L’ONU appelle les États-Unis à lever les sanctions contre l’Iran et à prolonger les dérogations sur le commerce du pétrole.
Les Nations unies ont appelé les États-Unis à lever leurs sanctions contre l’Iran conformément à l’accord nucléaire de 2015, et à prolonger les dérogations concernant le commerce du pétrole avec le pays.
La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Rosemary DiCarlo, a fait ces remarques lors d’une session du Conseil de sécurité lundi 19 décembre, sur la non-prolifération (mise en œuvre de la résolution 2231), qui approuve l’accord nucléaire de 2015, ou le Plan global d’action conjointe (PGAC).
« L’accord sur le plan et son approbation par le Conseil [de sécurité] ont démontré une unité d’objectif parmi ses participants. Le plan et la résolution soutiennent nos objectifs communs de non-prolifération nucléaire et de sécurité régionale, d’une manière qui offre des avantages économiques tangibles au peuple iranien », a-t-elle ajouté.
Elle a regretté qu’aucun accord n’ait été conclu sur la relance du PGAC malgré les « efforts inlassables » des participants aux réunions autour de l’accord nucléaire depuis avril 2021 pour résoudre les différends restants.
La responsable de l’ONU a souligné qu’une paix et une sécurité durables pour tous les États membres dépendent du dialogue et de la coopération, déclarant : « Nous encourageons toutes les parties et les États-Unis à reprendre leurs efforts pour résoudre les problèmes en suspens de peur que les gains réalisés par le plan après des années de laborieux efforts soient complètement perdus. »
Soulignant le “rétrécissement” de l’espace diplomatique, le haut responsable de l’ONU a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le programme nucléaire iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état de l’intention de la République islamique d’Iran d’installer de nouvelles centrifugeuse dans la centrale nucléaire de Natanz et de produire davantage d’uranium enrichi jusqu’à 60 % sur le site nucléaire.
L’Iran a commencé en novembre à enrichir de l’uranium jusqu’à une pureté de 60 % dans son installation nucléaire de Fordo après avoir officiellement informé l’AIEA de sa décision.
Téhéran a déclaré que cette décision était un message fort à la dernière résolution anti-iranienne adoptée par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui a critiqué le pays pour ce qu’il a appelé un manque de coopération avec l’agence. La résolution a été présentée par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, dans le prolongement de leurs pressions politiques sur l’Iran. La Russie et la Chine ont voté contre.
Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a déclaré samedi que l’enrichissement d’uranium du pays avait officiellement atteint le niveau de pureté de 60 % conformément à une loi parlementaire de décembre 2020 visant à accélérer le développement du programme nucléaire iranien.
Il a ajouté que la loi parlementaire avait fourni de bonnes conditions pour l’Iran et qu’aujourd’hui l’enrichissement [d’uranium] dans le pays a officiellement atteint 60 % conformément à cette loi.
Plus loin dans ses remarques, Dicarlo a déclaré : « L’AIEA a réitéré que la décision de l’Iran de cesser la mise en œuvre de ses engagements liés à l’accord nucléaire de Genève a affecté ses activités de garanties. De ce fait, elle a de nouveau appelé l’Iran à revenir sur les mesures qu’il a prises depuis juillet 2019. »
En mai 2019, un an après le retrait des États-Unis du PGAC, l’Iran a commencé à prendre des « mesures correctives » en réduisant ses engagements conformément au PGAC après que les parties européennes de l’accord — la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne — n’ont pas tenu leurs engagements envers l’accord de 2015.
Téhéran a commencé à supprimer progressivement un plafond fixé dans le PGAC sur ses activités nucléaires à intervalles bimensuels. À cette époque, l’Iran a également souligné que si l’économie iranienne était à l’abri des sanctions, il reviendrait sur sa décision nucléaire.
« L’ONU examine les allégations concernant les exportations de drones iraniens »
Dicarlo a également déclaré que l’ONU avait reçu des lettres de l’Ukraine, de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis concernant les transferts présumés de drones de l’Iran vers la Russie pour être utilisés dans la guerre en Ukraine et a noté que les cinq pays avaient appelé l’ONU à effectuer des inspections dans ce contexte.
Selon la cheffe politique de l’ONU, le représentant permanent de l’Iran a nié les allégations selon lesquelles le pays aurait fourni des drones à utiliser dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine, tandis que Moscou avait également exprimé ses sérieuses inquiétudes concernant les demandes de ces États membres.
L’Iran et la Russie ont nié à plusieurs reprises les allégations selon lesquelles Téhéran aurait fourni à Moscou des drones à utiliser dans la guerre contre l’Ukraine.
Les revendications anti-iraniennes sont apparues pour la première fois en juillet ; le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan ayant prétendu : « Washington a reçu des “informations” indiquant que Téhéran se préparait à fournir à la Russie “jusqu’à plusieurs centaines de drones, y compris des drones capables de porter des armes sur un calendrier accéléré” pour une utilisation dans la guerre de l’Ukraine ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a de nouveau rejeté lundi les allégations sans fondement, soulignant qu’elles n’avaient d’autre objectif que de dissimuler les tentatives de l’Occident d’intensifier la guerre et la violence en Ukraine.
De telles allégations sont faites contre l’Iran dans les circonstances où de différents types d’armes de pays occidentaux d’un montant des milliards de dollars ont été envoyés en Ukraine pour prolonger la guerre, a fait noter le haut diplomate iranien.
S’adressant à la même réunion du Conseil de sécurité, le chef adjoint de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations unies, Silvio Gonzato, a déclaré : « L’UE continue de reconnaître que l’Iran a été et continue d’être confronté à “de très graves conséquences économiques” à la suite de la décision de Washington de se retirer unilatéralement de l’accord nucléaire et de réimposer les sanctions unilatérales américaines précédemment levées. Dans cet ordre d’idées, elle exprime son profond regret à cet égard. »
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S’exprimant au nom du chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, il a ajouté que les États-Unis avaient imposé des sanctions nucléaires supplémentaires contre l’Iran, y compris dans le domaine du pétrole et de la pétrochimie depuis juin.
« La reprise de l’accord est toujours le seul moyen permettant à l’Iran de récolter tous les bénéfices de l’accord nucléaire et d’atteindre son plein potentiel économique, d’autant plus que cela déboucherait sur une levée complète des sanctions et une plus grande coopération de la communauté internationale avec l’Iran », a poursuivi Gonzato.
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