TV

Comment la Résistance yéménite pourrait aider Poutine à gagner la guerre

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Missiles Fater-1 de la Résistance yéménite. (Photo d'archives)

Pourquoi les Etats Unis, pays à l'économie exangue seraient-ils prêts à payer les salaires des combattants d'Ansarallah? le site yéménite Al Khabar al Yemeni affirme dans son édition de ce 14 août que les Américains auraient fait savoir par Oman interposé qu'ils seraient prêts à mettre en personne la main à la poche si Ansarallah accepte de proroger la trêve. Une des réponse possible, la plus simple dirait on, c'est que les Etats Unis largement occupés à piller le pétrole et le gaz yéménite à Chamwa tout pres de Maarib et al Mahra à l'est du Yémen ainsi qu'à Hadramout, province géante limitrophe à l'Arabie saoudite ne veulent en ces temps de crise de l'énergie avoir à faire face aux missiles et drones de la Résistance yéménite pas plus qu'ils ne veulent voir encore Aramco et Jebel Ali des Emirats passer sous les flots balistiques. Or cette réponse qui occupe la une des analyses consacrées au Yémen parait bancale si on se réfère à cette information très fraîche comme quoi les Saoudiens et leurs mercenaires auraient tenté d'attaquer al Hudaydah.  Selon des sources yéménites,  Ansarallah, a repoussé une attaque des mercenaires affiliés à la coalition saoudienne contre leurs positions dans le nord de la région de Hays, située dans la province de Hudaydah : 

Les mercenaires affiliés à la coalition saoudienne avaient l'intention d'attaquer les positions de l'armée et d’Ansarallah, mais les forces yéménites les ont forcés à fuir et à battre en retraite. L'opération ratée des spires pro-Riyad a eu lieu alors qu'un prétendu cessez-le-feu est désormais en place dans ce pays. Des sources d'information ont rapporté le samedi matin 13 août que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a violé le cessez-le-feu au Yémen 126 fois au cours des dernières heures. La coalition dirigée par l'Arabie saoudite a violé le cessez-le-feu négocié par l'ONU en effectuant des vols de reconnaissance au-dessus des provinces de Maarib, Taëz, al-Jawf, Saada, Hudaydah, Dhaleh, Hajjah, a rapporté la chaîne d’information yéménite Al Masirah. « La trêve historique au Yémen, qui est en vigueur depuis avril, a été renouvelée pour deux mois supplémentaires jusqu'au 2 octobre », a annoncé mardi l'envoyé spécial de l'ONU pour le pays, Hans Grundberg.

Importante rencontre Bogdanov-Ansarallah

Le symbole d’une volonté russe de projection de puissance en océan Indien et en Afrique

En effet cette attaque cible l'un des ports les plus stratégiques du Yémen, pays de mille et un îles et ports et elle la cible  à un moment très particulier à savoir à l'heure de rapprochement Russie/Ansarallah. Il y a quelques jours une haute délégation d'Ansarallah a été reçue à Moscou par le numéro deux de la diplomatie russe suite à quoi le PM du gouvernement de Sanaa s'est mis à parler des "objectifs communs" Russie/Ansarallah axé autour d'un fervent anti américanisme. A ceci s'ajoute évidemment la guerre en Ukraine  où Ansarallah s'est rangée aux côtés de la Russie et même plus rapidement que n'importe quel allié de Moscou. Mais de l'Ukraine il y a aussi une autre leçon que la Russie tire et qui la pousse à voir sous un autre angle ses liens avec Ansarallah jusqu'ici assez froids dans la mesure où Moscou est un partenaire pétrolier de Riyad et d'Abou Dhabi et que parmi les Yéménites ce son,t plutôt sur les Sudistes yéménbites que la Russie a capitalisé. Quelle est cette leçon? être une puissance continentale comme la Chine a grandement fait du tort à la Russie ce qui a poussé Poutine a signer le 31 juillet une nouvelle stratégie maritime consistant à multiplier des bases ou des partenaires insulaires à travers le monde y compris et surtout en mer Rouge rien que pour sa proximité avec l'océan indien et la possibilité qu'elle offre à ce que la Russie trouve un front naval lointain contre l’Amérique. 

 En effet, la présence russe le long d’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde lui permet de s’afficher comme une marine mondiale, du même niveau que les autres puissances maritimes qui ont déjà des accès dans la région. D'aucuns diraient que Poutine possède une base au Port Soudan. Une fois active, cette base russe à Port Soudan servira au soutien des unités militaires russes déployées en océan Indien, sans exclure non plus un soutien aux services de sécurité privés russes qui pourraient voir un nouveau champ d’action en mer Rouge, notamment pour combattre la piraterie toujours présente dans la région. Cette présence russe permettra aussi de défendre les intérêts pétroliers de Moscou dans la région et d’observer de plus près le conflit au Yémen. Moscou pourrait ainsi tenter de s’imposer, à terme, comme médiateur de ce conflit et développer sa présence dans ce pays, véritable fenêtre d’observation sur le détroit de Bab el-Mandeb et le golfe d’Aden.

Premier contact géostratégique Russie-Ansarallah ?

Une telle base pourrait aussi permettre à la marine russe d’escorter les pétroliers iraniens autour de la Péninsule arabique, comme elle le fait depuis octobre dernier en Méditerranée, renforçant d’autant plus le rôle régional de Moscou. Enfin, en complément des infrastructures portuaires, la presse russe a évoqué l’installation de capacités de renseignement, potentiellement de systèmes de brouillage et de guerre électronique, sans compter les moyens de défense anti-aérienne déjà évoqués, laissant ainsi présager l’éventuelle création d’une bulle de déni d’accès russe en mer Rouge, ce qui serait problématique pour les fréquents transits de bâtiments militaires occidentaux dans cette région.

Cette implantation russe au Soudan constitue en outre une porte d’entrée de son influence en Afrique, Port Soudan pouvant servir de vitrine pour les actions de coopération militaire russo-africaines. Ainsi, et à condition que la Russie propose son aide au Soudan pour la création de moyens de défense côtiers, il n’est pas exclu que ce modèle fasse des émules dans la région. Les chantiers navals russes sont aptes à proposer des patrouilleurs et vedettes rapides aux clients régionaux pour des prix moins élevés que ses concurrents occidentaux, pouvant ainsi capter, sur les rivages est-africains, une clientèle bien réelle.

Cette nouvelle implantation navale est surtout un signe supplémentaire de l’intérêt renouvelé de la Russie pour l’Afrique. Moscou a en effet multiplié ses investissements en Afrique de l’Est (Mozambique, Zimbabwe et Soudan, notamment via les groupes Rosneft et Rosatom) et a organisé son premier sommet consacré à l’Afrique en octobre 2020. La Russie représente également près de la moitié du total des exportations d’armes vers l’Afrique, notamment vers l’Egypte et le Soudan. L’accélération de l’intervention russe en Centrafrique depuis l’automne 2020, témoigne également des projets russes dans la région. De fait, la Russie voit dans l’Afrique un partenaire clé dans sa vision d’un ordre mondial multipolaire, moins occidental, axé sur les puissances régionales émergentes et pour lequel elle peut « concurrencer une influence chinoise grandissante ». La création de cette base russe au Soudan, plus de 5 ans après celle de Tartous en Méditerranée, constitue donc une nouvelle étape dans les projets russes, préalable à une future présence de la marine russe dans d’autres zones plus proches du golfe Persique ou du canal du Mozambique, deux points de passage stratégiques pour le trafic maritime mondial.

Si la construction d’une base russe à Port Soudan s’envisage sur le temps long, il est toutefois probable que la marine russe profite du dynamisme du rapprochement politique entre Moscou et Khartoum pour augmenter la fréquence de ses déploiements en océan Indien, tant le long des côtes africaines qu’au plus proche du golfe Persique, comme le montre d’ailleurs le dernier exercice sino-russo-iranien en mer d’Oman. La présence régulière, voire permanente à terme, de la marine russe en océan Indien compliquera un peu plus les plans des marines occidentales, déjà gênées par une présence chinoise persistante. Or il y a un "mais" à tout ce qui précède sur l'utilité d'une base russe au Port Soudan. Lequel? le Sudan est déjà tombé de l'Occident qui s'en prennent régulièrement à la junte putschistes et la font chanter comme ils l'entendent. La Russie peut-ellle faire confiance à Khartoum dans une telle condition? Non ....Mais elle le peut face à Ansarallah

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV