Que faut-il comprendre de cette ridicule accusation d’il y a deux jours qu’a proféré le département d’état à l’encontre de l’État syrien comme quoi il aurait enlevé Austin Ticeئ ancien officier d'infanterie de l'US Marine Corps, qui aurait disparu alors qu'il couvrait les combats des terroristes dans la périphérie de la capitale syrienne en août 2012, tout en disposant d’une carte de journaliste indépendant ? C’est simple. L’Amérique use d’un alibi potentiellement à même de devenir une monnaie d’échange et ce, à l’effet d’un scénario qui vu sa présence largement pétrolocentrique en Syrie orientale puisse déboucher sur une présence de longue durée alors même qu’il lui est impossible de changer en quoi que ce soit la configuration de ses forces au Levant.
Au sixième mois de la guerre anti Russie en Ukraine et alors même que tous les stratèges US estiment le géant russe confiné à Donbass face à une armée otanienne qui à l’heure qu’il est, est sur le point d’étendre sa guerre jusqu’en Crimée, l’Amérique semble juger le moment propice pour resserrer la vis autour d’Assad, quitte à doubler Poutine et entrer en deal avec Damas. S’il est vrai que la réponse de Damas à cette accusation ne laisse aucune chance à un deal, il est aussi vrai qu’avec une armée de l’air russe, « affaiblie » en Syrie dont la bulle de DCA occidentale est régulièrement mise à l’épreuve par Israël, Damas ne saurait in fine que tolérer la présence illégale des Yankee et c’est ce que cherche la Maison Blanche en ces temps de crise petro gazière qui secoue le monde. Surtout que ce pétrole détourné syrien - c’est là un fait très peu commenté par les commentateurs - part de Deir ez-Zor à destination du nord d’Irak avant d’être embarqué à bord des pétroliers turcs qui eux déchargent leurs cargaisons à Ashkelon en Israël.
Dans ce contexte quelle serait la meilleure réaction de Damas? Au niveau diplomatique, l’État syrien vient de rejeter la honteuse accusation de kidnapping, exigeant que l’occupation américaine respecte le droit international et qu’elle se désengage :
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de la Syrie a demandé à Washington de retirer immédiatement et sans condition leurs forces illégalement présentes en Syrie : « Le gouvernement américain accuse le gouvernement syrien d'avoir kidnappé ou arrêté des citoyens américains, dont un soldat nommé Austin Tice. Pourtant, Washington dit reconnaître depuis des années qu’Austin Tice et d'autres citoyens américains sont entrés illégalement sur le territoire de la République syrienne. L’opinion publique américaine doit savoir que leur gouvernement viole la Convention de Vienne sur les relations consulaires et diplomatiques. Il permet à des dizaines de citoyens américains d’entrer en Syrie via des points de passage officieux, sans l'aval de Damas. Il encourage aussi des groupes terroristes armés à s'infiltrer dans des zones sous l’autorité syrienne. Tout dialogue ou communication officielle avec le gouvernement américain doit être ouvert et fondé sur le respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la Syrie et sur la non-ingérence dans ses affaires intérieures »
La Syrie exige donc le retrait immédiat et inconditionnel des forces de la coalition militaire dirigée par les USA qui sont illégalement présentes en Syrie, l’arrêt du pillage et de la contrebande du pétrole et du blé syriens, l’arrêt du soutien apporté aux groupes rebelles armés et terroristes déployés dans la base d'al-Tanf, et finalement l’arrêt de l’ingérence de l’administration américaine dans ses affaires internes. »
À quoi rime ce modus operandi ? Assad joue avec la cadence des ripostes qu’il veut être répétée mais non pas de grande ampleur. C’est le principe de harcèlement qui inscrit dans la durée, prend au piège l’adversaire, lui ôtant tout initiative. C’est pour le côté US des choses. Et le côté israélien de la riposte ? Eh bien c’est au Golan que cela aura lieu ainsi que les Israéliens l’appréhendent de plus en plus : l’armée israélienne appréhende une action combinée de l'armée syrienne et du Hezbollah libanais contre le front du Golan qui est considéré comme l’aile fragile d'Israël, situé près du front nord (sud du Liban), la côte palestinienne et la bande de Gaza. Les attaques continues à la périphérie de Damas et à proximité de son aéroport sont sans doute la conséquence de la confusion causée par la fuite d'informations au sujet d’une prochaine bataille du Golan et de l’envoi d'équipements et de missiles modernes et avancés. Et c’est bien ainsi : car après le harcèlement issu de coups répétés, c’est l’attente et la confusion au sein du camp ennemi qui sont les meilleurs alliés des combattants asymétriques.