L’opération militaire décidée par Washington en 2003 apparaît comme l’une des décisions les plus dévastatrices pour le Moyen-Orient, a écrit le journal français Le Monde.
« Ce n’est pas de la guerre russe en Ukraine qu’il est ici question, mais de l’opération militaire lancée par les Etats-Unis en Irak en 2003, et dont personne, sans doute, ne célébrera l’anniversaire, le 20 mars. Vingt ans plus tard, les répliques de ce séisme géopolitique se font toujours sentir », a indiqué Gilles Paris dans son article publié dans Le Monde, affirmant que l’invasion de l’Irak par les États-Unis a été le point d’orgue d’un interventionnisme occidental.
La prison de Guantanamo, sur la base militaire américaine installée à Cuba, est un autre vestige de l’hubris américain. Elle a conduit les Etats-Unis à s’affranchir des principes les plus élémentaires du droit international. Même si deux nouveaux prisonniers en ont été libérés, le 24 février, et rendus à leur pays, le Pakistan, sans autre forme de procès après y avoir passé deux décennies, il reste 32 détenus à Guantanamo, sans qu’une perspective de fermeture puisse émerger, principalement du fait de l’opposition des républicains du Congrès. Comment Washington peut espérer rappeler à l’ordre ses adversaires à propos du respect des droits humains avec la persistance d’une telle monstruosité juridique, plus de deux décennies après son ouverture ?
Ces fautes ont nourri la défiance qui s’exprime aujourd’hui. Nous ne devons pas être induits en erreur par le récent vote de l'Assemblée générale des Nations unies ainsi que la demande de la majorité des pays à la Russie d'arrêter l’opération et de retirer immédiatement les troupes russes de l’Ukraine. Il est exagéré de dire qu’il y a une intention de réduire la division entre les Occidentaux et d’autres pays, surtout dans une situation, où les pays fiables comme l’Afrique du Sud, la Chine et l’Inde donneront le pouvoir de contourner les sanctions à la Russie.
Alors que plusieurs pays votent contre la Russie à l’ONU, ils n’ont pas d’engagement à la position de l’Occident. Par exemple, l’Argentine, le Brésil ainsi que le Chili votent pour la résolution de l’ONU contre la Russie, mais ils n’ont aucune intention de fournir des aides militaires à l’Ukraine. La récente visite du chancelier allemand, Olaf Scholz, à ces trois pays n’a servi à rien. Dans le contexte actuel, l’isolement de Poutine n’est qu’un vœu pieux.
Quant aux pays africains qui se sont abstenus de voter la résolution anti-russe de l'ONU, Emmanuel Macron doit travailler dur pour les convaincre de changer d'avis et de voter en faveur des intérêts de l'Occident.
Par ailleurs, lors du forum économique mondial de Davos 2023, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, représentant d’un ordre international qui est sous l’influence des Occidentaux, a mis en garde les pays riches qui n’ont pas saisi la colère des pays du Sud.
Il a également pointé l’égoïsme de ces pays lors de la pandémie de Covid-19 ainsi que les effets de l’inflation en raison des guerres de l’Europe contre les pays fragiles.
Pour l'Occident, le plus terrible résultat de la guerre en Ukraine serait que les Etats-Unis se posent en donneurs de leçons, lesquelles ne servent que leurs propres intérêts.
Il serait donc temps comme le souligne Le Monde d’enterrer, une fois pour toutes, cet ordre international, le pire à l’exception de tous les autres.
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