Pour la deuxième fois depuis fin août, une base militaire turque dans le nord de l’Irak vient d’être la cible d’une attaque menée par le missile 9M113 Konkurs. Les attaques surviennent sur fond d’une espèce d’indécision et d’ambiguïté qui a jeté de l’ombre sur la politique étrangère du président turc qui ne sait où se placer entre Moscou et Washington.
Ce dimanche 11 septembre, la chaîne de Telegram, Sabereen News a fait état de la prise pour cible d’une base militaire turque dans le nord de l’Irak par un missile guidé de type 9M113 Konkurs. C’est une deuxième depuis le 31 août où la base militaire turque située dans la région de Bamerni dans la province de Dohuk en Kurdistan irakien a été la cible d’une frappe de missile Konkurs.
Le missile 9М113 Konkurs, désigné par l’OTAN AT-5 Spandrel, est un missile guidé anti-blindé soviétique de deuxième génération conçu pour engager des cibles mobiles et fixes. D’une portée allant jusqu’à quatre kilomètres et d’une vitesse de 200 mètres par seconde, Konkurs est équipé d’une ogive anti-blindée avec une forte capacité d’explosion.
L’armée turque affirme avoir une présence militaire dans le nord de l’Irak pour combattre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Cependant, le gouvernement de Bagdad qualifie cette présence d’« occupation » et la considère comme une violation flagrante de l’intégrité territoriale de l’Irak.
Mais pourquoi la Turquie d’Erdogan qui cherche en ce moment à se débarrasser du fardeau des réfugiés syriens même au prix de se rendre à Canossa et à supplier Assad de le lui pardonner continue à naviguer entre deux mondes ? La réponse est simple : le Sultan souffre d’une schizophrénie politique aiguë qui l’empêche de trancher et de se placer une bonne fois pour toutes dans l’un des deux camps entre Moscou et Washington.
« Sans aucun doute, la Turquie fera face à des sanctions de la CAATSA, si elle achète des avions de combat de fabrication russe », a-t-il précisé, ajoutant par ailleurs que l’achat des systèmes de défense aérienne russes S-400 contredit directement les engagements pris par tous les alliés à réduire leur dépendance à l’égard de l’équipement russe lors du sommet de l’OTAN en 2016 à Varsovie.
« Nous appelons la Turquie et tous les partenaires et alliés des États-Unis à s’abstenir d’acheter des armes et des équipements russes à l’avenir, y compris l’achat de nouvelles cargaisons de systèmes S-400 qui fournissent à la Russie des revenus, un accès et une influence », a-t-il lancé.
À noter que « Countering America’s Adversaries Through Sanctions » était initialement un projet de loi rédigé par plusieurs sénateurs américains intransigeants contre l’Iran, la Russie et la Corée du Nord, mais plus tard, lors de la présidence de Donald Trump en 2017, il est devenu une loi.
À l’heure qu’il est, les lobbies d’Ankara à Washington remuent ciel et terre pour organiser une réunion entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Joe Biden en marge du sommet des Nations unies à New York. À l’occasion, Erdogan exprimerait, comme il l’avait dit auparavant, ses mécontentements du plein soutien US au comportement provocateur de la Grèce envers la Turquie et de l’envoi d’armes aux groupes terroristes, dont le PKK opérant dans le nord de la Syrie.
Par ailleurs, Erdogan estime que son homologue russe Vladimir Poutine a raison de se plaindre que les céréales exportées d’Ukraine dans le cadre d’un accord conclu sous l’égide des Nations unies et de la Turquie aillent vers des pays européens plutôt que vers les pays pauvres qui en ont le plus besoin.
Exprimant sa gratitude que la Turquie, contrairement à d’autres pays, n’ait pas été soumise à l’embargo russe sur le gaz, le président de la Turquie a mentionné que lors de sa visite à Moscou, il demandera à son homologue russe, Vladimir Poutine d’accorder une remise sur le prix du gaz exporté vers la Turquie.
Mais cette prise de position va radicalement à l’encontre des propos du PDG de la société Baykar, Haluk Bayraktar, selon qui, des drones Bayraktar TB2 déployés dans le champ de bataille en Ukraine ont changé la donne en faveur de Zelensky (président ukrainien). Il s’est déclaré ouvertement pour l’Ukraine, soulignant que pour rien au monde, il n’est disposé à vendre des drones à la Russie.
Grand habitué de politique dite « deux poids, deux mesures », Erdogan a tenté, dès le début du conflit russo-ukrainien, de se placer au milieu des deux parties. D’une part, il souhaite acheter des armements russes, dont le S-400 et le Sukhoi, mais aussi poursuivre le transfert de gaz via le gazoduc TurkStream. Et en même temps, il cherche à vendre des drones à l’Ukraine pour satisfaire l’Union européenne et l’OTAN.