

« Nous regardons le passé pour en tirer des leçons, mais nous ne nous arrêtons pas au passé. Nous regardons vers l'avenir », a-t-il déclaré.

Les négociations sur le PGAC ont été gelées en août 2022, l'Iran invoquant un manque de volonté politique de la part de l'administration du président américain Joe Biden pour réparer les dommages causés par la précédente administration à l'accord nucléaire multilatéral.

L’ancien président américain Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU en mai 2018, imposant de sévères sanctions économiques à l’Iran alors que ce dernier respectait ses engagements au titre de l’accord et a même continué à le faire pendant un an après le retrait américain.

Téhéran a réduit ses engagements envers l'accord dans une série de mesures claires et annoncées à l'avance, après avoir constaté l'échec des autres parties à garantir ses intérêts dans le cadre de l'accord nucléaire 2015.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV