La Russie et l'Iran lancent une nouvelle route commerciale qui les aidera à contourner les sanctions.
Les deux pays sanctionnés par les États-Unis construisent une nouvelle route commerciale transcontinentale et étendent rapidement leurs chaînes d'approvisionnement, après avoir augmenté les livraisons mutuelles de fret à travers la mer Caspienne, selon un rapport publié mercredi 21 décembre par Bloomberg.
Le corridor commercial qui s'étend de la mer d'Azov et de l'embouchure du fleuve Don en Russie aux hubs iraniens sur la mer Caspienne et finalement l'océan Indien est devenu de plus en plus fréquenté ces derniers mois, avec l'émergence de nouvelles routes, selon le rapport. Les données de suivi des navires compilées par le média parlent des centaines de navires russes et iraniens, en circulation le long des rivières qui mènent à la mer Caspienne.
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Il est vrai que la situation géographique de l'Iran permet à la Russie de transporter en toute sécurité des marchandises via le corridor commercial à travers le territoire iranien jusqu'en Asie et en Inde sans encourir le risque de sanctions occidentales.
« Avec la fermeture des réseaux de transport européens, ils se concentrent sur le développement de corridors commerciaux alternatifs sur fond du virage de la Russie vers l'Est. Vous pouvez imposer des contrôles sur les routes maritimes, mais les routes terrestres sont difficiles à surveiller. Il est presque impossible de toutes les suivre », a déclaré à Bloomberg, Nikolay Kozhanov, un expert du golfe Persique à l'Université du Qatar.
Le commerce avec l'Iran, bien qu'important en soi, est considéré comme "un pont logistique" entre la Russie et le Moyen-Orient, ainsi que l'Asie du Sud et du Sud-Est, selon le président de la Chambre de commerce et d'industrie russe, Sergey Katyrin.
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Lors d'un forum économique en septembre, le président russe Vladimir Poutine a attiré l'attention sur la nécessité de développer les infrastructures maritimes, ferroviaires et routières le long de la route, car cela "offrira aux entreprises russes de nouvelles opportunités d'entrer sur les marchés de l'Iran, de l'Inde, au Moyen-Orient et en Afrique, et facilitera en retour l'approvisionnement de ces pays".
"Il s'agit d'établir des chaînes d'approvisionnement à l'épreuve des sanctions tout au long du processus", a déclaré au média Maria Shagina, experte en sanctions et en politique étrangère russe à l'Institut international d'études stratégiques.
La Russie et l'Iran investissent quelque 25 milliards de dollars dans l'expansion de la route commerciale, selon Shagina.
La Russie serait également en phase finale d'établissement de règles qui donneraient aux navires iraniens le droit de passage le long des voies navigables intérieures de la Volga et du Don, selon l'agence de presse maritime iranienne.
Le commerce entre la Russie et l'Iran a bondi cette année, avec un chiffre d'affaires dépassant les 4 milliards de dollars entre janvier et octobre 2022 et devrait dépasser les 5 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, selon le Service fédéral russe des douanes. Les exportations russes vers l'Iran ont jusqu'à présent bondi de 27 % par rapport à l'année dernière, tandis que les importations ont augmenté de 10 %.