L’Iran a dénonce le communiqué des pays membres du G7 pour avoir porté des « accusations infondées » contre son programme nucléaire et ses activités régionales, exhortant le groupe dirigé par les États-Unis à adopter une approche réaliste basée sur le respect mutuel.
Dans un communiqué publié mercredi 19 avril, le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié les accusations du G7 d’« infondées » et d’« interventionnistes ». « Il s’agit d’une manifestation de l’approche unilatérale de l’Occident et de son attitude consistant à imposer sa volonté à des pays indépendants », dénonce le communiqué.
Mardi 18 avril à l’issue d’une réunion tenue au Japon, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont déclaré que l’Iran devrait cesser ce qu’ils ont appelé une escalade de son programme nucléaire et respecter ses engagements de non-prolifération nucléaire.
Le communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères a regretté que le groupe ait soulevé des allégations contre le programme nucléaire civil de l’Iran, au lieu de tenter de tenir les États-Unis responsables pour s’être retirés unilatéralement de l’accord nucléaire de 2015.
« Il est regrettable que les États membres du G7 aient porté des accusations sans fondement contre le programme nucléaire pacifique de l’Iran, au lieu de tenir les États-Unis responsables de leurs graves infractions à la loi en se retirant unilatéralement et de manière injustifiée du Plan global d’action commun (PGAC), en violant la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies et en imposant des sanctions inhumaines contre la nation iranienne », indique le communiqué.
L’Iran estime que les armes nucléaires n’ont pas leur place dans la doctrine défensive du pays et que cette position est soutenue par les enseignements islamiques.
À lire: PGAC : l’Iran et l’AIEA sont en train de résoudre les ambiguïtés du rapport de l’agence
En allusion au communiqué du G7 appelant l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que l’Iran était déterminé à maintenir une coopération constructive avec l’Agence viennoise et qu’il s’attend à ce que les autres pays évitent de politiser la coopération Iran-AIEA et de faire pression sur l’ONU.
Le communiqué indique également que la RII poursuivra ses efforts visant à conclure les pourparlers sur la relance du PGAC.
Le ministère a ajouté que l’Iran estime que l’impasse dans les négociations puise dans la mauvaise approche de l’Occident et son erreur de calcul et qu’il devrait être tenu responsable des conséquences de la poursuite de cette conduite.
Les négociations entre les parties à l’accord sur le nucléaire ont débuté à Vienne en avril 2021 dans le but de ramener les États-Unis dans l’accord.
Les discussions sont cependant au point mort depuis août 2022 en raison de la ténacité de Washington à ne pas lever toutes les sanctions anti-iraniennes et à donner les garanties nécessaires pour ne se retirer plus de l’accord.
Solution de guerre sans crise
Les ministres du G7 ont également exprimé leur inquiétude quant au soutien de l’Iran à la Russie dans le conflit ukrainien, réitérant l’accusation de l’Occident selon laquelle Téhéran fournit des drones à Moscou pour utiliser sur le front en Ukraine.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé qu’il faudrait mieux que les pays occidentaux exploitent leur capacité diplomatique pour aider à mettre fin au conflit en Ukraine, au lieu d’inonder ce pays d’armes et de porter des accusations infondées contre l’Iran.
« Depuis le début du conflit en Ukraine, la République islamique d’Iran a déclaré qu’elle estimait que la guerre n’est une solution à aucune crise, y compris celle en Ukraine, a rappelé la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et du règlement des différends par des négociations politiques et souligné le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », affirme le communiqué.
« La République islamique a souligné à plusieurs reprises qu’elle n’a pas fourni et ne fournira aucune arme à aucune partie [au détriment] d’une autre partie », ajoute le communiqué.
L’Ukraine et ses alliés occidentaux prétendent depuis des mois que la Russie utilise des drones kamikazes de fabrication iranienne dans la guerre contre l’Ukraine. L’Iran et la Russie ont démenti à plusieurs reprises ces allégations et demandé des preuves à l’appui de ces accusations.
Les revendications des droits de l’Occident sont « hypocrites »
Le G7 a également prétendu dans son communiqué être préoccupé face aux violations et abus systémiques des droits de l’homme par l’Iran, en particulier avec les efforts de l’Iran pour « réprimer la dissidence pacifique par des menaces et des intimidations ».
Le communiqué indique que les « revendications sélectives et politiques » de l’Occident sur les droits de l’homme ne sont pas chose nouvelle et que le bloc n’est pas bien placé pour s’exprimer sur la situation des droits de l’homme en Iran.
« Les États-Unis et d’autres parties qui, au mépris des conséquences et des impacts des sanctions illégales sur la jouissance par les personnes de leurs droits fondamentaux, abusent des outils économiques et bancaires pour faire avancer leurs désirs politiques contre des pays indépendants, manquent de toute crédibilité éthique et juridique pour faire des commentaires sur la situation des droits de l’homme en Iran », a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères.
« Il est totalement hypocrite pour l’Occident d’exprimer son inquiétude sur les droits de l’homme en Iran tout en gardant le silence sur les atrocités d’Israël contre les Palestiniens ou la profanation des lieux sacrés de plus d’un milliard de musulmans dans certains pays européens », rajoute le communiqué.
« La République islamique d’Iran est un ordre créé, après une Révolution populaire ayant renversé une dictature répressive soutenue par les États-Unis, elle se considère obligée de protéger les droits et la dignité de ses citoyens et n’épargne aucun effort pour promouvoir les droits de l’homme », souligne le communiqué.
Au cours des deux derniers mois, les pays occidentaux ont accusé l’Iran de réprimer ce qu’ils appellent les manifestations pacifiques de ceux qui protestaient contre le traitement réservé aux femmes par le gouvernement.
L’Iran dit avoir fait face à des émeutiers endommageant des biens publics et attaquant brutalement des agents de sécurité au cours des derniers mois.
Lire aussi: Droits de l’homme : Téhéran condamne l’adoption d’une résolution anti-iranienne
Les émeutes ont éclaté après la mort d’une jeune femme iranienne, Mahsa Amini, à la mi-septembre. Elle s’est effondrée dans un poste de police en septembre dernier et est décédée morte trois jours plus tard dans un hôpital de Téhéran. Une enquête a découvert plus tard que sa mort malheureuse était le résultat d’une maladie, et non de passages à tabac présumés par la police.
L’Iran a récemment accordé une amnistie à des milliers de prisonniers arrêtés lors des émeutes sur la base d’un décret d’amnistie massive du Leader de la Révolution islamique, l’honorable Ayatollah Ali Khamenei.