Les États-Unis et leurs alliés européens ont envoyé des dizaines de milliards de dollars de matériel militaire à Kiev pour alimenter une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine. Moscou a mis en garde à plusieurs reprises contre les conséquences de ces actions pour la sécurité régionale et mondiale.
Les pays occidentaux ne seront pas en mesure de livrer suffisamment d'armes à l'Ukraine pour surpasser la Russie, a assuré le président Vladimir Poutine.
« Les menaces existent, bien sûr. Lorsque des armes sont fournies à un pays avec lequel nous sommes en conflit, c'est toujours une menace. En ce qui concerne leur évaluation, nous connaissons bien sûr les plans pour les fournir, ». C’est ce qu’a déclaré Poutine samedi 25 mars dans une interview à la télévision russe, répondant à une question de savoir si Moscou considérait les livraisons d'armes occidentales à Kiev comme une "menace" pour la sécurité nationale.
« La production russe, le complexe militaro-industriel, se développe à un rythme très rapide - à un rythme auquel beaucoup ne s'attendaient pas. Et sur la même période, l'industrie russe produira trois fois plus de munitions - voire plus de trois fois », a déclaré Poutine.
La Russie est au courant des plans de l'OTAN visant à augmenter la production d'obus à 42 000 par mois cette année, et à 75 000 par an d'ici 2025, a déclaré Poutine. « Nous ne savons pas encore ce qui se passera en 2025, mais en ce moment, cette année, 14 000 à 15 000 obus sont produits, malgré le fait que l'armée ukrainienne en dépense jusqu'à 5 000 par jour », a-t-il répété.
« Nous sommes préoccupés par [les livraisons d'armes] du point de vue qu'il s'agit d'une tentative de prolonger le conflit », a déclaré Poutine, notant que « du point de vue de la logique de ceux qui ont provoqué ce conflit et tentent de le préserver au coûte que coûte, [la fourniture d'armes] est probablement la bonne décision. Mais à mon avis, cela ne fera qu'aggraver la tragédie », a-t-il déclaré.
Soulignant que la Russie ne permettrait la « militarisation excessive » de son économie dans le but de faire face à l'aide occidentale en armement envoyée à Kiev, Poutine a ajouté que Moscou n'a pas réduit la construction civile, les soins de santé, l'éducation et le développement des infrastructures, mais que l'Occident serait contraint de le faire.
« L’OTAN prévoit d'envoyer entre 420 et 440 chars en Ukraine. En Russie, c'est la même chose que pour les munitions. Pendant cette période, nous allons produire et moderniser plus de 1 600 chars », a déclaré Poutine. « Le nombre total de chars de l'armée russe sera trois fois supérieur au nombre de chars des forces armées ukrainiennes. Même plus de trois fois », a-t-il ajouté.
Uranium appauvri
Poutine n'est pas d'accord avec la dernière allégation des responsables et des médias occidentaux selon laquelle les armes à l'uranium appauvri envoyées à Kiev n'entraîneront aucun problème de santé ni aucune autre conséquence négative.
« Ce n'est bien sûr pas le cas. Le fait est qu'ils n'appartiennent pas à la catégorie des armes de destruction massive, c'est vrai. Mais le noyau du projectile avec de l'uranium appauvri (différents matériaux peuvent être utilisés, il est utilisé à des fins de perforation de blindage) génère toujours ce qu'on appelle de la poussière radioactive, et en ce sens, cela équivaut bien sûr à une arme des plus dangereuses », a-t-il déclaré.
La Russie a les moyens de réagir, a averti Poutine. « La Russie, bien sûr, a de quoi répondre. Nous avons, sans exagérer, des centaines de milliers d'obus de ce type. Nous ne les utilisons pas pour le moment », a déclaré Poutine lors d'une interview à la télévision russe.
Le président russe n'a pas exclu que l'annonce par le Royaume-Uni des livraisons de munitions à l'uranium appauvri à Kiev ait été « délibérément » programmée pour coïncider avec les pourparlers de cette semaine entre lui-même et le président chinois, Xi Jinping, notamment pour discuter du plan de paix en 12 points de Pékin pour l'Ukraine.
L'annonce par le Royaume-Uni de son intention d'envoyer des munitions à l'uranium appauvri à Kiev cette semaine fait craindre que de vastes pans de l'Ukraine ne deviennent un autre désert contaminé par l'uranium appauvri, semblable à certaines parties de l'ex-Yougoslavie et de l'Irak, où les cancers et d'autres maladies ont considérablement augmenté. Igor Kirillov, chef des troupes de défense contre les radiations, chimiques et biologiques de l'armée russe, a averti vendredi que l'utilisation de telles armes « causerait un préjudice irréparable à la santé des forces armées ukrainiennes et de la population civile ».