L'eau lourde est la deuxième matière nucléaire stratégique après l'uranium dans le monde et l'Iran est l'un des cinq pays qui produit ce composé d'une grande pureté que de nombreux pays cherchent à acheter malgré les sanctions.
En vertu de l’accord nucléaire de 2015, l’Iran est autorisé à utiliser de l’eau lourde dans son réacteur nucléaire modifié d’Arak, mais doit vendre tout excédent d’eau lourde et d’uranium enrichi sur le marché international.
L'accord prévoit que les stocks d'eau lourde ne dépassent pas 130 tonnes, mais le retrait des États-Unis de l'accord en 2018 a permis à l'Iran d'augmenter sa production et de voir ses stocks s'arracher sur le marché.
Lors d'une visite vendredi 18 août de l'usine de production d'eau lourde à Khondab, près d'Arak, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Mohammad Eslami a déclaré aux journalistes que de nombreux clients cherchent à se procurer de l'eau lourde d'Iran qui investit désormais dans les dérivés de l'eau lourde.
« Nos clients ont remarqué la haute qualité et la pureté de l'eau lourde iranienne, s’est-il félicité. Les dérivés de l’eau lourde sont très chers et nous finalisons nos investissements dans cette chaîne à haute valeur ajoutée. »
Les États-Unis s’étaient engagés à acheter 32 tonnes d’eau lourde iranienne pour leurs réacteurs nucléaires, mais ils ont annulé leur décision après que l’ancien président Donald Trump a unilatéralement abrogé l’accord nucléaire.
Après des années de soubresauts, l'industrie nucléaire iranienne arrive à maturité, après avoir résisté aux inspections internationales les plus intrusives jamais réalisées au monde, qui ont freiné son progrès sans jamais parvenir à l'arrêter.
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C’est aujourd’hui que la prospérité économique nucléaire entre en jeu.
Selon le président de l’OIEA, l’industrie nucléaire est l’une des industries à plus forte valeur ajoutée au monde.
« Nous avions négligé ce sujet important, mais nous souhaitons accorder une attention particulière à l'économie nucléaire », a-t-il réaffirmé.
Le Leader de la Révolution islamique, l'honorable Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a appelé en juin les responsables à prendre les mesures nécessaires pour commercialiser les produits et services nucléaires.
« Les produits et services nucléaires iraniens doivent être commercialisés. Nos produits sont très demandés sur les marchés internationaux et ils peuvent renflouer nos caisses. Il devrait y avoir une coopération avec les pays alliés » a-t-il préconisé.
Depuis 2021, l'Iran a enregistré 159 trouvailles scientifiques dans les domaines du combustible nucléaire, de l'énergie, du laser, du plasma, des rayonnements, de l'environnement ainsi que de l'eau et du sol.
Plus tôt ce mois-ci, l’Iran a dévoilé une mine d’uranium dans la région de Khoy, au nord-ouest du pays, que le président de l’OIEA a présentée comme une « plaque tournante » pour la production de matières premières nécessaires à la production d’énergie nucléaire. La mine de Jan-e Sar contient également du molybdène et d'autres éléments de terres rares.
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L'eau lourde, également connue sous le nom d'oxyde de deutérium, est un composé d'oxygène et de deutérium qui est un isotope plus lourd de l'hydrogène.
L'eau lourde produite à Khondab est utilisée dans divers domaines, notamment la biologie, la médecine, la physique, l'industrie, l'agriculture, le pétrole et le gaz, mais son application la plus importante concerne les centrales nucléaires comme liquide de refroidissement et la production des radiopharmaceutiques.
L'usine de production d'eau lourde est l'une des plus grandes installations nucléaires d'Iran. Sa construction a débuté en 1988 près du village de Khondab. Toutes les étapes de conception et de fabrication ont été menées par des ingénieurs iraniens.
Deux unités du complexe, capables chacune de produire 8 tonnes d'eau lourde par an, sont entrées en service en 2006, mais la capacité globale est passée à 20 tonnes en 2013.
Actuellement, l’Iran est capable de produire plus de 100 tonnes d’eau lourde d’une grande pureté, un exploit qu’aucun pays n’a jamais pu réaliser, selon les responsables de l’usine.
Les autres produits de la plante comprennent des composés isotopiques, des solvants deutérés et l'isotope stable de l'oxygène 18 avec une richesse de 97 %.
L'oxygène 18 est un précurseur important pour la production de fluorodésoxyglucose (FDG), un radio-traceur utilisé pour diagnostiquer et déterminer les plans de traitement des patients atteints de divers types de cancer et de maladies cardiovasculaires et neurologiques.
L’Iran est l’un des principaux producteurs d’oxygène 18, qui est récemment devenu largement utilisé, notamment dans les pays développés. Plusieurs pays européens et asiatiques importants s’approvisionnent actuellement en produit et en d’autres composés deutérés en Iran.
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Les biomolécules marquées au fluor-18 font partie des autres produits de l'usine d'eau lourde de Khondab, utilisés dans le diagnostic des anomalies métaboliques chez les nouveau-nés et le dépistage néonatal.
Au total, quelque 300 dérivés d'eau lourde et de deutérium sont produits dans le complexe, qui sont commercialement compétitifs avec ceux des principaux producteurs et les dépassent même parfois.
L’Iran fait également bonne figure en matière d’efficacité de production et de qualité de son eau lourde, à tel point que les pays du monde ne sont pas disposés à y renoncer ou à l’ignorer malgré des sanctions étendues et sans précédent.
Néanmoins, le profit financier n'est pas l'objectif premier des responsables des eaux lourdes de Khondab. Ils essaient plutôt de se tester sur le marché pour voir si l’ensemble de la chaîne fonctionne correctement.
Mesbah Energy Co., fondée en 1998, s'est bâtie une réputation parmi les cinq sociétés leaders au monde dans la production d'isotopes stables, de solvants et de composés deutérés.
La Russie, l'Inde et certains membres de l'UE auraient demandé à Mesbah Energy d'ouvrir des bureaux de représentation sur leur territoire.
