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L’Afrique un acteur internationale important

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L’Afrique un acteur international important. (Illustration)

Sous nos yeux, le monde, et l’Afrique en particulier, est en plein bouleversement. Ce phénomène est imputable à la multipolarisation, à la progression des peuples et des civilisations. Ce constat est particulièrement visible dans les pays dits en développement. Les pays non occidentaux unissent leurs forces, construisent de nouveaux ponts diplomatiques et de nouveaux systèmes économiques afin de ne plus dépendre du vieux système mis en place par l’Occident.

Des organisations telles que l’OCS, les BRICS, ASEAN (qui à sa création a d’abord été dénoncée par la Chine comme un outil pour la contenir, mais qui aujourd’hui compte aussi la Chine parmi ses membres), AIIB (la dernière des grandes banques de développement avec 105 membres, l’un des derniers à l’avoir rejoint étant la Tunisie) aide à cette multipolarisation. À noter aussi qu’en l’espace de quelques années le G7 est passé au G20.

L’Afrique n’est pas en reste en matière de nouvelle coopération au sein de son continent, telle que l’Union Africaine, l’Appo (l’équivalent de l’oppex, mais pour le continent africain), CEEAC, CEDEAO, UMA… pour n’en citer que quelques-uns.

En quoi la création de ces organisations est importante ?

Plus il y a d’organisations et de systèmes, plus un pays, une entreprise ou un individu disposera de choix en matière de collaboration. Ce choix permet à un pays et donc à ses entreprises d’être plus libres, de ne pas être sous le diktat de sanctions ou de pressions économiques d’un seul et même système...

Sergueï Lavrov s’est félicité, il n’y a pas si longtemps, du fait que l’Afrique est en train de devenir l’un des centres du monde multipolaire (lors de sa rencontre avec l’OCI en octobre 2022). Ngozi Okonjo-Iweal, ancienne directrice générale de la Banque mondiale (et directrice générale de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce), avait déjà mentionné à l’époque que l’Afrique était en passe de rejoindre le groupe des destinations privilégiées des investisseurs.

Pourquoi l’Afrique est attirée par le monde multipolaire et rejette l’ancien modèle monopolaire ?

Ce qui marque le mieux cette transformation est l’opposition de plusieurs États africains aux résolutions de l’ONU contre la Russie. En effet en octobre plus d’une dizaine de pays africains se sont abstenus de voter contre la Russie et en novembre 27 pays africains ont rejeté le projet de résolution par l’ONU sur le versement de réparations par la Russie à l’Ukraine.

Est-ce parce que l’Afrique soutient la guerre en Ukraine ?

Très peu probable. Il est évident que l’Afrique n’oublie pas ce que l’Occident a fait avec la Libye, la Syrie, l’Irak, la politique de néocolonialisme avec le franc CFA, le vol des matières premières, les dégâts causés par les médias. L’Afrique n’oublie pas son passé et tente de s’en libérer.

La preuve en est que de nombreux pays frappent à la porte des BRICS afin de rejoindre ce mouvement de pays dits « intermédiaires ». L’influence sur le continent européen est en train de changer. Il n’y a pas si longtemps, plusieurs médias européens ont été exclus, des ONG occidentales ont été invitées à quitter le territoire africain (accuser de jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Occident et les terroristes).

En effet, les médias français, par exemple, jouent un rôle de propagande en Afrique. On ne compte plus le nombre de fois où le président français Emmanuel Macron a ouvertement attaqué la Russie à l’égard du continent africain. Ces campagnes de propagande cherchent à accuser la Russie d’être un danger pour les Africains, à accuser le groupe Wagner d’insécurité et d’attaques terroristes ou encore elles permettent de valoriser les investissements de Paris en Afrique.

De nombreux pays et personnalité africains ont toujours dénoncé l’influence négative de l’Occident en Afrique. La colonisation et avant elle l’esclavage ont causé un assassinat culturel et civilisationnel aux Africains. Et à cause du néocolonialisme, qui a été pour les Européens un instrument de continuité pour dominer des pays dont les matières premières sont des ressources cruciales, les choses ne se sont pas améliorées.

L’un des premiers pays du continent africain à opposer une forte résistance à l’Occident a sans aucun doute été l’Algérie. L’Algérie a payé un prix élevé pour son indépendance. Le nombre de victimes est écrasant pour la seule indépendance, avec près d’un million et demi de personnes assassinées.

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L’actuel président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a lui-même qualifié en mai 2020 les crimes coloniaux de crimes « contre l’humanité, contraires aux valeurs de la civilisation, car ils étaient fondés sur l’épuration ethnique visant à remplacer la population autochtone par des étrangers ». Il a rappelé que les 132 ans de colonialisme français (1830-1962) ont réduit de moitié la population de son pays.

Depuis son indépendance, l’Algérie exige des excuses. La France lui demande d’oublier.

Mais ce n’est pas le nombre de morts causés par les crimes coloniaux qui fait de l’Algérie une des voix du pluralisme. Très vite après la révolution, par la voix de Houari Boumediene, président algérien de l’époque, l’Algérie s’est donné pour objectif de construire un pays fort. Boumediene voulait donner aux pays du tiers monde leur « autonomie par rapport à l’Occident impérialiste », il voulait lancer la révolution industrielle. Cette révolution s’est terminée avec lui, mais les Algériens ne l’ont jamais oublié 43 ans après sa mort le gouvernement de Tebboune cherche à ressusciter sa mémoire dans le cœur des Algériens en faisant du 27 décembre 2021 une grande commémoration. Est-ce un message à l’Occident et aux Algériens ?

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Boumediene, outre le fait qui est l’un des rares présidents à avoir gardé une aura positive, « reste, dans l’imaginaire collectif des Algériens, le symbole d’une Algérie forte au niveau régional et international »

Le parti de Tebboune veut-il reprendre l’œuvre inachevée de Boumediene ?  

L’Algérie de Tebboune a accueilli le sommet de la Ligue arabe début novembre, alors qu’il était annoncé comme un désastre, et pourtant ce sommet a réuni plus de 15 des 22 chefs d’État. L’Algérie est également le médiateur entre les parties de la Résistance palestinienne. Toujours pour ce mois de novembre, des exercices militaires avec les Russes ont été prévus. L’Algérie est également engagée dans un bras de fer énergique avec l’Europe.

L’avenir nous dira si l’Algérie a les moyens ou non de devenir un acteur de premier plan en Afrique, mais ce qui est certain, c’est que l’Afrique a de nombreuses raisons de désavouer l’Europe, d’aller dans le sens de la multipolarité, car comme pour l’Amérique du Sud, cette multipolarité lui permettra d’avoir un choix qui la fera sortir des chaînes que l’Occident lui a imposées.

La multiplication des relations entre pays africains dans tous les domaines diplomatique, universitaire, économique et culturel reste le meilleur moyen pour ce continent riche à tous les nouveaux de devenir vraiment indépendant et ainsi permettre l’arrêt de ce mouvement migratoire qui coûte la vie à de nombreuses personnes dont souvent des enfants.

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C’est d’ailleurs dans ce sens que le président Mohamed Bazoum s’est exprimé, au Niger, ce 25 novembre 2022, lors du double Sommet de l’Union africaine sur l’Industrialisation et la Diversification Économique de l’Afrique. Ce sommet a mentionné notamment l’impérativité pour les Africains de connecter le continent dans tous les sens du terme (chemins de fer, route, aéroport).

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SOURCE: FRENCH PRESS TV