Alors que la Russie organise des exercices militaires conjoints avec l'Iran et d'autres alliés de Moscou dans le centre de l'Iran, le Venezuela organise également des exercices militaires de tireurs d'élite avec ces pays. Ces deux exercices militaires conjoints, qui ont débuté le lundi 15 août, se déroulent en Iran et au Venezuela dans le cadre des exercices militaires internationaux 2022 de la Russie, initiés par Moscou. Le Venezuela a accueilli les "Sniper Frontiers". Le but, l'esprit de ces jeux est d'unir les cultures et les peuples plus que de démontrer des compétences militaires, a déclaré le ministre vénézuélien de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, ajoutant qu'une délégation de 200 soldats vénézuéliens a également été envoyée en Russie pour participer à d'autres événements de ces jeux. On se rappelle que l'événement annuel a été lancé en 2015 à l'initiative de la Russie, et une trentaine de pays, dont la Chine, l'Iran, l'Inde, Cuba et le Myanmar, ont participé aux manœuvres. Mais l'intriguant pour le camp d'en face obnubilé par la croissance exponentielle des liens Iran-Russie depuis la guerre en Ukraine, illustrée surtout par les coopérations, bancaires, économiques, puis des liens spatiaux et militaires est que l'Iran organise en ce moment des exercices de drones conjoints avec la Russie sur la base aérienne de Kashan, y faisant impliquer la Biélorussie et l'Arménie, soit deux de ses alliés les plus proches face à l'axe US/OTAN. Est-ce le début d'un vaste mouvement militaire, espèce d'Anti Otan qui du golfe Persique aux Caraïbes en passant par la mer Noire entend défier l’Amérique et ses acolytes? Après tout il s'agit de milliers de soldats et des centaines de types d'armements essentiellement axés sur les combats asymétriques qui y sont impliqués, et ce dans un contexte de guerre extensive.
L'exercice militaire et le rapprochement de l'Iran, de la Chine et de la Russie avec l'espace de "sécurité américain", que, pendant de nombreuses décennies, les Américains ont "protégé" contre toute "infiltration" quitte à établir leur « doctrine Monroe » n'est pas une réalisation stratégique objective, mais il peut clairement déclencher la sonnette d’alarme pour les États-Unis. Bien sûr, cette présence militaire n'a d'autre sens que de créer l'équilibre par un axe que les États-Unis considèrent comme leur ennemi stratégique. Elle cherche également à démontrer aux États-Unis que toute éventuelle aventure militaire de Washington contre Pékin, Moscou et Téhéran coûtera cher et lui ouvrira les portes de l'enfer non pas à des milliers de kms de son territoire et pour ses troupes lointaines, mais carrément sur son territoire.
En effet une partie de cet exercice a été consacrée aux unités de drones ce qui est devenu une source de préoccupation pour les Américains sur les leurs frontières maritimes. Surtout après que de hauts responsables militaires américains ont ouvertement reconnu que pour la première fois depuis la guerre de Corée, les États-Unis interviennent sans disposer d'une supériorité absolue sur le plan des capacités aériennes. L'axe anti US est-il sur le point de défier l'US Air force à son domicile? Après la récente visite de Nicolas Maduro à Téhéran et la conclusion d'un accord stratégique de 20 ans entre les deux pays, les relations Téhéran-Caracas sont entrées dans une nouvelle phase. Ce n'est plus comme en mai 2020 où l'arrivée de cinq pétroliers iraniens aux Caraïbes chargés d'esse'nce pour le Venezuela fut tout un événement. Désormais les navires iraniens se sont déplacés régulièrement vers les eaux de ce pays et rien que l'année dernière, les médias américains ont publié plusieurs rapports indiquant qu'il y avait des signes que l'Iran renforçait sa présence en Amérique latine. A présent, c'est un million d'hectares de terres seront donc bientôt semés et cultivés par l'Iran au Venezuela, Téhéran souhaitant y planter du soja et du maïs et s'enthousiasmant des atouts du Venezuela pour assurer sa sécurité alimentaire. Or avoir de la terre cela veut dire d'autres liens en filigrane dont les liens militaires qui font si peur à l'Amérique.
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Les médias US s'alarment régulièrement de ce que l'Iran envoie des cargaisons d'armes en Amérique du Sud, une Amérique du Sud qui après avoir vu en Colombie terre de prédilection des mercenaires US un Pro Soleimani au pouvoir, vient de basculer au Brésil dans le camp de Lula, ami de Chavez qui se porte candidat à la présidence. La présence de l'Iran est-ce réellement réconfortant? Sur le même sens , l'armée vénézuélienne a exposé pour la première fois des drones de combat iraniens assemblés au Venezuela lors de son défilé militaire du 5 juin. Les drones, qui étaient initialement connus sous le nom iranien « Mohajer- 2 », portent maintenant le nom « Antonio Jose Sucre ». La surveillance, l'identification et l'attaque avec des capacités antichar et antipersonnel font partie des caractéristiques de ce drone. Or c'est ce même drone qui s'exerce en ce moment même dans le cadre d'un jeu russe que le Venezuela accueille à cœur joie et où l'Iran et la Chine participent activement.
Pour les observateurs et experts politiques internationaux, la présence de troupes chinoises aux côtés des Russes et des Iraniens près des frontières américaines est une réponse directe de la Chine à la visite provocatrice de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, à Taïwan et à la violation de l'intégrité territoriale et la remise en cause politique de la souveraineté nationale de ce pays, en tant que la Chine unifiée. Ces dernières années, les États-Unis se sont particulièrement concentrés pour contrer la Chine. Récemment, Washington recourt à l’agenda de la guerre froide face à Pékin. L'an dernier, les Etats-Unis ont équipé l'Australie, qui se situe près des frontières chinoises, de plusieurs sous-marins nucléaires dans le cadre de l’accord AUKUS. Maintenant, l'exercice de la Chine dans les Caraïbes - près des États-Unis - ressemble plutôt à une réponse de Pékin à Washington surtout que cette histoire AUKUS a largement servi la cause nucléaire iranienne, l'Australie n'étant membre ni du TNP ni aucune autre forme de traité anti prolifération.
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C'est ainsi que les liens s'imbriquent et que de la mer de Chine aux Caraïbes se crée une alliance qui s'étend jusqu'aux Caraïbes. Des sources américaines ont annoncé que le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi avait signé plusieurs accords économiques en Amérique latine avec l'Uruguay, le Nicaragua et l'Équateur le mois dernier. De plus, la Chine a réchauffé ses relations avec l'Argentine en y mettant en œuvre des projets d'infrastructure.
En signe de leurs puissances, l'Iran, la Russie et la Chine envisagent de lancer dès aujourd'hui un exercice trilatéral en Amérique latine baptisé « Border Sniper » pour montrer comment leurs armées peuvent débarquer carrément sur le territoire US.