Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a affirmé que l’Occident devrait se préparer à un conflit continu en Ukraine et que les pays membres de l’alliance devront consacrer une partie de leur PIB à leurs dépenses de défense et à l’aide en armements à fournir à Kiev. Or, les Européens et les Américains ne peuvent pas se permettre que la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie en Ukraine ne dure trop longtemps.
« Si l'Occident veut une guerre prolongée et il semble qu'il le veuille, c’est parce qu’il a peur de la défaite qui semble inévitable en ce moment, la défaite de l'Otan dans sa guerre par procuration contre l'Ukraine ! », a déclaré à Sputnik le professeur Stevan Gajiс, un chercheur associé à l'Institut d'études européennes de Belgrade.
« Ils devront investir davantage dans leur industrie, ce qui est maintenant une tâche particulièrement difficile puisque de nombreux pays occidentaux se sont désindustrialisés, puisqu'ils ont envoyé leurs industries à l'étranger, notamment en Chine et dans d'autres pays asiatiques. Je pense que les stocks qui existent sont les premiers à partir. Donc ils seront de plus en plus vides », a-t-il poursuivi.
Le 21 mars, Stoltenberg a dévoilé son rapport annuel pour 2022 lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Le chef de l'OTAN a affirmé que l'alliance « est plus unifiée qu'elle ne l'a été depuis au moins la fin de la guerre froide » et qu’elle est prête à continuer à soutenir Kiev dans son conflit avec la Russie.
Stoltenberg a déclaré que si le président russe Vladimir Poutine voulait « moins d'OTAN », il aura bientôt « plus d'OTAN » à sa porte étant donné l'adhésion prochaine de la Finlande et de la Suède au bloc. À en juger par les propos du secrétaire général de l'OTAN, l'alliance s'était depuis longtemps préparée à un conflit avec la Russie :
« L'OTAN a mis en place le plus grand renforcement de notre défense collective depuis une génération », a déclaré Stoltenberg. « Ainsi, lorsque les chars russes sont entrés en Ukraine, nous étions prêts. En quelques heures, nous avons activé nos plans de défense de la Baltique à la mer Noire. »
Il a salué l'importante assistance militaire du collectif occidental à Kiev et a révélé que l'alliance est « en train de convenir de nouvelles capacités pour la production de munitions décisives au combat et de s'engager aussi avec les industriels pour augmenter la production et soutenir encore plus l'Ukraine » dans son conflit avec la Russie.
Stoltenberg a noté que de nombreux alliés de l'OTAN se sont engagés à augmenter leurs dépenses de défense dans le cadre de l'opération spéciale russe en Ukraine : « Maintenant, ces promesses doivent se transformer en argent réel, en contrats et en équipements concrets, car les dépenses de défense sous-tendent tout ce que nous faisons », a-t-il expliqué.
Plus tôt, l'UE avait conclu un accord pour envoyer à l'Ukraine un million de cartouches dans les 12 prochains mois. Le nouveau plan consistera donc dans le don de munitions de ses propres stocks par l’UE à Kiev et d’achat aussi de nouveaux obus pour l'Ukraine.
Ni les États-Unis ni l'UE ne peuvent reconstituer rapidement des munitions en baisse
La réalité n'est pas aussi rose que celle décrite par le chef de l'OTAN, note le professeur Gajiс.
« Je pense que nous pouvons déjà voir que l'OTAN et les États-Unis essaient de trouver des armes partout où ils [le peuvent] », a noté le chercheur serbe. »
Olaf Scholz s'est rendu en Amérique latine pour mener de telles affaires, mais avec peu ou pas de succès. Ils essaient de faire la même chose en Afrique et dans toute l'Asie. Jusqu'à présent, il semble qu'ils n'aient réussi qu'avec des obus du Pakistan et uniquement en raison de troubles internes dans ce pays, qui ont été causés à bien des égards par les États-Unis. Je pense tout de même que la Corée du Sud et le Japon pourraient aussi être intéressés à fournir des armes à l’OTAN.
Selon Gajiс, le complexe militaro-industriel américain n'est pas encore pleinement opérationnel.
« L'UE dit qu'elle achètera des obus, mais d'où ? » demande Matthew Gordon-Banks, ancien député conservateur britannique et chercheur principal à la « UK Defence Academy » qui a ajouté : « Les provisions n’existent pas pour pouvoir acheter. »
Les médias occidentaux ont averti à plusieurs reprises que l'Ukraine brûlait ses munitions plus rapidement que les États-Unis et l'OTAN ne pouvaient en reproduire. Selon la presse américaine, pour continuer à fournir des munitions au régime de Kiev et reconstituer ses propres stocks, le Pentagone envisage d'augmenter substantiellement la production des munitions et de mettre des pans de l'industrie de défense américaine « sur le pied de guerre » alors qu'il n'est techniquement pas en guerre. En particulier, l'armée américaine prévoit une augmentation de 500% de la production d'obus d'artillerie, de 15 000 par mois à 70 000, comme l'a déclaré le chef des acquisitions de l'armée Doug Bush aux médias américains le mois dernier.
« Il faudra dix ans aux États-Unis pour remplacer les stocks dépensés au niveau de production actuelle », a souligné l'ancien législateur britannique.
La situation devient de plus en plus désespérée pour Kiev alors que les forces russes poursuivent leur offensive et encerclent Bakhmut, également connu sous le nom d'Artemovsk, selon Gordon-Banks.
« L'Ukraine manque de main-d’œuvre, de munitions et surtout d'obus d'artillerie », a-t-il dit.
« L'idée que l'UE, l'Amérique ou n'importe qui d'autre puisse remplacer ces lacunes avant une offensive russe majeure lorsque les conditions météorologiques et terrestres s'améliorent est un non-sens. Plus les Américains insistent, plus des Ukrainiens meurent dans ce conflit ».
« Généralement, les États-Unis sont dans une mauvaise situation en ce qui concerne leur domination mondiale, l'évaporation du pétrodollar et d'autres changements tectoniques importants, ceux qui ont été annoncés par le président Xi à la fin de sa visite en Russie », a déclaré Gajiс, faisant référence à la dernière rencontre entre le président Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine. « À long terme, le seul véritable bénéficiaire aux États-Unis sera le complexe militaro-industriel. Peut-être que tout cela est une mauvaise nouvelle pour Wall Street, mais ça ne l'est certainement pas pour le complexe militaro-industriel qui aura lui des transactions lucratives. »
L'économie américaine est toujours submergée par l'inflation alors qu'une crise bancaire à part entière pourrait également bientôt se dérouler dans le pays, comme le préviennent les observateurs internationaux. Le pays est confronté à une crise économique à multiples facettes, tandis que l'Europe, qui souffre déjà d'une inflation plus élevée, se prépare à un débordement du gâchis bancaire américain dans les économies de l'UE.
Des manifestations contre la chute du niveau de vie et contre de nouvelles dépenses pour la guerre par procuration occidentale en Ukraine ont eu lieu sur tout le continent européen au cours des derniers mois.
Les peuples européens en ont assez de la baisse du niveau de vie et du manque d'énergie bon marché tandis que leurs dirigeants soutiennent Kiev dans le conflit en cours, selon Gordon-Banks.
En fait, l'UE continue de soutenir la région de Kiev parce que les politiciens européens ont leur “peau politique” en jeu dans la guerre par procuration de l'Occident contre la Russie en Ukraine, a déclaré Gajiс. Si Kiev perd, ce que l'universitaire serbe pense être inévitable, c’est le fait que ces responsables européens deviendront alors des “perdants politiques”.
« Par conséquent, ils pousseront l'agenda jusqu'au bout. C'est pourquoi ils y voient un intérêt personnel. Bien qu'objectivement parlant, cela va complètement à l'encontre des intérêts de leur propre pays ! », a conclu Gajiс.