Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a averti les États-Unis que la fenêtre d’opportunité pour un accord sur la relance de l’accord nucléaire iranien de 2015 ne resterait pas ouverte à jamais, exhortant Washington à adopter une approche constructive pour sauver l’accord.
Lors d’une interview mercredi 1er avec Christiane Amanpour, journaliste de la chaîne CNN, Amir-Abdollahian a déclaré que l’Iran avait informé les États-Unis par l’intermédiaire de médiateurs que les parties au Plan global d’action commun (PGAC) étaient « sur la voie de parvenir à un accord », avertissant toutefois que cela pourrait changer, si les États-Unis ne corrigeaient pas leur comportement.
« Notre relation avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est sur sa voie naturelle et correcte, et nous l’avons dit à la partie américaine par l’intermédiaire de médiateurs que nous sommes sur la bonne voie pour parvenir à un accord, mais si le Parlement iranien adopte une nouvelle loi, alors nous aurons à la respecter », a-t-il fait savoir. « Donc, la fenêtre pour un accord est ouverte mais pas à jamais », a-t-il ajouté.
Amir-Abdollahian a également précisé que la République islamique d’Iran a été et est la plus engagée de toutes les parties impliquées dans les efforts diplomatiques pour restaurer le PGAC, abrogé par les États-Unis en 2018.
« Celui qui a abrogé le PGAC était [l’ancien président américain Donald] Trump et les États-Unis », a-t-il fait noter. « Les États-Unis ne devraient pas adopter un comportement trompeur et devraient plutôt revenir au PGAC avec une approche constructive ».
« Le parti américain nous a envoyé des messages positifs par les voies diplomatiques, mais dans ses remarques médiatiques, ils ont fait des remarques très trompeuses qui sont totalement différentes, et vraiment, en tant que ministre iranien des Affaires étrangères, j’ai parfois de sérieux doutes », a-t-il dit.
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Le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué que même si le gouvernement du président Ebrahim Raïssi voit des failles et des lacunes dans le PGAC, il a décidé de poursuivre le dialogue afin de rétablir l’accord multilatéral, à condition que toutes les parties reviennent à la table des négociations et fassent tout leur possible pour parvenir à un accord.
L’Iran a prouvé au monde entier la nature pacifique de son programme nucléaire en signant le PGAC avec six États du monde, à savoir les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine. Mais le retrait unilatéral de Washington en mai 2018 et sa réimposition ultérieure de sanctions contre Téhéran ont laissé l’avenir de l’accord dans les limbes.
Plus loin dans ses propos, Amir-Abdollahian a critiqué les États-Unis pour avoir accusé l’Iran de ne pas avoir la « détermination nécessaire ».
« Je vais vous dire clairement qu’au cours des dernières années, nous avons vu que les responsables américains étaient incapables de prendre une décision en raison de leurs propres problèmes internes et des pressions qu’ils subissent. Ils sont toujours incapables de prendre la décision courageuse de retourner au PGAC », a-t-il précisé.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a ajouté que le pays avait montré son initiative à de nombreuses reprises et « le fait est que nous sommes toujours sur la voie du dialogue et nous voulons parvenir à un accord ».
Amir-Abdollahian, cependant, a souligné que le gouvernement iranien a subi de nombreuses pressions internes depuis que les États-Unis et la troïka européenne — la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne — se sont ingérés dans les affaires intérieures de l’Iran lorsque des manifestations ont éclaté dans le pays en septembre.
« J’étais au Parlement la semaine dernière et ils ont dit qu’avec qui voulez-vous passer un accord ? Avec les États-Unis et trois pays européens qui ont tenté de changer le système lors des émeutes de l’automne ? Pourquoi négociez-vous avec eux ? Comment pouvez-vous leur faire confiance ? »
Les négociations entre les parties à l’accord sur le nucléaire ont débuté à Vienne en avril 2021, afin de ramener les États-Unis dans l’accord et de mettre fin à leur campagne de « pression maximale » contre l’Iran.
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Les discussions sont cependant au point mort depuis août 2022 en raison de l’obstination de Washington à ne pas lever toutes les sanctions contre l’Iran et à offrir les garanties nécessaires qu’il ne sortira plus de l’accord.
Amir-Abdollahian a rajouté que l’Iran avait une feuille de route avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant la coopération bilatérale, ajoutant que Massimo Aparo, directeur général adjoint de l’agence et chef du Département des garanties, s’était rendu à deux reprises en Iran dans le passé.
Il a noté qu’Aparo avait mené des négociations « constructives et productives » avec des responsables iraniens tandis que l’Iran avait également invité le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, à se rendre prochainement à Téhéran.
Amir-Abdollahian critique CNN pour ses reportages « faux et biaisés »
Le ministre iranien a rejeté les reportages de la chaîne d’information américaine CNN sur les récents troubles en Iran, les qualifiant de « faux et biaisés ».
La chaîne d’information américaine a publié ces derniers mois plusieurs reportages sur les troubles en Iran, dont celui de novembre 2022, qui alléguait que les forces de sécurité iraniennes avaient utilisé le viol pour réprimer les manifestations éclatées après la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini le 16 septembre 2022.
Christiane Amanpour de CNN, lors de l’entretien avec le plus haut diplomate iranien, a répété ces allégations, affirmant que de nombreuses personnes avaient été arrêtées lors de « manifestations pacifiques » en Iran et avaient été abusées sexuellement pendant leur détention.
Amir-Abdollahian a qualifié les allégations de viol d’« infondées », affirmant que « CNN publie parfois des informations biaisées et fausses ».
Il a également indiqué que « personne n’a été arrêtée lors de manifestations pacifiques », ajoutant que « cependant, dans ces manifestations qui ont tourné à la violence, certains individus venus de l’extérieur du pays et qui utilisaient des armes à feu et tuaient les forces policières, ont été arrêtées ».