L’actuelle administration américaine devrait mettre fin à la politique consistant à tenter d'isoler la République islamique, puisque le monde entier, en particulier les pays de la région cherchent à étendre leurs relations avec l'Iran, d’après Responsible Statecraft.
Qu'un accord nucléaire avec l’Iran soit conclu ou non, Washington doit reconsidérer sa politique envers l'Iran, a écrit le groupe de réflexion américain, Quincy Institute for Responsible Statecraft, dans un article publié, samedi 23 juillet, mettant largement en cause les prétendues affirmations de Biden avant sa visite au Moyen-Orient, selon lesquelles il a ramené les Etats-Unis de la guerre froide et l’Iran dans un état d’isolement.
L’administration Biden, comme ses prédécesseurs, qui depuis les années 1980 ont fait de l'isolement de l'Iran leur stratégie dominante, cherche à faire de même. La campagne de « pression maximale » de l'administration Trump a beau être sévèrement critiquée et qualifiée d’inefficace voire de non constructive, elle n'était pas très différente, en termes de ton et d'intensité, de la politique de Washington envers la République islamique au cours des dernières décennies et il en va de même pour l’administration de Joe Biden.
L’initiative de paix que Biden a proposée au régime sioniste et aux pays arabes de la région conduira à une escalade de tensions et très probablement à une confrontation militaire dans la région, tout comme Trump a accepté lors du sommet de Varsovie sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient en février 2019, l’aggravation des tensions par la mise en œuvre de la politique d’isolement de l’Iran.
Mais cette approche de la Maison Blanche sape l'intérêt émergent de l'Iran pour la désescalade dans la région et la coopération économique, poussant finalement Téhéran davantage vers une politique à laquelle s’opposent d'autres acteurs régionaux. La stratégie de Washington oblige l'Iran à continuer de résister à la pression extérieure, à augmenter ses capacités économiques et militaires et à concentrer son énergie sur l'établissement de relations avec les pays qui n'ont aucun intérêt à participer à la campagne de pression contre la République islamique.
Or, il existe d'innombrables possibilités d'inverser la stratégie infructueuse d'exclure l'Iran. Pour cette raison, de nombreux pays de la région ont tenté d'interagir diplomatiquement avec l'Iran. Les relations diplomatiques entre l'Iran et les Émirats arabes unis, à titre d’exemple, la vitesse croissante des réunions mutuelles entre les responsables iraniens et émiratis ainsi que le possible retour des ambassadeurs des deux pays montre qu'Abou Dhabi a réalisé l'importance d'interaction diplomatique avec l'Iran.
Par ailleurs, les efforts fournis pour normaliser les relations entre l'Arabie saoudite et le régime sioniste n’ont pas apporté les résultats escomptés, d’autant plus que Riyad a engagé un dialogue diplomatique avec l'Iran. Ces changements d'opinions parmi les partenaires des Etats-Unis devraient créer suffisamment d’espace pour que les décideurs politiques à Washington changent d'avis sur l'Iran et révisent les hypothèses selon lesquelles les conflits et les crises dans la région sont inévitables.
Dans ce contexte, l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous le nom de Plan global d'action commun (PGAC) est le point de départ le plus logique pour démêler les relations internationales et régionales de l'Iran et réduire les tensions dans d'autres zones dans la région. Malgré quelques appréhensions initiales concernant le PGAC, tous les pays du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), y compris l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ont maintenant exprimé leur intérêt à relancer l'accord.
En outre, les responsables américains ont récemment laissé entendre lors de réunions à huis clos avec leurs homologues du CCGP et des pays européens qu'ils s'attendent à ce que tous les pays du golfe Persique, y compris Oman, le Qatar et les Émirats arabes unis, rejoignent la campagne contre l'Iran en cas de non aboutissement des négociations sur la relance du PGAC et la levée des sanctions illégales contre l’Iran. Mais aucun des pays du golfe Persique ne recherche de tensions avec l'Iran.
Les allégations de Biden sur l’Iran lors de son interview avec le journal Washington Post, n’ont donc rien à voir avec la région où se situe l’Iran. Biden poursuit la politique d'isolement de l’Iran ainsi que les embargos qui durent depuis plusieurs décennies et qui sont le principal obstacle au développement d'une coopération régionale globale. Bien que Biden soit enclin à relancer l'accord sur le nucléaire iranien, sa politique en Asie occidentale est similaire à celle des autres présidents américains dont Barack Obama. Ce dernier a favorisé la diplomatie avec Téhéran et a même suggéré que l’Iran et l'Arabie saoudite devraient « partager la région », cependant, son administration manquait d'une vision claire de la manière de faire avancer une diplomatie régionale plus large qui inclurait l'Iran.
Les propos interviennent alors qu’au cours des quelques mois qui se sont écoulés depuis le nouveau cycle de négociations sur la levée des sanctions contre l’Iran, les États-Unis, la troïka européenne et leurs organes médiatiques ont tenté d'insinuer que l'Iran est responsable de la lenteur des pourparlers de Vienne et que leur accélération ne dépend que des actions de l'Iran.
Au cours des 19 mois qui se sont écoulés depuis sa présidence, le gouvernement de Joe Biden a perdu du temps avec des discussions telles que « qui devrait revenir au PGAC en premier » et « la nécessité de négocier pour parvenir à un accord plus solide et plus long », sans jamais cesser de faire des reproches à l’Iran alors que pour les experts, la rapidité des négociations de Vienne ne peut être considérée comme dépendante des actions d'une seule partie, mais que toutes les deux doivent faire preuve de volonté de faire bouger les choses.